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REECH Frédéric

Ingénieur de la Marine militaire, inventeur, (Pl) ( Lampertsloch 9.9.1805 † Lorient, Morbihan, 6.5.1884, inhumé à Lampertsloch après 1920).

Fils de Georges Henri Reech, propriétaire cultivateur, et de Catherine Élisabeth Bauer. ∞ 1837 à Lorient Marie Buret. Admis en 1823 à l’École polytechnique de Paris, puis en 1825 à l’École spéciale du Génie maritime de Brest, où il se révéla un excellent élève dans la théorie de l’architecture navale. Promu sous-ingénieur de 2e classe le 29 novembre 1829. Dès 1831, il fut professeur à l’École du Génie maritime, dont il fut le directeur de 1835 à 1870 à Lorient et après le transfert de l’école à Paris. Vers 1830, ses inventions permirent d’améliorer l’équipement technique des ports de Brest et de Lorient, par exemple un banc d’épreuve de chaînes, une presse hydraulique, une machine à tresser les drisses de pavillon, toutes encore en service au début de notre siècle. En 1831, Reech imagina la méthode du modèle réduit: pour juger d’avance des qualités nautiques d’un navire en projet, Reech montra qu’il suffisait de construire un modèle à petite échelle, mais exactement semblable au navire en question. En appliquant alors les formules trouvées par Reech, spécialement son théorème de similitude, aux mesures faites sur le modèle dans son bassin d’épreuve, on peut conclure à la tenue en mer du navire projeté. Reech ne considéra sa méthode qu’au point de vue théorique. Près de quatre décennies plus tard, vers 1870, l’ingénieur anglais W. Fraude la retrouva et réussit à la transposer dans la pratique, de sorte que c’est sous son nom qu’elle est généralement connue. Mais c’est à Reech qu’il faut attribuer l’idée première de ce procédé devenu indispensable pour l’hydro-dynamique et l’aérodynamique modernes. De 1840 à 1844, Reech s’occupa du perfectionnement technique de la machine à vapeur à bord des bâtiments. L’application en fut faite sur le Brandon en 1847. Les progrès qui en résultèrent furent tels qu’ils donnèrent à la Marine française, pendant un certain temps, une supériorité mondiale par la puissance des machines motrices de ses navires. La thermodynamique fut un domaine central de l’activité scientifique de Reech. Dans son mémoire de 1853, Théorie générale des effets dynamiques de la chaleur, apparaissent pour la première fois les notions d’entropie et de potentiels thermodynamiques. Le mémoire passa inaperçu et c’est à d’autres qu’on prêta l’introduction de ces concepts essentiels de la physique. Ainsi, l’idée de l’entropie est attribuée à l’ingénieur allemand R. Clausius, mais celui-ci ne l’a publiée qu’après Reech, en 1854. cette idée joue aujourd’hui un grand rôle en informatique, l’information qu’on a d’un système organisé étant mesuré par l’entropie à signe négatif de ce système. Quant aux potentiels thermodynamiques, ce sont des expressions mathématiques, que Reech forma à l’aide de son entropie et qui caractérisent la façon condensée les différents états physiques d’un corps. On attribue leur découverte généralement aux physiciens Massieu, Gibbs et Helmholtz, mais ceux-ci ne les ont trouvés que deux ou trois décenies après Reech. Auteur de nombreux traités scientifiques, cours, mémoires et publications diverses, notamment sur l’utilisation de la vapeur et l’architecture navale, résultats de ses recherches en avance pour son époque. En 1864, obtint le grand prix de mathématiques de l’Académie des Sciences dont il fut élu membre. Admis à la retraite le 1er octobre 1870. Du fait de l’invasion allemande de la France, se retira à Paris, puis à Lorient. Conformément à son vœu, il fut inhumé à Lampertsloch, après la libération de sa terre natale en 1919. Sa maison natale à colombage existe toujours au centre du village. Chevalier (1838), puis commandeur (1er décembre 1855) de la Légion d’honneur. Commandeur de l’ordre d’Isabelle la Catholique. Chevalier de l’ordre de Charles III. Officier de l’ordre de Léopold de Belgique.

Archives du Service historique de la Marine, Vincennes ; Annales maritimes et coloniales, juillet 1837 ; Y. Bonnel, Frédéric Reech,un savant alsacien (1805-1884), mars 1985 (brochure) ; Bulletin de l’Association d’histoire et d’archéologie de Sarre-Union, 1991.

Marguerite Haeusser et Yves Bonnel (1997)