Professeur d’archéologie classique à l’Université de Strasbourg, (Pl) (★ Kiel 22.6.1835 † Strasbourg 12.8.1910).
Fils de Gustav Adolf Michaelis († 1848), professeur de gynécologie de l’Université de Kiel, et de Julie Jahn, sœur d’Otto Jahn, l’un des promoteurs de « Altertumswissenschaft », dont l’influence fut déterminante sur le futur archéologue, ∞ I 1868 Luise von der Launitz († 1869). ∞ Il 1874 Mina Trendelenburg, fille d’un philosophe berlinois; enfants dont, Otto © 2. Des études de philologie classique et d’histoire de l’art, d’abord à la Kieler Gelehrtenschule (1844-1853), puis à l’Université de Leipzig. À Berlin, il suivit en 1854-1855 les enseignements d’E. Gerhard, d’A. Boeckh, d’E. Curtius, recevant de ces maîtres une solide formation dans les domaines de la peinture de vases, de l’épigraphie et de l’architecture grecques. Sa thèse, soutenue en 1857, était consacrée à la poésie d’Horace. Dans les années qui suivirent, Michaelis séjourna à Rome où il noua des relations et des amitiés qui devaient servir autant sa production scientifique que sa carrière. Très important fut, en 1859-1860, son voyage en Grèce en compagnie d’A. Conze, comme boursier du « Deutsches Archäologisches Institut ». À Athènes, le contact avec les originaux grecs, dans le cadre de l’Acropole, ne fut pas pour peu dans la naissance d’une des passions de sa vie : la sculpture grecque, objet de ses futures publications les plus importantes (Der Parthenon, 1871, avec la première tentative sérieuse de classement stylistique des reliefs du temple ; Ancient Marbles in Great Britain, 1882). Dans tous les postes qu’il occupa par la suite, Michaelis eut le souci de constituer des collections de moulages qu’il concevait comme des laboratoires de recherche sur la sculpture antique et comme l’indispensable instrument d’un enseignement d’archéologie : ce fut le cas à Kiel (son premier emploi universitaire en 1861), à Greifswald (1862), à Tübingen (1865-1872), enfin à Strasbourg (1872-1907). Les années strasbourgeoises de Michaelis constituèrent le sommet de sa carrière et comptèrent apparemment parmi les plus heureuses de sa vie. Il s’était établi à Strasbourg où le Reich l’avait envoyé en mission pour contribuer à l’éclat de la vitrine scientifique allemande sur le Rhin. Michaelis devint aussitôt une des personnalités les plus influentes de la nouvelle Kaiser-Wilhelm Universität. Il joua un rôle clé dans la construction du Palais Universitaire et dans le choix de son style. Comme président du concours de 1878, il sut imposer les options d’Otto Warth contre celles de Herrmann Eggert, l’architecte du Kaiserpalast, le Palais du Rhin. Amoureux de la Renaissance italienne et de l’architecture classique française, Michaelis préféra à un autre édifice germanique les modèles du palais Pompei de Vérone et du Petit Trianon de Versailles. Grâce à l’appui administratif et financier du baron von Roggenbach, il réalisa aussi un rêve plus personnel : créer, à l’étage du palais, autour de l’aula, un cadre somptueux pour la collection de moulages qu’il commença à constituer dès son arrivée en Alsace. La collection des moulages, une riche bibliothèque spécialisée d’archéologie classique, une précieuse collection de photographies archéologiques anciennes et, en réalité, le Palais Universitaire lui-même peuvent être considérés comme un héritage personnel de Michaelis dont l’Université de Strasbourg bénéficie aujourd’hui. Dans la chaire nouvellement créée, son enseignement reflétait ses principales orientations scientifiques. Les sujets de ses cours sont connus par ses carnets déposés à la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg : l’histoire de l’art grec, des origines à Alexandre le Grand ; l’étude des grandes collections de sculptures dans tous les musées d’Europe et d’Amérique; les découvertes archéologiques sur les chantiers de fouilles du XIXe s. En dehors de l’Université, où il exerça de 1881 à 1883 les fonctions de recteur, Michaelis s’était parfaitement intégré dans la société strasbourgeoise. À partir de 1891, il fut membre du chapitre de Saint-Thomas et il remplit les fonctions de scolarque du Gymnase. Il eut de bonnes relations avec les archéologues français d’Outre-Vosges à une époque où, dans un climat très passionnel, l’archéologie elle-même était, entre la France et l’Allemagne, un enjeu et un sujet de conflits, illustrés notamment, en 1892, par la bataille pour la concession du chantier de Delphes, dans laquelle Michaelis était intervenu. Mais, en même temps, il fut correspondant de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres (1903) et membre de la Société des antiquaires de France. Son successeur dans la chaire d’archéologie de Strasbourg, Paul Perdrizet (après les intermèdes de F. Winter et de Frickenhaus, avant et pendant la première Guerre mondiale) lui rendit cet hommage : « L’Institut d’Archéologie de l’Université de Strasbourg est l’œuvre d’un grand savant et d’un galant homme » (Bulletin de la Faculté des Lettres I, 1922-1923, p. 96).
Der Parthenon, Leipzig, 1871 ; « Il monumento delle Nereidi», Annali dell’lstituto, 1874 ; « Die Bildnisse des Thukydides. Ein Beitrag zur griechischen Ikonographie », Strassburger Festschrift, 1877 ; Ancient Marbles in Great Britain, Cambridge, 1882 ; Römische Skizzenbücher, 1891-1892 et 1906 ; « Zur Zeitbestimmung Silanions », Festschrift Ernst Curtius, 1884 ; Die archäologischen Entdeckungen des neunzehnten Jahrhunderts, Leipzig, 1906, réédité en 1908 sous le titre de Ein Jahrhundert kunstarchäologischer Entdeckungen ; Strassburger Antiken, Festgabe XLVI, Versammlung deutscher Philologen und Schulmänner, 1901.
Adolf Michaelis zum Gedächtnis, édité par la Wissenschaftliche Gesellschaft in Strassburg, 1913, avec une autobiographie de Michaelis, rédigée en 1903 ; K. Nohlen, Baupolitik in Reichsland Elsasses-Lothringen 1871-1918, Berlin, 1982, p. 172, 178, 241 ; H. Döhl, « Adolf Michaelis », Archäologenbildnisse, Mayence, 1984, p. 61-64 ; Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, L’Alsace, sous la dir. de B. Vogler, Paris, 1987, p. 305-307; G. Siebert, « La collection des moulages de l’Université de Strasbourg », Actes du Colloque International CNRS, Paris, 1987 (1988), p. 215-221 ; idem, « De Michaelis à Perdrizet », Saisons d’Alsace, n° 111, 1991, p. 97-101 ; G. Feyler, La collection de photographies anciennes de l’Institut d’archéologie classique de l’Université de Strasbourg : le fonds Michaelis, thèse de doctorat inédite, Institut d’archéologie classique de Strasbourg, 1993 ; Neue Deutsche Biographie, t. 17, 1994, p. 429-430 ; G. Siebert, « Michaelis et l’archéologie française », Bulletin de Correspondance hellénique, 120, 1996, p. 261-271.
Gérard Siebert (1995)