Skip to main content

METZGER Jean Ulrich

Homme politique, juriste, agronome et homme d’affaires, (Pl) (★ Colmar 26.9.1752 † Colmar 25.2.1836).

Fils de Jean Ulrich Metzger (★ Colmar 20.8.1719 † Colmar 28.12.1788), docteur en médecine, physicien et conseiller de la ville de Colmar, praticien ordinaire du comté de Horbourg-Riquewihr, et de Marie Élisabeth Gambs, de Colmar. ∞ 24.10.1774 à Colmar Marie Catherine Ernst (★ Colmar 12.9.1753), fille de Jean Ernst, régisseur de domaine agricole, et d’Anne Marguerite Meyer ; 5 enfants, dont: Madeleine Cléophée Elisabeth (★ Colmar 6.8.1777), ∞ André Frédéric Hartmann © ; Jean Ulrich (★ Colmar 2.3.1780), contrôleur des droits réunis à Colmar ; Louise Marguerite Madeleine (★ Colmar 26.12.1784), ∞ André Birckel fils, négociant à Colmar et fabricant à lllhaeusern, veuf d’Élisabeth Bartholdi. Le jeune Metzger s’orienta d’abord vers la théologie protestante, qu’il étudia à l’Université de Tübingen. Puis il abandonna cette voie et s’inscrivit à la faculté de Droit de Strasbourg, où il obtint le diplôme de licencié ès lois. Contrairement à ce qu’affirme la notice consacrée à Metzger par Sitzmann, puis toutes celles qui s’en sont inspirées depuis, Metzger n’a jamais été médecin : il s’agit d’une confusion avec son père, qui portait le même prénom que lui. Le juriste fit ses premières armes en travaillant, en compagnie du jeune Jean François Reubell ©, auprès de Jean François Braconnot, procureur au Conseil souverain d’Alsace, grâce auquel il acquit une grande connaissance des lois et privilèges de la province. Toutefois, étant luthérien, l’accès au barreau ou à la magistrature près le Conseil souverain lui restait interdit. Metzger obtint alors, en 1772, une charge de conseiller aulique du landgrave de Hesse-Darmstadt. Le 23 mars 1784, il se fit recevoir bourgeois de Colmar et entra la même année au Conseil de la ville, où il obtint en 1786 l’une des charges de stettmestre en survivance. Esprit éclairé, Metzger fut reçu, par ailleurs, membre de la Société de lecture de Pfeffel ©, de la Tabagie littéraire de Colmar et de la loge maçonnique de la Concorde. Le compte rendu de Metzger dans les procès-verbaux de la Société littéraire en 1781 a permis d’identifier Lerse © comme auteur du manuscrit sur le Retable d’Issenheim, conservé à la Bibliothèque municipale de Colmar. Devenu l’un des « permanents » de l’Assemblée provinciale d’Alsace à partir de 1787, il entra à la commission intermédiaire pour le district de Colmar, puis fut successivement membre du directoire du district en 1790, du directoire du département du Haut-Rhin en 1791. En avril de la même année, il rejoignit les rangs de la Société des Amis de la Constitution de Colmar, où il fut maintenu lors de l’épuration de février 1794, et dont il exerça la charge de président adjoint en messidor an II. Auparavant, en 1792, Metzger avait aussi exercé les fonctions de juge suppléant au tribunal du district de Colmar. À la fin de l’année suivante, il s’opposa à une tournée d’Euloge Schneider © dans le Haut-Rhin, puis parvint en 1794 à soustraire les pasteurs protestants du district de Colmar à la déportation d’ecclésiastiques à Besançon, ordonnée par les représentants en mission Goujon et Hentz ©. Notable de la commune de Colmar, Metzger fut un important acheteur de biens nationaux dans le Haut-Rhin, et acquit notamment l’ancien couvent des Dominicains de Guebwiller. Élu au Conseil des Cinq Cents sous le Directoire, il fut chargé d’importantes missions par le gouvernement. En 1797-1798, il fut surtout le commissaire extraordinaire du Directoire exécutif pour les négociations en vue du rattachement à la France de la République de Mulhouse. Lors de la fête de la Réunion célébrée le 15 mars 1798, ce fut Metzger qui eut l’honneur de se faire remettre, au nom de la France, les clés de la ville de Mulhouse. Après le 18 Brumaire, il fit partie du Corps législatif, et ceci jusqu’en 1805, date à laquelle il obtint le poste de directeur des contributions indirectes et des droits réunis du département du Haut-Rhin. Il publia, sous le Consulat, une brochure intitulée Observations sur la nécessité de conserver le tribunal d’appel à Colmar, chef lieu du département du Haut-Rhin. Entré au conseil municipal de Colmar le 15 novembre 1811, il y siégea jusqu’au 28 décembre 1815. Dans le domaine religieux, Metzger fut en 1802 le principal conseiller du gouvernement en vue de la constitution des Églises luthériennes de France, codifiée par la loi de germinal an X (les fameux Articles organiques du culte de la Confession d’Augsbourg). Par ailleurs, devenu membre du Directoire de la Confession d’Augsbourg en 1809, Metzger présida à partir de 1820 la Société biblique de Colmar. Auparavant, en 1807, il participa au côté du préfet Desportes © à la réorganisation de la franc-maçonnerie à Colmar, et devint orateur puis vénérable (1811-1814) de la loge de la Concorde, avant de transmettre le flambeau au secrétaire général du Haut-Rhin, Briche ©. Metzger fut enfin une figure marquante et un novateur important dans le domaine agricole. Passionné d’agronomie dès sa jeunesse et grand propriétaire foncier, il porta ses premiers efforts sur la suppression de la jachère et la création de prairies artificielles, en vue d’intensifier l’élevage du bétail. À cet effet, il développa la fumure des prés et encouragea la culture du trèfle. Il contribua ainsi au succès des plantes fourragères après le partage et le morcellement des domaines nationaux, la nécessité de remettre rapidement en valeur des terres parfois longtemps délaissées provoquant l’intérêt pour les procédés nouveaux de culture intensive. En outre, Metzger introduisit en Haute-Alsace l’élevage du ver à soie et, surtout, développa considérablement la culture de la garance. Ayant acquis un grand moulin sur le canal du Logelbach (la grande filature de Jacques Barth ©), il y dirigea lui-même les opérations de transformation de cette plante tinctoriale. Devenu un important négociant de ce produit, Metzger fut notamment le fournisseur de la grande manufacture de toiles imprimées des frères Haussmann © au Logelbach. La fin de la vie de Metzger fut cependant attristée par un incident lié à ses anciennes fonctions dans l’administration fiscale, et mettant en cause des « gens de la terre » : à la fin de 1833, des viticulteurs et des maraîchers colmariens, mécontents de l’augmentation des taxes appliquées par la recette locale, s’en prirent injustement à Metzger, le menacèrent de mort, et saccagèrent sa maison. Il en fut très affecté et décéda un peu plus de deux ans après ces événements. Metzger a été fait grand officier de la Légion d’honneur par décret impérial du 15 ventôse an XIII (6 mars 1805). Son monument funéraire se trouve au cimetière du Ladhof à Colmar.

Archives départementales du Haut-Rhin, L 359 et 4 E Notariat Guebwiller, an VI : divers actes concernant l’achat et la vente de biens nationaux ; Archives municipales de Colmar,  registres paroissiaux protestants et 0010,1 ; Bibliothèque municipale de Colmar, Ms 936 (papiers Metzger) et Ms 942 (documents maçonniques) ; A. Véron-Réville, Histoire de la Révolution française dans le département du Haut-Rhin, 1787-1795, Paris-Colmar, 1865, p. 283; Ch. Foltz, Souvenirs historiques du Vieux Colmar, Colmar, 1887, p. 269-272 (notice Metzger) ; Ant. Meyer, Biographies alsaciennes avec portraits de photographie, 3e série, 1885-1886; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 286 ; A.-M.-P. Ingold, « Metzger et les de Beer », Bulletin du Musée historique de Mulhouse, 1909, p. 70-88 ; Jean- Ulrich Metzger, La France de l’Est du 27.2.1928 ; « De la rénovation agricole à la politique Jean-Ulrich Metzger », Dernières Nouvelles d’Alsace du 25.2.1958 ; P. Bolchert, « La petite académie colmarienne. La Société de lecture de Pfeffel (1760-1820) », Annuaire de la Société historique et littéraire de Colmar, 1967, p. 79-89 ; M. Scheidhauer, « J.-U. Metzger et l’origine des Articles organiques en 1802 », Revue d’histoire et de philosophie religieuses, 1974, n° 2, p. 203-217 ; CNRS, Grands notables du Premier Empire – Bas-Rhin, 1984, p. 42-43 ; Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, L’Alsace, sous la dir. de B. Vogler, Paris, 1987, p. 303-304.

Jean-Marie Schmitt (1995)