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OCHSENSTEIN, sires d’

Il y aurait une thèse à écrire sur les Ochsenstein, la plus importante famille baroniale d’Alsace après —bien après— les Lichtenberg © et les Rappoltstein/Ribeaupierre ©. F. Battenberg vient de la rendre plus facile (et de manifester l’insuffisance de l’étude de Lehmann) en analysant en détail leurs archives, incorporées en 1570 à celles des Hanau-Lichtenberg. La présente notice n’a pu exploiter son inventaire, car son index n’a pas encore paru. Elle est donc éminemment provisoire, sauf pour les origines. La numérotation des Otto qui se succèdent de père en fils sera peut-être à réviser, mais me paraît mieux fondée que celles de Lehmann et de Schwennicke. Les Ochsenstein sont une branche des Geroldseck am Wasichen ©. Burkhard von Ochsenstein (Monumenta Germaniae Historica DD X/4 n°967: 1187) est Burkhard von Geroldseck, cité de 1170 à 1191. Otto I von Ochsenstein, cité depuis 1186 (Archives départementales de la Meurthe-et-Moselle H 544), est son frère, attesté depuis 1163 (Archives départementales du Bas-RhinH 558), et encore appelé Otto von Geroldseck en 1188 (Regesten der Bischöfe von Strassburg, I, p.643; cf. Mittelrhein. Urkundenbuch III n°259, p.268-69, et E. Herr, Sindelsberg, p.112). Aussi bien la seigneurie d’Ochsenstein s’est-elle, comme celle de Geroldseck, formée aux dépens de la marche de Marmoutier, dont elle forme la partie sud. Parmi les avoueries des Geroldseck, celles de Haslach (Archives départementales du Bas-Rhin G 3690/1 f° 16v; Alsatia Diplomatica II 155) et de Saint-Étienne de Strasbourg (Regesten der Bischöfe von Strassburg, II, 1463) sont plus tard aux Ochsenstein tandis que celle de Surbourg est commune aux deux lignages en 1255 (Archives départementales du Haut-Rhin E 835 p.71). Ceux-ci ont aussi, encore après deux partages (Zeitschrift für die Geschichte des Oberrheins, 15, 1863, p.392; 1265), des fiefs actifs en commun, notamment Wangen (Archives départementales du Bas-Rhin H 2711/1), Scharrach (Bulletin de la Société pour la conservation des monuments historiques d’Alsace, 17, 1895, p.74) et Scharrachbergheim (Stadt Archiv Darmstadt, D 21B 4/14 f° 278r). Il est donc indubitable que les deux familles n’en faisaient qu’une à l’origine; d’ailleurs les prénoms des Ochsenstein aux premières générations (Otto, Conrad, Berthold) sont ceux qui dominent alors chez les Geroldseck. En 1217, Otto I partage sa seigneurie entre ses fils Otto II, Eberhard et Conrad (Zeitschrift für die Geschichte des Oberrheins, 14, 1862, p.190). Ce dernier reçoit Greifenstein (héritage de sa mère Agnes?), mais ce château passe avant 1241 à son frère Eberhard, qui fonde la seconde famille de Greifenstein ©. Deux autres fils d’Otto I sont chanoines de Strasbourg: Heinrich, archidiacre depuis 1225, † v.1260-1265, et Berthold, portier (1193), camérier (1208), puis doyen (1219-1263) et enfin trésorier (1263-1264), et par ailleurs prévôt de Honau depuis 1208 (Archives de l’Église d’Alsace, 34, 1970, p.9). Leur sœur Adelheid († av.1241) est mariée à Bernand von Scharrach, ministériel d’Erstein et vassal des Ochsenstein (Regesten der Bischöfe von Strassburg, II, p.932; Zeitschrift für die Geschichte des Oberrheins 15, 1863, p.153). Otto II, cité de 1198 à 1241, est le père de Berthold (chanoine de Strasbourg, trésorier en 1251, doyen en 1263 par permutation avec son oncle), de Conrad (1255-1299) et d’Otto III (1255-1291), ∞ (v.1243?) une sœur du futur roi Rudolf von Habsburg (Regesta Habsburgica I 178). C’est ce mariage qui détermine l’ascension des Ochsenstein.

1. Otto IV
Fils d’Otto III. Cité depuis 1274 (Archives départementales du Bas-Rhin G 5656 p.1), ∞ 1279 Kunegund von Lichtenberg (Regesten der Bischöfe von Strassburg, II, p.2046). Le roi son oncle le nomme en 1280 Landvogt en Alsace et Brisgau (Monumenta Germaniae Historica, Constit. III n°264). C’est en cette qualité qu’il prend Wegelnburg en 1282 (Monumenta Germaniae Historica, SS 17, p.103). Allié à l’évêque Conrad von Lichtenberg, il combat le duc de Lorraine en 1284-1286, ce qui l’amène à détruire son propre château de[Mittel-] Ochsenstein, occupé par les Vögte von Wasselnheim, fidèles du duc (Regesten der Bischöfe von Strassburg, II, p.2158), mais lui fait obtenir en fief épiscopal le château et la ville de Reichshoffen, auxquels le duc doit renoncer en 1286 (Regesten der Bischöfe von Strassburg, II, p.2173-78); le roi lui accorde aussitôt pour cette ville des franchises et un marché (Alsatia Diplomitica, II, p.36). Il lui donne par ailleurs en gage Hochfelden en 1278 (Zeitschrift für die Geschichte des Oberrheins 11, 1860, p.291), et en 1287 Marlenheim, Kirchheim, Nordheim, Romanswiller, Cosswiller (Regesta Imperii VI/12097-98) et Barr (Fr. Hecker, Herrschaft Barr, 1914, p.20). Il lui donne aussi en fief Loewenstein en 1282 (Zeitschrift für die Geschichte des Oberrheins 11, 1860, p.296), Landeck et sa seigneurie en 1290 (Alsatia Diplomitica, II, p.43), et sans doute Meistersel (J.G. Lehmann, Pfälzische Burgen, II, p.234). La seigneurie d’Ochsenstein, qui jusqu’alors ne débordait guère de l’Arrière-Kochersberg et de la vallée de la Mossig, s’en trouve considérablement accrue; en particulier, elle prend pied dans les Vosges du Nord et le Palatinat. À la mort du roi Rudolf, Otto suit une politique difficile à apprécier en l’état des sources. Maintenu en fonctions en Alsace par le roi Adolf, il lui donne des gages en lui livrant Ortenberg, qu’il détenait sans doute en tant qu’administrateur (depuis 1290?) des biens patrimoniaux des Habsburg en Alsace; forcé de leur restituer ce château en mars 1293 (Zeitschrift für die Geschichte des Oberrheins 11, 1860, p.433), il en fait le siège à grands frais à partir de juin (Monumenta Germaniae Historica, SS 17, p.220). Mais en même temps, il gère toujours les biens d’Albrecht von Habsburg dans ce qui sera l’Autriche antérieure (Zeitschrift für die Geschichte des Oberrheins 50, 1896, p.316: fin 1292)! Lorsqu’Adolf le démet (juin 1294), il passe entièrement dans le camp du duc Albrecht. Il porte la bannière de ce dernier à la bataille décisive de Göllheim (2 juillet 1298), et y meurt d’insolation (Monumenta Germaniae Historica, Scriptores n.s. 4, p.334). Sa sœur Adelheid, veuve de Berthold von Strassberg, est remariée au margrave de Bade Rudolf par le roi en 1285 (Zeitschrift für die Geschichte des Oberrheins 41, 1887, p.498). Son frère Johann, chanoine de Strasbourg depuis 1265, † ap.1329, est un des quatre candidats à l’évêché de Strasbourg en 1305, mais ne peut l’obtenir, malgré l’appui du roi (Monumenta Germaniae Historica, SS n.s. 4, 341, p.552). Sur sa carrière cf. Archives de l’Église d’Alsace, 34, 1970, p.16.

2.Otto V
Fils de 1, ∞ 1298 Herzlaude de Ferrette (Regesten der Bischöfe von Strassburg, II, p.2459). Il est Landvogt en Ortenau pendant tout le règne d’Albrecht (1298-1308), puis Landvogt en Alsace et en Speyerg au pour Frédéric le Beau de 1315 à 1322. Il le redevient en 1326, et après sa mort (19 octobre 1327: B. Hertzog, Edelsasser Chronik, 1592, III, p.48), son frère Rudolf et ses fils Johann et Ottemann, qui suivent, lui succèdent collectivement (Becker, 30-33).

3.Rudolf
Frère de 2. († 7.2.1358), chanoine de Strasbourg, archidiacre depuis 1313, cellérier depuis 1337, curé de Saint-Georges de Haguenau depuis 1329.
Archives de l’Église d’Alsace, 34, 1970, p.21; Études haguenoviennes, NS 9.1983, p.22-25.

4.Otto VI (Ottemann)
Fils de 2, († 1377-1378). Attesté depuis 1312 (Archives départementales du Haut-Rhin 2E 165) avec son frère Johann († ap.1344), ∞ d’après une source tardive (Archives départementales du Bas-Rhin H1066) Élisabeth de Hesse († 28.5.1339). C’est de son temps que les Ochsenstein (lui-même agit rarement seul) acquièrent Niederbronn (1331) et Oberbronn (1352), rachètent le château de Barraux Wepfermann, leurs vassaux (1353-1377), et participent à la destruction de Seltz (1357). C’est à la même époque qu’on voit apparaître un embryon d’administration seigneuriale (des baillis sont cités en 1352, après une mention isolée en 1320; un livre de fiefs a dû être dressé en 1374, mais il est perdu), que la seigneurie entre pleinement dans l’économie monétaire —les Ochsenstein achètent et vendent des châteaux, des villages, des rentes— et qu’ils pénètrent dans la sphère d’influence des Palatins: en 1366, Otto se place sous la protection de l’électeur Ruprecht l’Aîné et lui ouvre Meistersel et Landeck (Regesten Pfalzgrafen I, 3663). Il est le père d’Adelheid (∞ av.1378 Rudolf Pfalzgraf von Tübingen; † ap.1385), d’Ottemann, Rudolf et Johann, qui suivent.

5. Otto VII et Rudolf
Otto VII (alias Ottemann le jeune; ∞ 1349 Anastasia von Kyburg: Th. Walter, Urkundenbuch des Stadt. Rufach I, p.177) et son frère Rudolf (cité de 1362 à 1400; av.1394 Kunegund, fille de Friedrich von Geroldseck am Wasichen: LU II, 1649-50), ont-ils partagé la seigneurie paternelle ou gouverné conjointement? Il est difficile d’en juger: ils agissent tantôt ensemble, tantôt séparément, tiennent certains biens et fiefs en commun, d’autres chacun à part. Du vivant de leur père, Ottemann, seul, disposait déjà de biens propres (LU I 1000, 1009) et d’une large autonomie. C’est ainsi qu’il se met dès 1371 au service de Strasbourg «avec tous ses châteaux» (Urkundenbuch der Stadt Strassburg, V, n°985), et dès 1372 sous la protection des électeurs palatins, en leur cédant une part de Reichshoffen (LU I, 1116). Les deux frères connaissent de sérieuses difficultés. Leurs acquisitions —la principale étant la moitié(?) de la seigneurie de Geroldseck vers 1390— ne sont plus compensées par leurs aliénations, les positions au nord de la Lauter étant sacrifiées plus volontiers que d’autres. La pression du Palatin se fait de plus en plus forte. En 1388, Ottemann le soutient contre les villes du Rhin (et les Lichtenberg), ce qui vaut bien des déboires à Rudolf (Regesten Pfalzgrafen I, 5326, Königshoven II, p.843, Archives municipales Haguenau EE 42/32). En 1391, celui-ci cède la moitié de sa part d’Ochsenstein, Hochfelden, Reichshoffen et Meistersel à l’électeur Ruprecht (Archives départementales du Bas-Rhin C 3/4bis), qui contrôle désormais le cœur même de la seigneurie d’Ochsenstein Dès 1394, Rudolf doit encore lui céder 1/4 de la seigneurie de Geroldseck (LU II 1648-51). Les relations des Ochsenstein avec l’évêché de Strasbourg sont d’autant moins capables de faire contrepoids qu’elles sont fort fluctuantes: l’évêque Friedrich engage Boersch à leur frère Johann, mais le confisque à sa mort, ainsi que Barr (F.J. Mone, Quellensammlung I, p.266), et essaie de leur reprendre l’avouerie de Haslach (LU II1390), ce qui n’empêche pas les Ochsenstein, qui étaient en guerre avec lui en 1382 (Urkundenbuch der Stadt Strassburg, VI, n°115), de le soutenir en 1392 contre Strasbourg (Königshoven II, 980). C’est que leurs relations avec la ville sont encore moins bonnes: elle a détruit Klein-Ochsenstein en 1382, Loewenstein en 1386 (Urkundenbuch der Stadt Strassburg, VI, n°732, 738-739). Pourtant, en 1398, Ottemann lui ouvre ses châteaux contre les Deux-Ponts-Bitche (Urkundenbuch der Stadt Strassburg, VI, n°1401, mais cf. n°1409 I). À l’arrière-plan, on ne saurait oublier ni l’endettement des Ochsenstein envers des Strasbourgeois (p. ex. Archives municipales de Strasbourg, Œuvre Notre-Dame 5 f° 1-5; Archives municipales de Strasbourg IV 105a: 1383; Ch. Schmidt, Histoire de Saint-Thomas, 1860, p.98; M. Alioth, Gruppen an der Macht, 1979, I, p.235), ni la présence croissante,dans leur cour féodale, de patriciens de Strasbourg (Alioth II 562); parmi ceux-ci, les Sturm © deviennent leurs hommes de confiance. Mais c’est Johann Ostertag von Winstein, petit noble des Vosges du Nord, qui est leur conseiller le plus actif et le plus proche. Ottemann († 1402) ne laisse qu’un fils, Johann, bourgeois de Haguenau en 1368 (Archives municipales de Haguenau, AA256/243a), cellérier du Grand Chapitre de Strasbourg en 1380 (Archives départementales du Bas-Rhin 8E 21 chartes 1/11), et deux filles, N, ∞ av. 1383 Dieter Kämmerer von Worms, et Anna ∞ 1367 ou 1376 Heinrich von Geroldseck über Rhein. C’est par ce mariage que les Geroldseck auront part à la seigneurie d’Ochsenstein, ce qui provoquera bien des litiges au XVe siècle (Bühler). Rudolf († 1400) laisse 4 fils: Friedrich, Johann et Volmar, qui suivent, et Crispian, cité de 1391 (Regesten Pfalzgr. I, 5329) à 1412 (LU II 2018), ainsi que 3 filles: Margrede, chanoinesse de Saint-Étienne en 1396 (Archives départementales du Bas-Rhin 8E 21, chartes 1/21), Agnes, ∞ successivement Eberhard von Ramberg (1402), Heinrich Beyer von Boppard (1411) et Johann von Geroldseck (1438), et Clara, chanoinesse d’Erstein, puis ∞ 1425 Ulrich von Rathsamhausen zum Stein (R. Friedel, Erstein, 1927, p.157, 181).

6. Johann
Fils de 4; chanoine de Strasbourg dès 1318, doyen depuis 1362 (Archives de l’Église d’Alsace, 34, 1970, p.21). En 1365-1366, lui et le prévôt Hanemann von Kyburg se disputent l’évêché, que le pape finit par donner à Jean de Ligny (Königshoven II p.675). En 1370, le même prévôt enlève son ancien compétiteur, le détient au château de Windeck, que Strasbourg assiège en vain, et ne le relâche que contre une rançon de 4000 florins (Königshoven II, p.805). En 1375, Johann est élu évêque par le chapitre (Archives municipales de Strasbourg AA 1404), mais le pape impose Friedrich von Blankenheim ©. En 1379, Clément VII le provide à la prévôté; cette fois, c’est l’empereur qui lui suscite un compétiteur urbaniste, en la personne de Hug von Rappoltstein, dont il semble venir à bout en 1383. Il devient Landvogt autrichien en ou avant 1385; c’est en cette qualité qu’il combat à Sempach, où il est tué (9 juillet 1386).

7.Friedrich
Fils de Rudolf (5), ∞ Else, comtesse de Zweibrücken; encore mineur en 1394 (Archives départementales du Bas-Rhin 8E21 chartes 1/18), il est à la tête de la seigneurie de 1402 (LU II 1847) à 1411 (LU II 2000-01). En 1407, le margrave Bernhard de Bade s’empare d’Ochsenstein pour un motif inconnu. Friedrich est obligé de lui ouvrir tous ses châteaux (Reg. Markgr. I, 2385).

8. Volmar
Frère de 7, sans doute né après 1394, chanoine de Strasbourg de 1403 à 1411, retourne à l’état laïc à la mort de Friedrich, qui ne laissait pas de fils, et ∞ Adelheid, fille de Walter von Geroldseck, lui-même fils d’Anna von Ochsenstein (LU II2396). Il est dans la triple dépendance du Palatin, qui a part à tous ses châteaux, y compris Niederstinzel et Barr (LU II 2018-24), du margrave de Bade, qui y a le droit d’ouverture (Reg. Markgr. I 2995-96) et de l’évêque de Strasbourg, qui a la moitié d’Ochsenstein (Archives départementales du Bas-Rhin 36J3/525, LU II 2071). Lui aussi procède à diverses aliénations, avant de mourir en 1426 (LU II, 2375, 2386), laissant Kunigund, qui épousa en 1440 le comte Heinrich de Deux-Ponts-Bitche (LU II2810-13) et Georg, qui suit.

9.Johann
Frère de 7 et 8, cité depuis 1391 (Reg. Pfalzgr. I, 5329), chanoine de Strasbourg, encore mineur, en 1403 (Archives départementales du Bas-Rhin 36J 3/485), élu prévôt en 1413 à la place de son parent et ancien tuteur Burkhard von Lützelstein ©; tuteur de sonneveu Georg de 1426 à 1437 (LU II 2715). Après la mort de l’évêque W. von Diest © en 1439, la majorité des chanoines élit Conrad von Bussnang ©, mais une minorité alsacienne élit Johann, bien qu’il soit sourd. Débouté par l’archevêque de Mayence en 1440, il s’incline contre paiement de 4000 florins «pour ses frais» (M. Berler, p.51; K. Stenzel, Politik d. Stadt Strassburg, 95, 103). Il meurt en 1455 (Archives de l’Église d’Alsace, 34, 1970, p.25), laissant un fils, Arbogast (LU III3255, 3420), et une fille, Agnes, ∞ 1439 l’imprimeur Heinrich Eggestein, qui a été son garde-scel.

10.Georg
Fils de 8, ∞ 1459 Anna, comtesse de Deux-Ponts-Bitche (LU III 3714-16). En 1430, pendant sa minorité, le Palatin entreprend de racheter les importants gages d’Empire des Ochsenstein (LU II 2457, 2470). Il y parvient notamment pour Barr (que les Ochsenstein avaient lourdement hypothéqué) et Marlenheim (où Georg a pourtant encore ou à nouveau des droits en 1458 et1466: Revue catholique d’Alsace, NS 23.1904, p.102); la seigneurie s’en trouve notablement affaiblie. En 1450, une guerre éclate entre les Lichtenberg, alliés aux Lützelstein et aux Finstingen, et les Leiningen, alliés à Georg et aux Geroldseck, et soutenus en sous-main par le Palatin, sous la protection duquel Georg s’est placé en 1447 (LU III 3000). À la bataille de Reichshoffen (5 juin 1451), les Lichtenberg sont vainqueurs, et Georg est fait prisonnier. Pour sa libération, en 1454, il doit notamment céder 2/3 de sa part de la seigneurie de Geroldseck, et tous ses droits à Pfaffenhoffen, Niedermodern et Oberbronn (LUIII 3427, 3435a-3443). La protection palatine s’est avérée illusoire, et le poste de Vitztum (l’équivalent palatin d’un Landvogt) de Neustadt, qu’il occupe de 1456 à 1461, est une faible compensation. En 1471, il est à nouveau capturé par Friedrich von Fleckenstein, son vassal (LU IV 4370), et libéré sur l’intervention du Palatin, mais contre rançon (P. Müller, Fleckenstein, 1990, p.496). En 1475, il offre ses services à la ville de Strasbourg (Archives municipales de Strasbourg IV86/15/1). Il meurt en mars 1485 à Heidelberg (LU IV 4976), sans descendance légitime; mais Margrede von Ochsenstein, ∞ 1464 Erhard Landold von Hochfelden (LU III 4037-38), est sans doute sa bâtarde. Ce qui reste de la seigneurie d’Ochsenstein passe à Heinrich de Deux-Ponts-Bitche et à ses descendants, puis, à leur extinction en 1570, aux Hanau-Lichtenberg.
Des Geroldseck, les Ochsenstein ont hérité une double orientation, vers Metz et vers Strasbourg. Mais, bien qu’Ochsenstein et le noyau de la seigneurie soient fief messin, ils ont mis bien moins de zèle que leurs cousins à cultiver leurs relations lorraines.En revanche, ils ont occupé en force le Grand Chapitre de Strasbourg (Elsass-Lotringisches Jahrbuch, 6, 1927, p.7-15 n°26, 42, 76, 92, 131, 152, 159, 178, 185, 196), ce qui leur a valu trois occasions de placer un des leurs à la tête du diocèse. Il est difficile de dire si c’est par pure malchance qu’ils les ont toutes perdues, ou si leurs candidats manquaient d’envergure.
Avec Lehmann, on peut voir l’histoire des Ochsenstein comme celle de leur croissance et de leur déclin. Sans doute seraient-ils restés dans la médiocrité sans une alliance matrimoniale avec les Habsburg, dont personne ne pouvait prévoir les conséquences au moment de sa conclusion. À partir de 1273, leur Königsnähe a valu aux Ochsenstein des fiefs et des gages d’Empire, des postes importants et un prestige qui les mettent au niveau des comtes. Pendant trois générations, ils ne se marient que dans des familles comtales. Mais par la suite, ils ne sont plus que des parents de plus en plus éloignés des Habsburg. C’est d’ailleurs l’époque où ceux-ci sont durablement écartés du pouvoir royal. Lorsqu’ils le ressaisissent au XVe siècle, les Ochsenstein n’ont plus de relations particulières avec eux. Au contraire, à l’instar des autres familles du Nord de l’Alsace, ils ont passé dans l’orbite de leurs grands rivaux, les Wittelsbach. Ils ont subi tout le poids de la «protection» palatine, sans qu’elle leur profite au moment décisif. Après le milieu du XIVe siècle, on a l’impression que les Ochsenstein déclinent sans interruption. Seule une étude approfondie pourrait vérifier si et à quel rythme les aliénations —ventes, engagements, nouveaux fiefs— l’emportent sur les acquisitions, qui semblent rarement durables (p. ex. les châteaux de Zillisheim en 1347, de Klein-Arnsbergen 1360, de Wangen, pour moitié, en 1373, d’Ober-Wasigenstein en partie en 1391 …), et quel poids réel la seigneurie avait encore au XVe siècle. Les mariages des Ochsenstein parlent un langage contrasté: jusqu’à la fin, le chef du lignage épouse le plus souvent une comtesse, mais les sœurs de Volmar se marient dans la petite noblesse.
J.G. Lehmann, Urkundliche Geschichte der Grafschaft Hanau-Lichtenberg, 1863, II, 1-176; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t.2, 1910 (sans valeur); J. Becker, Geschichte der Reichslandvogtei im Elsass, 1905; A. Schulte, «Aus dem Leben des Strassburger Domkapitels», Elsass-Lotringisches Jahrbuch, 6, 927; J. Rott, Histoire du chapitre de Strasbourg aux 14e et15e s., thèse de l’École des Chartes, 1933; R.R. Levresse, «Prosopographie du chapitre cathédral de Strasbourg», Archives de l’Église d’Alsace, 34, 1970; Chr. Bühler, Die Herrschaft Geroldseck, 1981; D. Schwennicke, Europâische Stammtafeln NF XI, 1986, n°74 et introd.; F. Battenberg, Lichtenberger Urkunden (Repertorien des hessischen Staatsarchivs Darmstadt, 2/1-5), 1994-96 (cité LU; le t.5 contenant l’index n’a pas encore paru), F. Eyer a laissé un début de régestes des Ochsenstein (Archives départementales du Bas-Rhin142J 12) non utilisé pour cette étude.

Bernhard Metz (1996)