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MEÏR ben BARUCH de ROTHENBURG dit le MaHaRaM

Rabbin, (I) ( Worms v. 1220 d. Ensisheim 27.4.1293).

Fut un des plus grands décisionnaires de tous les temps. Disciple des Tosafistes, élève de Yehiel fils de Joseph de Paris, de Samuel de Falaise et d’Isaac fils de Moïse de Vienne, il acquit très vite une réputation qui lui valut d’être successivement nommé rabbin à Rothenburg ob der Tauber, Kostnitz, Augsbourg, Worms, Nuremberg et enfin à Mayence. L’empereur le considéra comme le représentant des juifs du Saint Empire. Lors des persécutions contre les juifs, Meïr résolut de quitter l’Allemagne pour la Palestine. Reconnu en Lombardie, dénoncé, arrêté par les hommes de l’évêque de Bâle, et livré à l’empereur Rodolphe de Habsbourg ©, qui le rendit responsable de l’évasion des juifs de son empire, ce qui constituait une perte pour son trésor. Il le fit transférer à Ensisheim. Meïr y vécut environ cinq années dans un régime de semi-liberté, étudiant, enseignant aux nombreux disciples qui étaient venus le rejoindre, répondant à des centaines de questions écrites par des responsa qui nous sont parvenus, traitant les problèmes nouveaux posés par les circonstances. Bien que ces responsa n’eussent rien de contraignant, ils constituaient une jurisprudence adaptant la loi juive à la vie quotidienne. Les communautés juives avaient proposé à l’empereur une rançon de 20 000 marcs d’argent en échange de sa liberté, et l’empereur était disposé à accepter, mais Meïr s’y opposa, ne voulant pas créer un précédent. Après sa mort, il fut enterré à Ensisheim et plus tard dans le cimetière de Worms.

Les écrits de Meïr, les Teshuvot Maharam Me-Rothenburg, ses gloses et scolies sur de nombreux traités talmudiques furent largement diffusées. Ils furent pour la première fois imprimés à Crémone en 1537. Des manuscrits sont conservés à la Bibliothèque vaticane, à Turin et à Munich (Beer Mayim Rabim). Meïr laisse aussi une œuvre poétique : Qina : Shaali serupha ha esh., écrite en souvenir de l’autodafé du Talmud dont il fut témoin à Paris en 1242.

H. Graetz, Geschichte der Juden, 2e éd., VII, Leipzig, s.d., p. 107, 170-172, 188, 189-191, 254; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 477 (sous Rabbi Meïr) ; M.-L. Margolis, A. Marx, Histoire du Peuple Juif, Paris, 1930, p. 350, 354, 372 ; S. Winninger, Grosse jüdische national Biographie, IV, 1934, p. 313 ; Encyclopedia Judaica, 1971 ; Encyclopédie de l’Alsace, X, 1985, p. 6212-6213.

Robert Weyl (1995)