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REICH de REICHENSTEIN

Famille noble de Bâle, du Jura alsacien et du sud de la Forêt-Noire. Issue de la ministérialité de l’évêque de Bâle (Reich, en latin Divis étant un sobriquet se rapportant à la richesse du lignage), elle acquiert une position éminente au cours du XIVe siècle et se maintient jusqu’à la fin de l’Ancien Régime, en s’appuyant sur un patrimoine principalement composé de fiefs autrichiens ou bâlois, notamment dans la vallée de Leymen ou aux abords du bailliage de Ferrette (Landskron, Bouxwiller, Biederthal). Le château éponyme de Reichenstein est, en réalité, celui de l’Obere Birseck, dans la vallée de la Birsig reçu en fief de l’évêque au milieu du XIIIe siècle. À la fin du Moyen Âge ou au début des temps modernes, son implication de la famille dans les pays antérieurs des Habsbourg lui donne une importance particulière. Ramifiée entre deux branches, celle de Brombach (Bade) où se trouvait l’ancien château tenu à titre de fief oblat de l’évêque de Bâle, et celle de Biederthal, la famille se fixa définitivement dans ses domaines alsaciens après la destruction de son Stammsitz badois par les français en 1678. Seule existante actuellement, la branche de Brombach fut illustrée par Joseph Ignace, capitaine au régiment d’Alsace tué probablement dans les Flandres en 1696. Il fut l’époux de Marie Jeanne Françoise, dernière de la lignée des Ramstein. François Joseph, est le créateur d’une usine d’indiennes à Wesserling avec son cousin, le baron Sébastien Zu Rhein. En 1787 il fut député de la noblesse pour le district de Belfort-Huningue. Il est l’auteur d’un mémoire pour l’exploitation et la conservation des forêts. L’un de ses fils, Conrad Joseph Sigismond Charles, baptisé à Leymen le 9.6.1749, fut officier au régiment suisse d’Eptingen, Schoenau et Reinach. Il fit les campagnes de Corse mais refusa de prêter le serment constitutionnel. Il fut chargé par le comte d’Artois de rallier le régiment à l’armée des Princes. Chevalier de l’ordre teutonique, il fut le dernier commandeur de l’ordre sur l’Ile de Mainau (Lac de Constance) où il décéda le 30 août 1819. Frédéric, son neveu, fut maire de Biederthal sous le premier Empire. Il eut pour épouses deux sœurs de la famille des Magnier, famille qui occupa des fonctions élevées dans l’administration des douanes et les magistratures civiles et électives. La branche de Biederthal produisit Hannibal qui, au plus fort de la guerre de Trente Ans, se chargea de la défense du Landskron. Le duc Bernard de Saxe-Weimar, lors de son offensive victorieuse du printemps 1638, exigea de Hannibal le reddition du château. Ce dernier refusa et, avec la garnison autrichienne du Landskron, continua à harceler les arrières suédois. Lors de la reddition de Brisach le Landskron fut compris dans la capitulation, mais les envoyés du duc se heurtèrent à une fin de non-recevoir. Celui-ci menaça de faire détruire la forteresse par son artillerie et finalement Hannibal rendit le château à l’ennemi le 9 janvier 1639. Pendant cette difficile période, sa sœur Marie-Ève préféra renoncer à sa prébende de chanoinesse pour se consacrer à soulager les misères du temps au sein de Petites sœurs du Tiers ordre de Saint-François. Elle fut prieure au couvent des franciscaines de la Sainte-Trinité à Ensisheim. De la branche d’Inzlingen est issue Marie-Ursule, princesse- abbesse d’Andlau. Élue en 1610, elle fut contrainte à l’exil à Soleure jusqu’à sa mort le 16 avril 1637. Plus tard nous trouvons Paul-Nicolas, grand chambellan héréditaire de l’évêque de Bâle, seigneur d’Inzlingen, Leymen et Buschwiller. Après des études de juriste à l’Université de Fribourg-en-Brisgau, il devint grand maréchal de l’évêque de Constance. Envoyé à Augsbourg par le prélat, il fut remarqué par l’empereur qui se l’attacha. En 1720 il fut élevé à la dignité comtale. Ministre, ambassadeur et commissaire impérial en Suisse, il intervint en 1730 contre le prince évêque Jean Conrad de Reinach-Hirtzbach qui voulait réformer ses états. Le comte prit le parti du peuple contre le prince-évêque. Pour éviter des difficultés dans cette principauté d’Empire convoitée par la France, l’empereur déchargea le comte de sa mission sans lui enlever sa confiance. Ainé de la famille de 1707 à 1744, il rendit cependant l’hommage au roi de France pour les fiefs que la famille tenait dans le Sundgau. C’est grâce à lui que les Reich de Reichenstein obtinrent en 1733 une première indemnisation pour les expropriations dues aux travaux de Vauban autour du Landskron. À son décès la branche d’Inzlingen fut relevée par François Ignace Fridolin, grand bailli de l’évêque à Schliengen, puis à Zwingen, issue la branche alsacienne des Leyhouse. Son père Jean-Jacques Nicolas avait épousé Marie Hélène, la dernière des Ferrette-Zillisheim, sœur du moine Bernard de Murbach. De cette ligne est également issue Anne Marie Euphrosine, élue abbesse du chapitre noble de Masevaux le 20 mars 1703, après avoir été longtemps coadjutrice. Cette branche donna au chapitre noble de Murbach, Antoine Conrad Rodolphe, baptisé à Leymen le 13 juillet 1685, moine sous le nom frère Placide. Jean Conrad Philippe Rodolphe, baptisé le 5 janvier 1709 à Leymen, fut moine sous le nom de frère Projet, puis chanoine du chapitre de Murbach, ainsi que Jean Jacques Antoine, baptisé le 30 septembre 1710, moine sous le nom d’Amarin. Charles Borromée Jean Nepomucène, (? Porrentruy 23.10.1757), était grand doyen du chapitre de Murbach lors des événements révolutionnaires de 1789. Il était resté au couvent lorsqu’il fut pris à parti par les émeutiers et contraint de livrer le couvent au pillage des insurgés. Son frère Conrad Frédéric Xavier Jean Nepomucène fut capitaine au régiment suisse d’Eptingen de Schoenau et de Reinach. Il fit la campagne de Corse où il se distingua par des états de services. Décoré de la croix de Saint-Louis, il refusa de prêter comme officier d’un régiment suisse le serment constitutionnel, quitta le régiment et rallia l’armée des princes.

Archives départementales du Haut-Rhin, travail inédit de F.-M. Adam, 2 vol.; J. Kindler von Knobloch, Oberbadisches Geschlechterbuch. t. III, Heidelberg, 1919, p. 386-389 ; W. Merz, Die Burgen des Sisgaus, 4 vol, Aarau, 1909-1914; W. Merz, Oberrheinische Stammtafeln, Aarau, 1912.

François Michèle Adam et Marie-Fidèle Reich de Reichenstein (1997)