Homme politique et archéologue, (C) (★ Haguenau 20.2.1834 † Haguenau 5.2.1918). Fils de François Xavier Nessel, juge de paix, conseiller municipal, et de Valérie Joséphine Paganetto. ∞ 16.4.1870 à Strasbourg Clothilde Jeanne Camille Hueber (★ Strasbourg 25.7.1850 † 1947), fille de Louis Hueber, entrepreneur de travaux publics, et de Joséphine Wenger; 2 filles. Après des études au collège de Haguenau, puis au collège de Strasbourg, il devint bachelier ès lettres en 1851 et bachelier en droit en 1855. Déjà initié à la paléographie, il fit encore une année d’études littéraires à la Sorbonne. Seul héritier de sa riche famille maternelle, il pouvait vivre de ses rentes. Il entra en 1860 au conseil municipal de Haguenau, fut réélu en 1865, devint adjoint au maire en 1866, puis maire de Haguenau le 2 décembre 1870 à la suite de la démission de Joseph Thierry ©. Il fut réélu en 1871, 1876, 1881, 1886, 1891 et 1896. Dès la première année de son mandat, sa ville devint chef-lieu d’arrondissement et l’Empire allemand épongea les dettes de guerre communales. La construction de deux casernes fit de Haguenau une importante ville de garnison. Nessel remodela le plan de sa ville en remplaçant le mur d’enceinte et les fossés par un boulevard périphérique et plusieurs parcs. Il participa en mars et en mai 1871 à des délégations de notables bas-rhinois, qui se rendirent à Berlin pour y défendre les intérêts de l’Alsace à la veille des négociations de paix et il y rencontra Bismarck. Adhérent de la première heure du courant autonomiste-libéral, ce qui lui valut l’ire du curé Victor Guerber © et la réputation d’être protestant, il devint après un premier échec en 1873, conseiller général du canton de Seltz en 1878, puis de celui de Haguenau (1879-1897). Il fut désigné par le Conseil général à la Délégation d’Alsace-Lorraine (Landesausschuss) de 1878 à 1887. Candidat sans succès aux élections au Reichstag à Haguenau-Wissembourg en 1874 contre le protestataire clérical Louis Hartmann©, il fut élu contre son gré député le 5 janvier 1877. Avec ses collègues autonomistes, il fut reçu en audience le 24 février 1877 par le chancelier Bismarck. Le 6 mars 1878, il présenta à la tribune du Reichstag une motion sur le séjour des optants dans le Reichsland, qui fut adoptée. Déconsidéré par la révélation d’un rapport secret envoyé à Bismarck en 1871 sur la situation et le personnel politique en Alsace et par le bruit selon lequel il aurait engagé une institutrice juive pour ses enfants, il ne se présenta plus aux élections de juillet 1878. Il fut ensuite nommé par l’empereur membre du Conseil d’État d’Alsace-Lorraine (1882-1888). Ses fonctions ne l’empêchèrent pas de se livrer à la recherche historique et archéologique. Il classa de 1863 à 1865 les archives anciennes de la ville. Il fouilla la forêt de Haguenau de 1862 à 1899 et y ouvrit 447 tumulus protohistoriques. Il ne publia rien à ce sujet, mais rédigea deux carnets de fouilles très détaillés. À sa demande, le conseil municipal décida en 1899 d’ériger un musée qui devait abriter ses collections (archéologiques, historiques, numismatiques, folkloriques) léguées à la ville ainsi que la bibliothèque municipale et les archives anciennes. Les dépenses liées à cette construction et son autoritarisme donnèrent lieu à une polémique, qui amena Nessel à donner sa démission de sa fonction de maire en février 1902. Il se présenta encore aux élections municipales de juin 1902, mais fut battu. Dans ses dernières années, il consacra beaucoup de temps à la numismatique. Nessel était libre-penseur (et non catholique pratiquant, comme l’écrit Wahl): selon ses dernières volontés, il fut incinéré.
Inventaire sommaire des Archives communales de la ville de Haguenau antérieures à 1790, Haguenau, 1865; Stenographische Berichte über die Verhandlungen des Deutschen Reichstages, Berlin, 1878, III, 2,1. Sitzung vom 6. März.; Bericht über die Gemeindeverwaltung der Stadt Hagenau für die Jahre 1871 bis 1888, Haguenau, 1888; Beiträge zurMünzgeschichte des Elsass besonders der Hohenstaufenzeit, Frankfurt a. M., 1909; Verlorene Schätze. Nachgelassene Notizeines Hagenauer Altertumsfreudes, Haguenau, 1922; Le carnet de fouilles de X.J. Nessel, p.p. Cl. F.A. Schaeffer-Forrer, Les tertres funéraires préhistoriques dans la forêt de Haguenau, III, Haguenau, 1983. Listes des articles, in A.-M.Burg, cité infra, p.123.
Ch. Grad, «Xavier Joseph Nessel», Biographies alsaciennes, IV, 9, Colmar, 1887, p.2; Strassburger Bürgerzeitung des 21-22.5.1902; A. Schneegans, Memoiren, Berlin, 1904; A.W.Naue, Die Denkmäler der vorrömischen Metallzeit im Elsass, Strasbourg, 1905; Journal de Haguenau du 20.2.1914; Strassburger Neue Zeitung du 22.2.1914; Unterländer Kurier du 3.3.1914; J. Klélé, «Discours en l’honneur de feu Monsieur Xavier Nessel, président d’honneur de la Société et fondateur du musée», Deux conférences faites à la Société d’Hisotire et d’Archéologie de Haguenau, Haguenau, 1923; F. Bronner, Die Verfassungsbestrebungen des Landesausschuss für Elsass-Lothringen (1875-1911), Heidelberg, 1926; Cl. Schaeffer, Les tertres funéraires préhistoriques dans la forêt de Haguenau, 2 vol., 1926-1930 (reprint, Haguenau, 1978); Ch.B(enni), Bericht und statistische Nachrichten über die Gemeindeverwaltung von 1888-1913, Haguenau, 1930; J. Schneider, Die elsässische Autonomistenpartei 1871-1881, Frankfurt a. M., 1933, p.80, 89-90, 94, 109, 116; W. Kimmig, «Les tertres funéraires préhistoriques dans la forêt de Haguenau. Rück-und Ausblick», Prähistorische Zeitschrift, Berlin, 1979, p.47-176; A. Wahl, Confession et comportement dans les campagnes d’Alsace et de Bade, Illzach, 1980, p.932, 936, 942; François Igersheim, L’Alsace des notables, 1870-1914, Strasbourg, 1981, p.39, 45, 278; A.-M. Burg, «Xavier Joseph Nessel (1834-1918)», in Cl. Schaeffer-Forrer, Les tertres funéraires préhistoriques dans la forêt de Haguenau, III, Haguenau, 1983, p.1-133, portrait (existe aussi en tiré à part Études haguenoviennes, n° spécial); Cl. Muller, «Saint-Georges de Haguenau, l’une des paroisses les plus riches d’Alsace au XIXe siècle», Études haguenoviennes, IX, 1983, p.304-305; Encyclopédie de l’Alsace, IX, 1984, p.5503; G. Traband, J.-P. Grasser, Haguenau et ses campagnes, XXIIIe-XIXe s., Strasbourg, 1986, p.85-154; B. Parent, «Haguenau, Art et architecture», Cahiers de l’inventaire, 16, Strasbourg, 1988, p.96-104; H. Fenninger, «L’architectureet la décoration du musée de Haguenau», Études haguenoviennes, XVI, 1990, p.153-284; Himly, Chronologie de la Basse Alsace, Strasbourg, 1972; B. Vogler, Histoire politique de l’Alsace, Strasbourg, 1995, p.205, 390.
Claude Muller et Léon Strauss (1996)