Syndicaliste et homme politique, (C) (★ Saverne 31.7.1897 + Strasbourg 25.12.1966).
Fils de Henri Meck, modeleur sur bois, et de Madeleine Ernwein. Célibataire. Études au collège de Saverne. Mobilisé quelques mois en 1914, rappelé en 1916 dans une unité engagée en Russie, ramenée sur le front occidental après l’armistice de Brest-Litovsk en décembre 1917. Après un bref passage au Grand séminaire de Strasbourg, Meck entra comme permanent syndical à la Fédération des syndicats indépendants, le 1er juin 1919. Fin 1919, il devint secrétaire syndical dans les houillères de Moselle, à Merlebach. En 1922, il devint secrétaire général de la Fédération des syndicats indépendants d’Alsace et de Lorraine, fonction qu’il exerça jusqu’en 1946, et en 1936, président de l’Union régionale des syndicats chrétiens d’Alsace et de Lorraine, dont il était secrétaire général depuis la fondation, en juin 1924. Membre du comité de la Fédération internationale des syndicats chrétiens de mineurs dès 1921, il en fut le président de 1932 à 1940. C’est en tant que dirigeant syndical que Meck fit une brillante carrière politique. Membre de la section strasbourgeoise de l’Union populaire républicaine (UPR) dès 1919, il se situa à l’aile gauche, résolument régionaliste, du parti jusqu’en août 1926. En 1926, il défendit les signataires du Heimatbund. Il entra au comité directeur de l’UPR en 1926, comme représentant des syndicats chrétiens. Face à la radicalisation de la vie politique alsacienne à partir de 1926-1927, Meck adopta une attitude plus modérée et s’efforça de préserver l’unité du parti. En 1928, il fut désigné comme candidat de l’UPR aux élections législatives dans la circonscription de Molsheim. Élu, il fut réélu sans difficulté en 1932 et en 1936. À la Chambre des députés, il adhéra au groupe des Démocrates populaires, qu’il quitta en juin 1934, à la suite d’un différend sur l’attitude à adopter à l’égard du gouvernement Doumergue. En 1936, il adhéra au Groupe indépendant d’action populaire, fondé par les députés UPR et quelques collègues alsaciens et lorrains. Il fut à deux reprises président de la Commission du Travail de la Chambre des députés et participa très activement à l’élaboration de la législation sociale.
En 1931, plusieurs lois, adoptées sur sa proposition, améliorèrent les assurances sociales et le système de retraites d’Alsace et de Lorraine. Il fit également plusieurs propositions de loi sur l’assurance-chômage, sur la généralisation du régime des allocations familiales, sur l’institution de conseils économiques régionaux. En juin 1936, il refusa la confiance à Léon Blum, mais vota la plupart des lois sociales proposées par le gouvernement de Front populaire. Il dénonça à plusieurs reprises les tentatives de monopole syndical de la CGT. Après la scission de l’UPR en novembre 1928, il se fit le champion de la réunification et se prononça contre la politique de Volksfront, politique de collaboration avec les autonomistes et les communistes alsaciens. Le 24 juillet 1933, Meck devint maire de Molsheim, fonction qu’il exerça jusqu’en 1940. Il créa les « dimanches sociaux » et les « sessions chrétiennes sociales » de Molsheim. De 1934 à 1940, il fut conseiller général de Benfeld. En mai 1938, Meck fut élu président de la commission départementale de l’UPR du Bas-Rhin. Le 10 juillet 1940, il vota le projet de loi accordant les pouvoirs constituants au maréchal Pétain. Expulsé d’Alsace en décembre 1940, il se réfugia en zone libre et séjourna à Avignon. Début septembre et fin octobre 1942, il protesta avec force auprès du gouvernement contre l’incorporation de force des Alsaciens-Lorrains dans la Wehrmacht. En septembre 1944, Meck fut appelé à Paris en tant qu’expert en matière d’assurances sociales. De retour en Alsace, Meck participa, en février 1945, à la fondation d’un nouveau parti catholique alsacien dans le Bas-Rhin, le Parti républicain populaire (PRP), et fut élu membre du comité exécutif provisoire du nouveau parti. Il se prononça pour l’adhésion au Mouvement républicain populaire (MRP), ce qui se fit fin juillet 1945. Il devint la personnalité dominante du MRP du Bas-Rhin. Il présida la Fédération départementale du MRP à partir de 1960. En septembre 1946, il devint président de la Fédération des syndicats chrétiens d’Alsace et de Lorraine, dénomination de la Fédération des syndicats indépendants depuis 1936, et de l’Union régionale des syndicats chrétiens d’Alsace et de Lorraine. Il abandonna ses fonctions en 1957, mais polémiqua très vigoureusement, en 1964, contre l’abandon de la référence chrétienne. Il défendit ses thèses au congrès de mai 1965 contre Théo Braun © et Gabriel Wackermann ©, et fut élu, le 16 mai 1965, président d’honneur de la nouvelle Union régionale Alsace-Moselle de la CFTC maintenue.
En septembre 1945, Meck fut réélu maire de Molsheim et le resta jusqu’à son décès. Conseiller général de Benfeld de 1945 à 1955, de Schirmeck de 1955 à 1958, et de Molsheim de 1958 à 1966, il fut président du Conseil général du Bas-Rhin de 1960 à 1966. En octobre 1945 et en juin 1946, Meck fut élu député à la première et à la seconde Constituante sur la liste MRP. Président de l’Intergroupe du syndicalisme chrétien, il présida la Commission du travail et de la Sécurité sociale de l’Assemblée constituante. Élu député du Bas-Rhin à l’Assemblée nationale en novembre 1946, son mandat lui fut renouvelé en 1951 et 1956. De 1951 à 1955, il fut président de la Commission du travail de l’Assemblée nationale. Il fit adopter, en 1948-1950, une série de quatre lois sur les assurances vieillesse-invalidité en Alsace et en Moselle, et parvint à maintenir le régime local des assurances sociales. En novembre 1958, il fut élu député de la 5e circonscription du Bas-Rhin (Molsheim-Villé), puis réélu en 1962. À l’élection présidentielle de 1965, il se distança de la candidature de Lecanuet et soutint résolument celle de De Gaulle au 2e tour. À la veille des élections législatives de 1967, il se rallia au Comité d’action pour la Ve République qui lui avait conféré son investiture. Commandeur de l’ordre de Saint-Grégoire-le-Grand.
Archives municipales de Strasbourg, papiers du chanoine Muller ; Nouveau Rhin Français du 29.4.1958; Le Nouvel Alsacien du 28.12.1966; Dernières Nouvelles d’Alsace du 28.11.1966 ; 70 Jahre Sécurité Sociale im Elsass und Lothringen, Strasbourg, 1955 ; J.-L. Hirtler, Le Mouvement Républicain Populaire dans le Bas-Rhin en 1945-1946, Strasbourg, 1970; Jolly, dir., Dictionnaire des Parlementaires français 1889-1940, VII, 1972, p. 2420-2421 ; Himly, Chronologie de la Basse Alsace, Strasbourg, 1972, p. 318, 319, 325, 328; Chr. Baechler, Le Parti catholique alsacien, 1890-1939. Du Reichsland à la République jacobine, Strasbourg-Paris, 1982; : Encyclopédie de l’Alsace, VIII, 1984, p. 5021-5022; Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, L’Alsace, sous la dir. de B. Vogler, Paris, 1987, p. 287-289; A. Irjud, « Des épreuves de la guerre à la Libération (1939-1947) », in Chr. Baechler (et alii), Alfred Oberkirch, 1876-1947, un médecin alsacien dans la tourmente politique,Strasbourg, 1990, p. 119-136 ; Maitron, dir., Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, t. 36, 1990, p. 190-192 (bibliographie).
Christian Baechler (1995)