Maire de Colmar, député, vice-président du Conseil général et conseiller régional, (C) (★ Colmar 10.9.1899 † Colmar 26.7.1990).
Fils de Joseph Rey (★ Colmar 21.7.1872 † tué au front de Champagne, 29.9.1918), tisserand à Colmar, et de Philomène Marie Kraemer (★ Rouen, Seine-Maritime, 20.12.1872 † Colmar 13.3.1921). ∞ 3.7.1926 à Colmar Louise Mathilde Iselé (★ Colmar 22.12.1899 † Colmar 5.5.1977), fille de Henri Iselé, employé municipal à Colmar, et de Louise Mathilde Burgelé. Études primaires, puis apprenti-comptable à Colmar. Mobilisé dans l’armée allemande le 1er novembre 1917 au 10 novembre 1918 ; période dans l’armée française du 10 février au 15 mai 1920. D’abord employé à l’administration du journal Elsaesser Kurier en 1920, il entra en 1925 comme comptable au service de la savonnerie Thomas à Colmar, entreprise dont il devint le gérant après le décès du patron. Par ailleurs, ayant suivi des cours de musique dans sa jeunesse, il était bon violoniste et devint directeur de l’harmonie « la Saint-Martin » de Colmar dès 1922. Les épreuves de l’occupation allemande allaient décider de sa voie. Accusé d’avoir aidé des prisonniers français évadés, il fut arrêté par la Gestapo le 1er avril 1942. Condamné à la détention par le Volksgericht de Strasbourg, il fut interné successivement au camp de Schirmeck, à la prison de Kehl et enfin à celle de Fribourg-en-Brisgau. C’est là qu’il se lia d’amitié avec des prisonniers politiques allemands, retrouvés plus tard à des postes de responsabilité dans la vie publique d’Outre-Rhin. Libéré le 25 avril 1945 par l’avancée des troupes de la 1re Armée française, Rey fut nommé membre du Comité départemental de la Libération. Le 23 septembre 1945 il fut élu au Conseil municipal de Colmar. Rey adhéra au MRP qui correspondait à son idéal de démocratie chrétienne. Reconduit dans son siège lors des élections municipales de 1947, il fut élu par ses collègues comme maire de Colmar le 25 octobre, puis régulièrement réélu à ce poste jusqu’en 1977. Ayant fait part le 14 septembre de cette année de son intention de se retirer, il recommanda chaudement à ses collègues son adjoint Edmond Gerrer, qui lui succéda le 2 décembre 1977. Rey fut alors nommé maire honoraire, restant toutefois membre du conseil municipal jusqu’en 1983. Il avait par ailleurs présidé durant de nombreuses années l’Association des maires du Haut-Rhin. Sa longévité au Conseil général fut comparable: élu conseiller général le 23 septembre 1945 au titre du canton de Colmar sud, il obtint en 1953 le fauteuil de premier vice-président de l’Assemblée départementale et fut reconduit dans ce poste jusqu’en 1982. Ne s’étant pas représenté, il fut alors nommé vice-président d’honneur de l’Assemblée. Au titre de cette dernière, Rey siégea aussi au Conseil régional d’Alsace depuis la première séance de l’établissement public régional en décembre 1973, et jusqu’à son retrait en décembre 1983. Il fut député MRP du Haut-Rhin du 2 janvier 1956 au 23 novembre 1958. Dans son action municipale, qui s’étendit sur 30 ans, Rey porta tout d’abord, avec l’aide de son équipe, l’effort sur l’urbanisme par la création de nouveaux lotissements à l’ouest de la ville notamment, la rénovation et la sauvegarde grâce à la loi Malraux, des anciens quartiers du centre. Ces opérations exemplaires conduites avec l’aide d’organismes semi publics dont Rey était président, entre autres l’office public d’HLM de la Ville de Colmar, la Société immobilière de construction de Colmar (SICCE), permirent à la population colmarienne de passer de 47 000 à 67 000 habitants. La réalisation d’équipements indispensables à cet accroissement concerna prioritairement le domaine scolaire: une douzaine d’écoles maternelles, cinq groupes scolaires primaires, deux CES, une cité technique et l’implantation d’un IUT. Parallèlement furent construits par la municipalité cinq stades sportifs, le stade nautique, sur le plan social furent édifiés, crèches, haltes garderies, la cité de l’enfance et une résidence pour personnes âgées. Dans le domaine de la culture et des loisirs s’ouvrirent l’atelier lyrique de l’Opéra du Rhin, la Bibliothèque des jeunes, le centre socio-culturel Europe ainsi que le nouveau parc des expositions. Rey œuvra également pour la reconversion économique de la ville à la suite de la crise du textile en implantant et développant la zone industrielle et commerciale nord de 1958 à 1976, dont l’entreprise Timken fut dès le début le fer de lance. Au côté de la Chambre de commerce et d’industrie il joua un rôle décisif dans la création du port rhénan de Colmar-Neuf-Brisach et dans le développement de l’aérodrome Colmar-Houssen. Dès la fin du conflit mondial Rey fut un partisan très actif de l’unification européenne. Ayant participé activement à la création de la structure pionnière de la Communauté économique des régions frontalières européennes, il organisa aussi des rencontres régulières entre les maires des régions de Colmar et de Fribourg, créa et présida la Communauté d’intérêt Moyenne Alsace-Brisgau (CIMAB) ainsi que l’association touristique franco-allemande de la Route Verte, et multiplia les relations avec la « Regio Basiliensis ». Il présida en 1962 au jumelage entre Colmar et les villes de Lucques (Italie), Schongau (RFA) et Sint Niklaas (Belgique). Rey apporta une attention particulière au développement du tourisme dans la ville et la région, dont il présida des organismes municipaux, départementaux et régionaux. À ce titre il apporta une aide efficace à la mise en place de la Foire régionale des vins d’Alsace. Rey était titulaire de nombreuses décorations et distinctions françaises et étrangères: officier de la Légion d’honneur, commandeur de l’ordre national du Mérite, médaille de la Résistance, croix de Guerre 1939-1945 avec palme, chevalier du Mérite agricole, Palmes académiques, médaille d’honneur départementale et communale en or et, parmi les décorations étrangères : grand’croix de l’ordre du Mérite de la république fédérale allemande, chevalier de l’ordre du Mérite de la république italienne. En 1984, Rey l’Européen fut lauréat du Prix Wolfgang Amadeus Mozart de la Fondation Goethe de Bâle; en 1987, Rey l’Alsacien obtint le Grand Bretzel d’Or de l’Institut des arts et traditions populaires d’Alsace.
Archives municipales de Colmar, dossier biographique, nombreux articles de presse (anniversaires, nécrologies) ; « Joseph Rey, maire depuis 30 ans », supplément au journal L’Alsace d’octobre 1977 ; « Hommage à M. Joseph Rey, maire depuis trente ans », supplément aux Dernières Nouvelles d’Alsace de novembre 1977 ; « Joseph Rey 1947-1977, une vie au service de la cité », n° spécial du Point colmarien, n° 23, novembre 1977 ; J.-M. Schmitt, « Joseph Rey (1899-1990 »), Le Point colmarien, n° 94, sept.-oct. 1990.
Jean-Marie Schmitt (1998)