Théologien, réformateur, pamphlétaire, (C puis P) (★ Neuenburg am Rhein, Brisgau, vers 1465 † Strasbourg ou Berne 1545). Ascendance inconnue. 1525-1526 à Strasbourg (?) N.N. de Strasbourg ; quelques enfants attestés. Des 40 premières années de sa vie on sait seulement qu’il est entré chez les franciscains conventuels (probablement au couvent de cette obédience de sa ville natale) et qu’il fit des études supérieures: en effet il fut promu le 3 juillet 1515 docteur en théologie à l’Université de Fribourg-en-Brisgau, le même jour que Wolfgang Capiton ©, avec lequel il resta lié sa vie durant : il était alors « lecteur» (et prédicateur) chez les franciscains conventuels (Barfüsser) de Strasbourg, où se trouvait le « studium generale » de la province franciscaine d’Alémanie, dite de Strasbourg. Selon ses dires, il y exerça ces fonctions pendant une douzaine d’années [1507 ?- 1518 ?]. En 1516, il remplaça son provincial souffrant au chapitre général de l’ordre à Chieti près de Gênes, puis devint « custos » de la custodie de Bâle et l’était encore le 19 octobre 1521, où il apparaît comme « lecteur » des franciscains conventuels de Berne, charge qu’il remplit jusqu’au 26 octobre 1524. Gagné entre temps à l’humanisme chrétien par l’étude du Nouveau Testament grec d’Erasme ©, il ne tarda pas à se rallier au mouvement évangélique suscité par Luther et en devint l’un des principaux propagandistes à Berne, en liaison avec Berchthold Haller, le prédicateur de la collégiale Saint-Vincent de cette ville, dont ils furent ainsi les premiers réformateurs. Son zèle évangélique lui causa plus d’une difficulté, mais dans trois cas au moins les autorités bernoises le soutinrent efficacement. En 1522, il défendit ses convictions dans une dispute à Soleure et assista de son propre chef à celle de Zurich de janvier 1523, où il fit la connaissance personnelle de Zwingli, qui tâcha par la suite de modérer un peu son ardeur. Avec Haller il rédigea, en automne 1522, une réplique vigoureuse, mais pleine de longueurs, à la lettre pastorale du 2 mai 1522 de l’évêque de Constance, qui mettait en garde contre les nouvelles doctrines : ce pamphlet intitulé Ermanung et attestant une connaissance approfondie du droit canon et de la situation alarmante de l’Église, parut clandestinement et sans nom d’auteur par les soins de Zwingli vers la fin de 1522 ou le début de 1523. Un an et demi plus tard, il fit paraître un nouvel écrit, daté de Berne le 6 septembre ou octobre 1524 (herbst monat), intitulé Widerrufung et adressé à la ville de Strasbourg : tout ce qu’il avait enseigné, disputé et prêché dans cette dernière cité pendant près de 12 ans, il le rétractait maintenant, concernant la messe, la pénitence, le pape, les indulgences, le purgatoire, l’intercession des saints, le libre arbitre, les vœux, les privilèges des clercs et les biens de l’Église. Cette « Rétractation » fut imprimée immédiatement sous son nom par Kœpfel © à Strasbourg, et connut encore, la même année, trois réimpressions à Strasbourg, Augsbourg et Zwickau. À Berne, pendant ce temps, la controverse en chaire entre Meyer et le prédicateur des dominicains devint de plus en plus virulente, d’autant plus que les laïcs s’en mêlèrent, au point que, pour éviter des troubles plus graves, le magistrat ordonna le 26 octobre 1524 à Meyer et à son contradicteur de quitter la ville immédiatement. Meyer partit aussitôt, jeta le froc et essaya, mais en vain, de trouver en Suisse un poste de prédicateur, à Schaffhouse en mai 1525 et à Bâle en novembre. Finalement, il revint à Strasbourg, où il acquit le droit de bourgeoisie le 17 décembre 1525, six jours après avoir été désigné comme légataire partiel et exécuteur testamentaire par Peter Hochschilt, son ancien « précepteur » et dernier « gardien » des franciscains conventuels strasbourgeois. Très probablement s’y maria-t-il alors avec une strasbourgeoise et fut-il chargé de prêcher à Saint-Thomas, où il vitupéra contre la messe et, en 1526, contre la diète de Spire. Un premier essai de le rappeler à Berne en 1526 échoua à la suite d’une lettre publique de son ancien confrère, le redoutable Thomas Murner ©, qui mettait en garde le magistrat bernois contre le docteur Sébastian « Lanly » de Neuenburg, accusé d’être sacramentaire et sympathisant des anabaptistes. Mais trois ans plus tard, Meyer prenait sa revanche en interceptant avec un agent bernois à Zofingen, le 4 mars 1529, une lettre compromettante adressée à un catholique strasbourgeois par Murner et qui fut en partie la cause du départ précipité de ce dernier de Lucerne en juin 1529. En mai 1529, Meyer eut le poste pastoral de l’église Sainte-Hélène dans la banlieue nord de Strasbourg, puis, au printemps 1531, il fut un des quatre prédicateurs strasbourgeois envoyés à Augsbourg sur la demande de cette ville. Il y fut nommé pasteur de Saint-Georges et eut, en particulier avec son collègue Wolfgang Musculus ©, la tâche extrêmement délicate de faire prévaloir entre les pasteurs d’Augsbourg l’esprit de concorde entre zwingliens et luthériens prôné par Bucer ©. Dans ce but il accompagna ce dernier à Constance en décembre 1534 pour une réunion des réformateurs de l’Allemagne du sud-ouest. En 1535, il fit encore paraître à Augsbourg un gros pamphlet en allemand contre la fiscalité pontificale, mais, insatisfait de son travail et sur les instances de sa femme, dont la mère était restée à Strasbourg, il revint en septembre 1535 dans cette cité, où Hédion © lui obtint du magistrat le 11 décembre 1535 une pension d’un florin par semaine en attendant mieux. Mais dès mars 1536, sur la demande du conseil de Berne, il retourna dans cette ville pour prendre la succession de Haller décédé le mois précédent. Il y resta pendant cinq ans, essayant, mais également en vain, d’établir une entente durable entre ceux de ses collègues partisans d’une concorde avec Luther et ceux d’obédience strictement zwinglienne. Au moins put-il faire paraître son commentaire sur l’Apocalypse de Jean, que l’illustre hébraïsant Pellican © retoucha légèrement et fit imprimer par Froschauer à Zurich en 1539 : Meyer s’en prenait là de nouveau au pape et aussi aux anabaptistes, mais le ton anti-luthérien de la préface n’était pas de sa plume. Il rédigea encore un bref commentaire de l’Épître aux Galates, publié en 1546 à Berne après sa mort. Le 5 mai 1541, il donna sa démission pour raison d’âge et revint à Strasbourg ; là, les prédicateurs, surchargés de travail à cause de la peste, demandèrent au sénat qu’on confie à Meyer le sermon du dimanche soir à la cathédrale et qu’on pourvoie à sa subsistance. Il fit encore paraître à Strasbourg son commentaire des deux Épîtres aux Corinthiens, précédé d’une préface du 1er août 1543 au conseil de Berne. En octobre de la même année, une supplique du convent ecclésiastique strasbourgeois nous apprend que Meyer était frappé de cécité et qu’avec sa femme, de mauvaise santé comme ses enfants, il avait besoin d’un secours annuel en grains. Celui-ci fut accordé, mais deux ans après il mourut octogénaire.
Anonyme en collaboration avec Haller (et Zwingli ?) : Ernstliche ermanung des fridens… Hugonis von Landenberg Bischoff tzu Costantz… † Summarium der… gyfften so in disem mandat vergriffen…, Augsbourg, Philipp Ulhart, 1522/23. Longs extraits dans: L. Wïrz, Neuere helvetische Kirchengeschichte, I, 1, Zurich, 1813, p. 258-287 et réédité en abrégeant les nombreuses longueurs par K. Schottenloher, dans Flugschriften aus den ersten Jahren der Reformation, 4, Leipzig, 1911, p. 275-338 ; D. Sebastian Meyers… widerruffung an ein löblich Freystatt Strassburg der leren die er daselb ungefähr zwölf jahre gepredigt hat, ano MDXXiij im herbstmonat, W. Köpfel), (=VD 16, M 5123), 3 réimpressions contemporaines à [Strasbourg, Augsbourg et Zwickau] (=VD 16, M 5122, M 5121 et M 5124 b.) Des babsts und seiner geistlichen jarmarckt beschrieben durch Sebastianum Mayer der hl. Schrift doctorem, [Augsbourg, Ph. Ulhart], 1535 (= VD 16, M 5118) ; réimpression s.l.n. typ., 1558 ( = VD 16, M 5119) ; In Apocalypsim Johannis apostoli D. Sebastiani Meyer…commentarius, Tiguri, Froschover, 1539 (= VD 16, M 5248). Des extraits en ont été donnés dans : R. Baukham (éd.), Tudor Apocalypse : Sixteenth century Apocalypsicism, Appleford, Abingdon, Oxford, 1978. Traduction allemande de 1544 par Laurentius Agricola du couvent de Medingen (Bavière) restée manuscrite (= Munich, Staatsbibliothek, ms. cgm 6592 : cf. G. Leidinger, in : Münchener Jahrbuch der bildenden Kunst, 1910, II, p. 285) ; In utramque d. Pauli epistolam ad Corinthios commentarii D. Seb. Meieri, Strasbourg, 1543 (cf. [Scheurer], p. 223) et rééd. à Francfort s. M. par P. Brubach, 1546 (1549) (= VD 16, M 5117) ; Annotationes breves et eruditae doct. Seb. Meieri in epistolam ad Galatas, Berne, M. Apiarius, mars 1546, publ. Par Eberhart von Rümlang, alors recteur de l’école humaniste de Berne (= VD 16, B 5084). Étant donné que la Ernstliche ermanung a paru sans nom d’auteur et témoigne d’un indéniable talent satirique, on a attribué à Meyer encore d’autres pamphlets anonymes, mais en partie sans preuves absolument convaincantes : cf. Schottenloher, t. Il, n° 15643-15645, et Traugot Schiess, « Drei Flugschriften aus der Reformationszeit », Schweizerische Zts. f. Gesch., 10, 1930, p. 298-348, spécialement p. 330-332. Par contre reste en suspens l’attribution à lui faite par A. Götze du pamphlet Von dem pfründtmarckt der curtisanen und tempelknechten, (Anno Domini MDXXI mense septembri), s.l.n. typ. [Bâle, Adam Pétri ??]. Ce pamphlet a été réédité par O. Schade, Satiren und Pasquille aus der Reformationszeit, t. III, Hannovre, 1858, p. 59-73, 244-249. Cf. A. Götze, « Vom pfründmarkt der curtisanen », Zts. f. deutsche Philologie, 37, 1905, p. 193-206. Cette attribution semble avoir été admise par les éditeurs de VD 16, M 5120, mais encore être en suspens pour les éditeurs des Microfiches 279, (1979), n° 796 et pour les rééditeurs de cet écrit dans Flugschriften der frühen Reformationsbewegun (1518-1524), hg. v. A. Laube, I, Berlin, 1989, p. 90-104, qui confirme que c’est une impression d’Adam Petri à Bâle. Ce serait le premier en date des écrits de Meyer.
Archives municipales de Strasbourg, XXI, 1541, f° 315 v°, 500 v° et passim ; XXI, 1543, f° 432 v° ; AHS, 1208 (1525) ; Archives du Chapitre de Saint-Thomas, déposées aux Archives municipales de Strasbourg, 43/104 (1524), 69/29 (1532), 69/43 (1543), 159/59 (1534), 166/f° 335 r° (1528) ; Bibliothèque municipale de Strasbourg, ms. 98, f° 5 v° (1535). Augsburg, Stadtarchiv, passim. Bern, Staatsarchiv, passim. Zurich, ZB, ms. F 47, n° 21 (1537) et n° 30 (1539) ; H. Mayer, Die Matrikel der Universität Freiburg i. Br., I, Fribourg, 1907, p. 221, n° 25 ; Annales de Brant, n° 4672, 4686, 4689, 5113, 5121 ; Charles Wittmer et J. Charles Meyer, Le Livre de bourgeoisie de la ville de Strasbourg 1440-1530, Strasbourg, n° 8011 ; Politische Correspondanz der Stadt Strassburg, I, n° 467, p. 265-266 ; V. Anshelm, Berner Chronik, t. IV et V, Bern, 1893, et 1896, passim ; R. Steck et G. Tobler, Aktensammlung zur Geschichte der Berner Reformation, n° 166/167, 218, 491, 499 ; Sammlung der Eidgenössischen Abschiede, IV 1 b, p. 72-73 ; B. Hidber, « Doktor Thomas Murners Streithandel », Archiv für schweizerische Gesch., 10, 1855, p. 290- 293 ; Das Chronikon des Konrad Pellikan, B. Riggenbach (hsg.), Bâle, 1877, p. 131 ; [Scheurer], p. 227-230 ; Les correspondances des réformateurs déjà publiées ou en cours de publication : surtout Zwingli et Vadian, mais aussi Œcolampade, Capiton, Bucer, Blaurer, Bullinger, Calvin, les réformateurs dans les pays de langue française édités par Herminjard, etc. H. Pantaleon, Prosopographiae… pars tertia, Basiliae, 1566, p. 140 (donne les dates de vie et son soi-disant portrait) ; [S. Scheurer], « Leben Doctor Sebastian Meyers von Neustatt [sic !] am Rhein », Bernerisches Mausoleum, 2, 1740, p. 111-230 (avec portrait probablement fantaisiste) ; G. J. Kuhn, Die Reformatoren Berns im 16. Jahrhundert, Bern, 1828, p. 85-125 ; C. B. Hundeshagen, Die Konflikte des Zwinglianismus… in der Berner Landeskirche, Bern, 1842, passim ; F. Huggle, Gesch. d. Stadt Neuenburg am Rhein, Fribourg Br., 1876-1881, p. 258-259 et passim pour les dénommés Meyer et Lämmlin ; Allgemeine deutsche Biographie, 1884, p. 613-615; K. Eubel, Gesch. der deutschen Minoriten-Provinz, Würzburg, 1886, passim ; F. Roth, Augsburgs Reformationsgesch., Il, Munich, 1904, passim ; J. Ficker, O. Winckelmann, Handschriftenproben, II, 1905, n° 63 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 229 : S. Major, et p. 293-294: Meyer ; Th. von Liebenau, Der Franziskaner Dr. Thomas Murner, Fribourg Br., 1913, p. 233 et 245 ; Realencyklopädie für protestantische Theologie und Kirche, 3 Aufl., t. XXIV, Leipzig, 1913, p. 101-102; R. Feller, Gesch. Berns, II, Bern, 1954, passim ; Alemania franciscana antiqua, I, Ulm, 1956, p. 116-118 : Konstantin Schäfer, Neuenburg am Rhein ; t. IV, 1958, p. 5-58 : Paul Lachat, Bern, spécialement p. 46-50 ; t. VIII, 1962, p. 5-30 : Histoire de Strasbourg des origines à nos jours, sous la dir. de G. Livet et F. Rapp, Strasbourg, en particulier p. 27; K. Guggisberg, Bernische Kirchengesch., Bern, 1958, passim ; Bopp, Die evangelischen Geistlichen in Elsass-Lothringen, 1959, n° 3496 et p. 627 ; R. Stupperich, Reformatoren-Lexikon, Gütersloh, 1981, p. 145-146; Deutsches Literatur-Lexikon, 5. Aufl., t. X, Bern, 1986, col. 996.
Portrait : celui de Pantaleon n’a aucune valeur, puisqu’il se trouve encore pour d’autres personnages. Celui de [Scheurer], une gravure sur cuivre avec la légende : « Sebast. Major. Primus Evang a : Bern : ab A : 1518 semble être tout aussi fantaisiste et dater de 1740 ; en tout cas il ne figure pas dans le Bildniskatalog de Hans Wolfgang Singer, série 1 et 2.
† Jean Rott (1995)