Photographe (★ Strasbourg 6.12.1901 † Strasbourg 26.6.1994).
Fille de Rodolphe Rau, ingénieur frigoriste suisse, directeur des entreprises Quiri de Strasbourg jusqu’en 1948, et d’Eugénie May, de Strasbourg. Si elle n’eut aucun enseignement artistique académique, elle forma sa sensibilité lors de ses nombreux voyages et grâce à son entourage proche. Elle pratiqua aussi la peinture, activité qui fut éclipsée par ses recherches photographiques vers 1925. Elle devint le premier membre féminin du photo-club de Strasbourg, bientôt suivie d’une autre femme, Yvonne Beltz. En 1931, elle a eu l’occasion d’exposer à Strasbourg des paysages d’Alsace du Nord. À partir de cette date, il n’y eut pas une année où elle n’envoie ses œuvres dans les divers salons internationaux de photographie: de Paris à Lubjana, en passant par Bruxelles, Los Angeles, Vienne, Lucerne ou la Nouvelle-Zélande, et ceci pendant au moins dix ans. Son art ne s’inscrit pas dans un courant défini de la photographie des années trente. Il subit l’influence pictorialiste, encore en vogue à cette époque et perpétuée dans les photo-clubs; mais J. Rau orienta aussi sa pratique vers la photographie moderne, dont la Nouvelle objectivité est l’un des courants. Les thèmes qu’elle aborda, essentiellement des paysages, des natures mortes, des portraits et des nus témoignent d’une recherche autour de la lumière, seul acteur de la composition de ses images. Si ses paysages sont encore très naturalistes, on trouve dans la composition et l’éclairage de certains de ses portraits et de ses nus des aspects très modernes. Dans les salons internationaux auxquels elle participe, ses images sont confrontées à celles des plus grands acteurs des multiples courants photographiques de l’entre-deux-guerres. J. Rau arrêta toute activité photographique dans les années cinquante. Son œuvre retrouva le chemin des cimaises, à partir de 1989, à l’occasion de la célébration du 150e anniversaire de la naissance officielle de la photographie. Elle fut exposée à la galerie Oberlin à Strasbourg. En 1991, l’association Lucigraphie organisa une rétrospective à la Société française de photographie. Enfin, l’intégralité de ses photographies entra au Musée d’Art moderne et contemporain de la Ville de Strasbourg en 1993.
S. Morand, Jacqueline Rau, Photographies, Strasbourg, 1991; B. Herbage, Les Glacières de Strasbourg, Strasbourg, 1992.
Élisabeth Hering (1997)