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RAU Charles Frédéric

Juriste, (PI) (★ Bouxwiller 15 thermidor an XI (5.8.1803) † Paris 10.4.1877).

Fils de Paul Louis Rau, secrétaire de la commission administrative de l’hôpital, et de Charlotte Küss. ∞ 16.5.1840 à Strasbourg Louise Laure Liebold. Après des études à la faculté de Droit de Strasbourg il obtint la licence en 1823 et fut reçu docteur le9 décembre 1826. D’abord précepteur dans la famille de l’ancien intendant militaire, le baron Mathieu de Faviers ©, au château de Kintzheim, il s’inscrivit bientôt comme avocat à Strasbourg et désormais sa carrière se partagea entre le barreau, les tribunaux, la politique, l’administration de l’Église luthérienne et l’enseignement du droit. Le 7 novembre 1850 il avait été nommé membre laïque du directoire du Consistoire général de l’Église de la Confession d’Augsbourg et, plus tard, il devint commissaire du gouvernement auprès de cette même institution. Il exerça les fonctions de juge au tribunal de Strasbourg où il avait été nommé en 1832 et en 1870. Son ami Aubry l’y ayant rejoint après la défaite, le rôle de
ces deux Alsaciens à la Cour de cassation fut déterminant pour l’orientation de la jurisprudence française. En 1848, il présida avec Aubry le « comité constitutionnel de la ville de Metz » (conservateur). À la fin de l’année, il fut membre du Comité des Amis de la constitution (parti de l’ordre). Il adhéra au coup d’État du 2 décembre 1851. Conseiller municipal, il rédigea en 1853 un rapport qui aboutit au refus des projets de grands travaux du maire Coulaux ©, puis à la dissolution du conseil municipal. Mais c’est avant tout à ses qualités d’enseignant et de savant jurisconsulte que Rau doit sa célébrité. A la faculté de Droit il fut nommé professeur suppléant provisoire (6 mars 1833), suppléant en 1834 et enfin professeur titulaire le 14 juillet 1841. Durant ces années d’enseignement, il avait entrepris, avec son collègue Charles Marie Aubry ©, de traduire, en 1838, le Cours de droit civil français du juriste allemand Salomon Zachariae. Ce dernier avait publié à Heidelberg, les provinces rhénanes étant réglées par le Code civil français que Napoléon y avait introduit, un cours qui avait la particularité de ne pas suivre le plan du Code civil, mais celui, plus rationnel, mis au point au cours des siècles, par les « pandectistes » allemands pour l’exposé des règles du droit romain alors « droit commun » des pays allemands. cette manière synthétique de présenter la matière du Code était alors fort en honneur à Strasbourg où les principaux professeurs avaient été formés à cette méthode scientifique sous l’Ancien Régime, mais constituait une grande nouveauté dans le reste de la France où elle eut aussitôt un immense succès. La nomination de Rau à la Cour de cassation avait coïncidé avec la guerre. Son ami Aubry l’y ayant rejoint après la défaite, le rôle de ces deux alsaciens à la Cour de cassation fut déterminant pour l’orientation de la jurisprudence française. Pour l’essentiel la méthode d’Aubry et Rau s’est perpétuée jusqu’à nos jours, leur Cours de droit civil français est en effet constamment réédité.

Michaux-Bellaire, Revue générale de droit, 1877; J. Flach, Nouvelle revue historique de droit français et étranger, 1877 ; E. Lecourtois, La France judiciaire, 1877 ; J. Bonnecase, La Faculté de Droit de Strasbourg (an XII-1871), Toulouse, 1916, p. 195 et s. ; A.B. Schwarz, « Einfluss deutscher Zivilistik im Ausland », Rechtsgeschichte und Gegenwart, 1960, p. 40 et s. ; F. Igersheim, Politique et administration… (1848-1870), Strasbourg, 1993 (index).

 † Marcel Thomann (1997)