Instituteur-organiste et compositeur (C) (★ Sainte-Marie-aux-Mines 25.10.1823 † Strasbourg 22.8.1869).
Fils de François Louis Querm, organiste, et d’Anne Françoise Philippine Mangeon. Probablement issu d’une dynastie de musiciens (outre son père, plusieurs organistes portant ce patronyme très rare sont répertoriés dans le grand Est de la France), Adolphe Querm fut l’un des organistes-compositeurs alsaciens les plus remarquables du XIXe siècle. On ne sait rien de sa formation qui lui a sans doute été donnée par son père. Avant de venir s’installer à Strasbourg, il fut instituteur et organiste à Sainte-Marie-aux-Mines. En 1863, il fut nommé professeur de musique à l’École normale de Strasbourg et, la même année, organiste à Sainte-Madeleine. Peu après, il devint également le directeur de l’Union musicale. Querm composa de nombreuses pièces d’orgue imprégnées de l’esthétique de Mendelssohn, dont la musique était alors particulièrement appréciée en Alsace. La qualité de ses compositions, parfaitement adaptées à la facture d’orgues alsacienne de cette époque (surtout Stiehr et Rinckenbach) et publiées pour la plupart par Romary Grosjean à Saint-Dié, le place d’emblée aux côtés de ses collègues organistes et compositeurs « professionnels » Théophile Stern © ou Joseph Wackenthaler ©, plus connus.
Avec Louis Feltz ©, Querm fut sans doute le meilleur représentant de la figure caractéristique de l’instituteur-organiste du XIXe siècle, qui pouvait atteindre un niveau d’excellence exceptionnel. Sa réputation était telle qu’il fit de la tribune de Sainte-Madeleine un objet de convoitise pour tous ses collègues : à sa mort, pas moins de 20 candidats se présentèrent pour sa succession et Théodore Thurner © fut élu.
D’une virtuosité plus contenue que celles de Stern, les grandes pièces de Querm se distinguent par un sens supérieur de la forme. Querm fut également l’auteur de pages pour le piano, publiées à Paris (La Fête au village, op. 9, Polonaise brillante, op. 10 [1859], etc.) et de nombreuses compositions vocales religieuses, dont un volume intitulé Messe et motets divers, avec accompagnement d’orgue, composés pour l’usage de l’église de la Madeleine, de Strasbourg, également publié à Saint-Dié. Une Messe à 3 voix fut primée au concours organisé par le journal parisien La chronique musicale en décembre 1868. Elle fut exécutée à Sainte-Madeleine en 1870, avec le concours du virtuose Striedberg au violon et celui de la sœur du compositeur à l’orgue, pour financer l’érection d’une stèle à sa mémoire.
Le Ménestrel, 1868-1869, p. 312; A. Oberdoerffer, Nouvel aperçu historique sur l’état de la musique en Alsace en général et à Strasbourg en particulier (de 1840 à 1913), Strasbourg, 1914; Fr.-X. Mathias, « Das liturgische Musikwesen an der Strassburger St. Magdalenenkirche », dans : Eugène Speich, St. Magdalena Strassburg, Strasbourg, 1937 ; P. Guillot, Dictionnaire des organistes français des XIXe et XXe siècles, Mardaga, 2003 ; Six pièces de Querm ont été rééditées dans le Livre d’orgue alsacien publié en 2 volumes par les éditions Musica Rinata, Ditzingen (RFA), 2001-2002 ; Quatre de ces pièces ont été enregistrées par J.-L. Gester à l’orgue Stiehr de Barr (CD L’orgue Stiehr de Barr, Musica Rinata, 2002), une autre par Y. Merlin à l’orgue Koenig de Saint-Pierre-le-Jeune catholique Strasbourg (L’orgue alsacien des XIXe et XXe siècles, Ktesibios 043, 2005).
Jean-Luc Gester (2006)