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NORTH Jean

Avocat, député, (Pl) (★ Hurtigheim 8.3.1828 † Strasbourg 17.12.1894). Fils de Jacques North, cultivateur à Hurtigheim, et de Marie Ève Peter. ∞ 18.7.1854 Caroline Barbe Christoffel (★ Strasbourg 3.9.1834 † Strasbourg 13.12.1898), fille de Charles Christoffel, boulanger à Strasbourg, et d’Ève Barbe Wagner; 3 enfants dont Edmond (★ Brumath 18.7.1857 † Strasbourg 9.3.1895), ancien directeur du Crédit foncier, ∞ Caroline Marie Siegfried (★ 11.9.1866 † Strasbourg?), fondatrice de la SPA strasbourgeoise et, en 1918, de l’Association des Dames françaises et de la Croix rouge française (Légion d’honneur à ce titre). Études au collège de Phalsbourg, au lycée de Strasbourg, à la faculté de Droit de Paris. Avocat au barreau de Strasbourg, notaire à Brumath (1854-1865), agent général des Assurances Union (1865-1872), agent général de la Compagnie d’assurances l’Union. Porte-parole d’un groupe de membres de la Chambre de commerce et de commission municipale de Strasbourg, de banquiers et d’assureurs strasbourgeois, soucieux de conserver leur part du marché foncier et immobilier de la ville, élargi du fait de la reconstruction, puis par l’agrandissement de Strasbourg, projeté par les Allemands dès mai 1871, mit au point la constitution d’un Crédit foncier alsacien, doté d’un capital de trois millions de francs. Le gouverneur général Bismarck-Bohlen se montra favorable à ce projet (printemps 1871). North chercha aussi des associés à Colmar (Birckell, Fleischhauer) et à Mulhouse, et s’assura de l’appui de Jean Dollfus et des maisons de banque de Mulhouse et de Bâle (février 1872). La Chancellerie impériale aurait préféré privilégier rétablissement à Strasbourg de banques prussiennes et confier la gestion des fonds publics à des caisses publiques. Mais comme une bonne part des consignations des collectivités locales alsaciennes, des rentrées et des dépôts des Caisses publiques sont constitués de pièces d’argent françaises, de titres et papiers français, à renégocier dans des États (Belgique, Suisse, Luxembourg) et auprès de maisons françaises ou proches de la France, elle se résigna à confier ces opérations à une maison locale disposant de relations appropriées. Le Crédit foncier et communal d’Alsace et de Lorraine, définitivement créé en février 1872, après avoir accepté d’ouvrir son capital à des banques allemandes se vit confier les fonds publics et les fonds de consignation (loi impériale du 4 novembre 1872). Il apparut comme le versant bancaire, financier et économique de la politique «autonomiste» que déployait alors le président supérieur Moeller © en Alsace-Lorraine: remise en place de Conseils généraux, création d’une Délégation du Pays d’Empire/Landesausschuss, présence et victoires électorales des candidats du parti autonomiste. Ainsi, les directeurs (North) ou membres du conseil d’administration du Crédit foncier et communal (Klein, Bergmann, Charles Eissen, Florent Charpentier) étaient parmi les principaux dirigeants, conseillers généraux de Basse Alsace et membres du Landesausschuss (North, Jules Klein, Charpentier), ou encore députés au Reichstag (North, Bergmann) du parti autonomiste. North fut conseiller général de Strasbourg-Nord de 1873 à sa mort (élu en septembre 1873, après la démission de Hueber qui refusa de prêter serment de fidélité —réélu en juillet 1882— contre le chocolatier Schaal, catholique, grâce à la consigne d’abstention donnée par les protestataires) et 1891. Il fut député au Landesauschuss-Délégation de 1874 à 1894; enfin député autonomiste de Strasbourg au Reichstag, campagne de 1877, où il battit le député sortant catholique-clérical Alexis de Schauenbourg réélu en 1878, toujours contre Schauenbourg. Mais en 1881, il fut battu par le maire de Stutzheim Michel Quirin. Dans le groupe autonomiste, dit du «Parti alsacien» (A. Schneegans-Saverne, Nessel-Haguenau, Bergmann-Strasbourg-Ville; Achille Rack-Molsheim-Erstein; North-Strasbourg-Campagne) North et Bergmann apparurent comme les porte-parole des milieux économiques strasbourgeois et ils plaidèrent en priorité les dossiers économiques, laissant à Schneegans le soin de promouvoir la politique de l’autonomie alsacienne (loi de 1879 sur le transfert à Strasbourg du gouvernement de l’Alsace-Lorraine). Après le retrait du protestataire Alfred Muhleisen en 1890, North, seul candidat, reprit le siège de Strasbourg-campagne. Comme le député de Strasbourg Émile Petri, il s’inscrivit, comme apparenté, dans le groupe parlementaire national-libéral. La carrière de North et de ses amis politiques fut ternie par le scandale du Crédit foncier et communal qui éclata en mai 1892. North et Blum-Ausscher (avec d’autres membres du conseil d’administration) furent accusés d’avoir dissimulé depuis des années la situation réelle de la banque —et en particulier l’ampleur des créances douteuses, d’avoir utilisé les fonds déposés pour jouer en bourse et n’avoir pas remboursé les crédits qu’ils s’étaient attribués, et d’avoir été fort laxistes dans la gestion de certains comptes. Ils furent tous deux démissionnés avant l’assemblée générale des actionnaires de mai 1892. Dès ce moment-là, l’influente Strassburger Post dénonça les autres membres du Conseil d’administration (Sengenwald, Jules Schaller, Jules Klein, Charles Eissen, Charles Bergmann, Florent Charpentier) de s’être blanchis en faisant de North le bouc-émissaire d’une gestion, dont ils avaient été eux-aussi parties-prenantes. North annonça à plusieurs reprises sa volonté de contrattaquer: il fut pourtant inculpé le 24 mars 1894, dans une procédure pénale auquel il échappa du fait de son décès. Ce fut son gendre, l’avocat Alfred Meyer, qui se chargea de cette dernière «défense». Candidat démocrate aux élections municipales de 1896, celui-ci publia en brochure un recueil d’articles paru dans la Strassburger Bürgerzeitung: Les oligarques de Strasbourg, les coteries, l’affaire du Crédit foncier, où il mit en cause le conseil d’administration du Crédit foncier. Celui-ci répliqua par un bref communiqué, rappelant qu’il avait, lui, conservé la confiance des actionnaires.
Archives départementales du Bas-Rhin, Al 108 193 Dossier personnels notaires avant 1870 et Al5, Aktien und Bankgesellschaften, AL 14 – 38 à 40; Wahlen Bezirksrat; Bundesarchiv Potsdam, Nachlass A. Schneegans; Courrier du Bas-Rhin, 1872; Strassburger Post 1892-1894, F.Igersheim, Histoire de Strasbourg, IV, Strasbourg, 1981; M. Siegel, Les banques en Alsace 1870-1914, Strasbourg, 1993.

François Igersheim (1996)