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NEFFTZER Auguste

Publiciste, (Pl) (★ Colmar 4.2.1820 † Bâle 26.8.1876). Fils de Jean Georges Nefftzer, tailleur d’habits, et de Sara L’Huillier. ∞ 1847 Delphine Yvernes, rencontrée à Cîteaux (Côte-d’Or). Après le collège de Colmar, Nefftzer fréquenta la faculté de Théologie protestante de Strasbourg. Devenu précepteur des Schoellhammer à Ribeauvillé, il les accompagna au phalanstère de Cîteaux en 1842. Revenu à Colmar, il œuvra au Courrier du Haut-Rhin tout en estimant que les fonctions de journaliste de province étaient pitoyables. En 1843 il offrit ses services à Émile de Girardin ©, directeur du journal parisien La Presse qui l’engagea comme rédacteur. Nefftzer devint gérant du journal après l’élection de Girardin comme député du Bas-Rhin en 1849. Cette responsabilité lui valut l’emprisonnement à la Conciergerie en 1851. Après le coup d’État du 2 décembre 1851, rédacteur en chef en 1856, Nefftzer dirigea le journal dans un esprit protestant et libéral. Accusé d’orléanisme par le prince Louis Napoléon, il fut évincé en 1857-1858. Dès lors il n’assuma officiellement plus que les fonctions de secrétaire général de rédaction. Il fonda avec Charles Dollfus © de Mulhouse, en janvier 1858, la Revue germanique. Elle devait rapprocher la France et l’Allemagne, pays qui ont gagné les deux grandes batailles de l’ère moderne, la Réforme et la Révolution. Le 25 avril 1861, Nefftzer put fonder Le Temps, à condition d’en être le propriétaire, le gérant et le rédacteur en chef. L’empereur considérait qu’un journal d’inspiration protestante et de libéralisme modéré neutraliserait certaines forces politiques, la presse catholique ultramontaine et les groupes républicains en particulier. Parmi les Alsaciens qui accordèrent leur soutien financier, on doit citer Mme André Koechlin, le professeur Bergmann © de la faculté des Lettres de Strasbourg. Charles Dollfus ©, Edmond Scherer et Jean Weber accordèrent leur collaboration. Le Temps décrivait les mutations politiques en Europe centrale. Après la bataille de Sadowa (1866), Nefftzer affirma que «avant cinq ans, les Allemands seraient à Strasbourg». Vers la fin de la guerre de 1870, il espérait que les Allemands consentiraient à faire de l’Alsace un État neutre autonome. Il quitta Paris après la défaite, songea à créer un journal à Bruxelles, mais revint en Alsace. Il opta pour la France en 1872, mais s’établit à Bâle. Il avait fondé l’un des plus solides quotidiens du Second Empire et l’un des plus grands de la Troisième République.
A. Nefftzer, Œuvres.
Archives nationales,113 AP Nefftzer; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t.2, 1910, p.360-361; R. Martin, La vie d’un grand journaliste, A. Nefftzer…, 2 vol., Besançon, 1948-1953; Histoire générale de la presse française, t.2, de 1815 à 1871, Paris, 1961, (voir index des noms de personnes); R. de Livois, Histoire de la presse française, I. Des origines à 1881, Lausanne, 1965, p.263-264 (portrait); F. Igersheim, Politique et administration dans le Bas-Rhin (1848-1870), Strasbourg, 1993 (index).
† Jean-Pierre Kintz (1996)