Premier typographe alsacien (★ Sélestat vers 1410 † Strasbourg 12. 12. 1478, inhumé au cimetière de la chapelle Saint-Martin, côté nord-est de la cathédrale, le 13 décembre 1478).
Fils de Nicolaus Mentelin et d’Elisabeth N. ∞ I Madeleine N. († vers 1460); 2 filles: Salomé qui épousa l’imprimeur Adolf Rusch et la seconde (prénom inconnu) qui épousa l’imprimeur Martin Schott ©. ∞ II Elisabeth von Matzenheim († 1473). Études à l’école latine de Sélestat. Mentelin acquit le droit de bourgeoisie à Strasbourg (19 avril 1447). Mentelin exerça d’abord le métier d’enlumineur et de notaire à l’évêché, puis vers 1458 il publia les premiers imprimés en Alsace (atelier sis rue de l’Épine) et passa longtemps comme l’inventeur de la typographie. Mentelin publia de 1458 à 1478 au moins 42 ouvrages, parmi lesquelles on compte: une Bible latine à 49 lignes (1460-1461), le premier livre imprimé en Alsace, la première édition allemande de la Bible (avant 1466), un Ars moriendi (vers 1461), la Summa secunda secundae partis de Thomas d’Aquin (vers 1463), le De civitate Dei d’Augustin (1468), le Fortalitium fidei d’Alfonso de Espina (1470), les Comœdia de Térence (1470), le Speculum quadruplex de Vincent de Beauvais (1473), le Speculum morale (1476), le Parzival de Wolfram von Eschenbach (1477), le Titurel du Pseudo Wolfram (1477), un Almanach pour l’année 1477, etc. Mentelin signa rarement sa production. Ses gros in-folios étaient imprimés en 2 colonnes avec des caractères gothiques et les initiales étaient parfois peintes à l’encre rouge et bleue. À signaler deux éditions particulières: les Etymologies (1473) d’Isidore de Séville, où Mentelin illustra le texte de six gravures sur bois, et le Summa de casibus conscientiae (1473) d’Astesanus d’Ast, où Mentelin imprima le texte à l’encre rouge et noire. Grâce à ses démarches et à ses feuilles d’Annonces d’éditeurs, sa production se répandit dans toute l’Europe. Jacob Wimpheling © lui rendit hommage dans son Epitome rerum germanicarum (1505). L’empereur Frédéric III lui décerna des lettres de noblesse (27 octobre 1466), l’autorisant à porter comme armoiries le lion de sa ville natale.
Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 270-271; K. Schorbach, « Der Strassburger Frühdrucker J. Mentelin (1458-1478) », Veröffentlichungen der Gutenberg-Gesellschaft 22, 1932; Charles Wittmer et J. Charles Meyer, Le Livre de bourgeoisie de la ville de Strasbourg 1440-1530, Strasbourg, I, 1948, p. 57, n° 544; F. Ritter, Histoire de l’imprimerie alsacienne aux XVe et XVIe s., Strasbourg, 1955, passim, en part. p. 19 et s.; idem, « Les imprimeurs de Sélestat aux XVe et XVIe s. », Annuaire de la Société des Amis de la Bibliothèque de Sélestat, 1959, p. 49-51; Catalogue de l’exposition Cinquième centenaire de la mort de J. Mentelin (1410-1478). Premier imprimeur alsacien originaire de Sélestat (Bibliothèque humaniste du 23 septembre au 15 octobre 1978) ; H. Meyer, « La légende de J. Mentelin, inventeur de l’imprimerie » Annuaire de la Société des Amis de la Bibliothèque de Sélestat, 1978, p 101-104; Encyclopédie de l’Alsace, VIII, 1984, p. 5046-5047 ; J.-L. Kahn, « Le Fortalitium fidei d’Alfonso de Espina imprimé par Mentelin en 1470 », Annuaire de la Société des Amis de la Bibliothèque de Sélestat, 1986, p. 25-61, 1987, p. 62-128; idem, « Mise au point sur un incunable strasbourgeois célébre : Le Fortalitium Fidei d’Alphonse De Spina imprimé par Mentelin en 1470 », Annuaire de la Société des Amis du Vieux-Strasbourg, 1982, p. 23-28 ; idem, « L’imprimerie alsacienne au XVe s. Les incunables », La mémoire des siècles. 2000 ans d’écrits en Alsace, Strasbourg, 1988, p. 120 et s. ; idem, « Mentelin et l’imprimerie à Strasbourg jusqu’en 1475 », Bulletin du bibliophile, 1990, 2, p. 345-370.
Iconographie : Un portrait de Mentelin a été publié dans Roth-Scholtz, Icones Bibliopolarum et Typographorum, I, 1726, p. 35 (gravure sur cuivre de Michel Rosier) ; un buste de Mentelin, en albâtre, sculpté en 1843 par Catherine Sichler-Vallastre, est conservé à la Bibliothèque humaniste de Sélestat et un autre à Strasbourg, place des Étudiants.
Hubert Meyer (1995)
