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MEISSNER Otto Daniel Leberecht

Homme politique allemand, (Pl) ( Bischwiller 13.8.1880 † Munich 27.5.1953).

Fils de Gustav Meissner, originaire de Prusse occidentale, directeur des postes à Bischwiller, et d’Albertine Hetzel, originaire de Bavilliers, département du Haut-Rhin avant 1870). ∞ 6.7.1908 à Strasbourg Hildegard Roos, de Boulay, Moselle; 2 enfants. Études au lycée de Strasbourg, de droit à Strasbourg et Berlin, 1903 doctorat en droit à Erlangen. Fonctionnaire de la Reichsbahn à Strasbourg, lieutenant d’infanterie en 1915 sur le front de l’est, Meissner dirigea en 1917 les transports ferroviaires à Bucarest et fut chargé d’affaires en 1918 auprès de la République ukrainienne autonome antisoviétique. « À travers sept révolutions », comme l’écrira son fils, il revint le 13 mars 1919 à Berlin dans un train spécial composé par lui en Ukraine, alors qu’il était attendu à Strasbourg où, affirme-t-il, l’administration française voulait lui confier la direction des chemins de fer d’Alsace. Sa mère, son épouse, sa belle-mère étant d’ascendance française, lui-même né en Alsace, son père ayant épousé, en secondes noces, la Strasbourgeoise Marie Leibrock, arrière-petite nièce du général Kléber ©, la famille Meissner fut classée dans le groupe A des « réintégrés de plein droit ». À Berlin, Meissner devint en 1920 secrétaire général (chancellerie) du président du Reich, le socialiste Friedrich Ebert, qui le nomma secrétaire d’État, en 1925, du maréchal von Hindenburg et, à partir de 1933, d’Adolf Hitler qui le nomma en 1937, Reichsminister. Arrêté le 23 mai 1945 par les Alliés, Meissner, qui n’était pas membre du parti NSDAP, fut acquitté le 14 avril 1949 dans le « procès de la Wilhelmstrasse », puis blanchi par trois chambres de dénazification. Il personnifiait le type du fonctionnaire allemand, compétent, patriote, apolitique avec, comme le prouve sa carrière, une grande facilité d’adaptation. « En janvier 1940, rapporte Robert Ernst, lors d’une réception pour le 60èmeanniversaire de Meissner, nous éprouvions les mêmes espoirs et les mêmes craintes à propos de l’Alsace. Meissner, en tacticien prudent, laissait entendre qu’il souhaitait être nommé Protektor de l’Alsace-Lorraine ». À la suite de cette conversation, Ernst se procura les documents relatifs à la création du Protectorat de Bohême-Moravie, et informa Meissner qu’il tenait une liste toute prête pour la constitution du gouvernement sous l’autorité du Protektor du nouveau Reichsland. Par la Präsidialkanzlei passaient entre autres les demandes de grâce soumises à Hitler. Dans la préface au livre de souvenirs du fils de Meissner, Hans-Otto, le président Pierre Pflimlin © écrit : « Otto Meissner, le père de l’auteur, a sauvé la vie à beaucoup d’Alsaciens à son poste de chef de la Chancellerie présidentielle. Il a pu éviter l’exécution de 21 résistants alsaciens condamnés en 1943 par le tribunal de la guerre du Reich. Parmi les personnes ainsi sauvées se trouvait mon ancien collègue Robert Heitz © qui a évoqué cette histoire dans son livre et qui, peu avant sa mort, m’a conseillé d’écrire cette préface ».

Meissner fut l’auteur de plusieurs traités de droit constitutionnel ou administratif, et dirigea la rédaction de Elsass und Lothringen, deutsches Land, Berlin, 1941 (Meissner y figure à côté de Hitler à la sortie de la cathédrale de Strasbourg, le 28 juin 1940), et de Staatssekretär unter Ebert, Hindenburg, Hitler, Der Schicksalsweg des deutschen Volkes von 1918 bis 1945, wie ich ihn erlebte,Hambourg, 1950.

R. Heitz, À Mort, 1946, p. 104 ; R. Ernst, Rechenschaftsbericht eines Elsässers, Berlin, 1954, p. 229-230; Biographisches Wörterbuch der deutschen Geschichte, 1974, p. 702-703; H.- O. Meissner, Strassburg, o Strassburg, eine Familiengeschichte,Esslingen-Munich, 1986; Neue Deutsche Biographie, XVI, 1990, p. 702-703.

† Alphonse Irjud (1995)