Religieux dominicain (★ lsny, Bavière, vers 1380 † Nuremberg 13.8.1438). Il entra dans l’ordre des Frères Prêcheurs tout au début du XVe siècle et fut assigné au couvent de Colmar dont Conrad de Prusse avait fait, peu de temps auparavant, un des premiers foyers de la stricte observance. Envoyé pour y poursuivre des études à Vienne, il fut l’élève de François de Retz que le maître général avait nommé vicaire pour les observants d’Allemagne, puis, il se rendit à l’Université de Cologne. En 1414, à Constance, il rencontra Dominici, le père de la réforme dominicaine en Lombardie. Ces influences conjuguées firent de Nider l’un des promoteurs les plus actifs du retour à l’observance rigoureuse. Prieur de Nuremberg, puis de Bâle, il rétablit dans ces deux maisons la discipline originelle de l’ordre et, en 1427, succéda dans les fonctions de vicaire à son maître F. de Retz. Le concile de Bâle lui confia le soin d’établir des contacts avec les Hussites et d’ouvrir la voie aux négociations qui aboutirent à la paix entre la Bohême et les princes allemands (1431-1432). En 1435, Nider devint professeur à la faculté de Théologie de l’Université de Vienne. Prieur du couvent où séjournaient les étudiants dominicains et leurs maîtres, il en fit une communauté d’une rigueur et d’une ferveur exemplaires. Il revint en Alsace pour réformer le monastère de Sainte-Catherine à Colmar et mourut à Nuremberg sur le chemin du retour à Vienne.
Nider fut un auteur fécond. On lui doit un De reformatione religiosorum, dans lequel l’importance de la vie commune est bien mise en valeur, des ouvrages qui représentent quelques-uns des thèmes traités dans ses cours de morale, ainsi le De lepra morali et le Tractatus de contractibus mercatorum. Frère Prêcheur, Nider consacra beaucoup de temps et de soin à la prédication. Ses sermons sur les épîtres du dimanche furent édités à Strasbourg en 1489 et le plus célèbre de ses livres, le Formicarius seu Myrmeciabonorum (La fourmilière), qui contient des développements abondants sur les pratiques magiques et dont s’inspira l’auteur du Marteau des sorcières, devait surtout mettre à la disposition des prédicateurs une grande variété d’exempla. Maître spirituel, Nider composa de nombreux ouvrages destinés à réconforter les chrétiens soucieux d’approfondir leur foi et d’y conformer leur vie. Citons les Vier und zwanzigguldin harpfen, une paraphrase des Collationes de Cassien, le Consolatorium timoratae conscienciae, le Liber de modo bene vivendi, le Dispositorium moriendi, le Praeceptorium divinae legis. Il faut peut-être lui attribuer aussi l’Alphabeticum divini amoris. La pensée de Nider n’était pas vraiment originale, mais il n’en a pas moins joué, dans l’histoire de la spiritualité, à la fin du Moyen Âge, un rôle important, car ses livres ont eu beaucoup de succès. Plusieurs d’entre eux ont été imprimés à Paris et Strasbourg. Geiler © consacra toute une série de sermons au commentaire du Formicarius. Attaché tout à la fois au rigorisme moral prôné par Conrad de Prusse et au renouveau de l’effort intellectuel qui tenait à cœur au maître général Raymond de Capoue, Nider réussit à faire la synthèse de ces deux préoccupations et, grâce à son action énergique, la réforme dominicaine accomplit en Alsace et dans toute la province de Teutonie des progrès considérables.
K. Schieber, Magister J. Nider, Mayence, 1885; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t.2, 1910, p.373 et 1102; A. Barthelmé, La réforme dominicaine au 15e siècle en Alsace et dans l’ensemble de la province de Teutonie, Strasbourg, 1935; Verfasserlexikon, t.3, Berlin, 1943, c.560-565, t.5, 1955, c.270; G. M. Gieraths, J. Niderund die deutsche Mystik des 14. Jhts, s.l., 1952, p.321-346; J.-Cl. Schmitt, La mort d’une hérésie, La Haye, 1978, p.160-163; Dictionnaire de spiritualité, t.XI, 1982, c.322-325; J.-Ch.Winnlen, Schoenensteinbach: une communauté religieuse féminine, 1138-1792: contribution à l’étude de l’Alsace monastique, Altkirch, 1993.
† Francis Rapp (1996)