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MATTER Jacques

Professeur de théologie et inspecteur général, (Pl) ( Alteckendorf 31.5.1791 Strasbourg 22.6.1864).

Fils de Jean Matter, propriétaire cultivateur, et d’Anne-Marie Schwœbel. ∞ 31.3.1819 à Strasbourg Marie Sophie Pauline Goguel, fille de Georges Frédéric Goguel, fabricant de tabac, et de Marie Marguerite Élisabeth Saltzmann, fille de Frédéric Rodolphe Saltzmann, homme de lettres. Études au Gymnase de Strasbourg, au Séminaire protestant et à la faculté de Théologie de Strasbourg, à Göttingen (1814), à Paris (1815-1817), où il fut protégé par l’archéologue numismate Millin. En 1817, il soutint à Strasbourg deux thèses portant sur des questions d’histoire ancienne. En 1821, il obtint le titre de docteur en théologie. Matter exerça une activité multiforme: enseignant, administrateur, pasteur et écrivain très fécond. Professeur d’histoire au collège royal de Strasbourg (1818- 1820), professeur de philosophie au Séminaire protestant de 1820 à 1843 et de 1846 à 1864, professeur d’histoire ecclésiastique à la faculté de Théologie protestante (1820-1832). Proviseur du Gymnase de 1822 à 1828, qu’il contribua àmoderniser et où il imposa le français comme langue d’enseignement pour toutes les matières. Comme inspecteur, il favorisa la diffusion du français mais sans excès: « il ne s’agissait pas de bannir l’allemand, il n’était question que d’admettre le français ». Matter fut un des rares à prendre conscience d’un risque de clivage social entre ceux qui maîtrisent le français et les milieux populaires qui continuent à l’ignorer. Nommé inspecteur d’académie en 1818, puis inspecteur général des études (1828-1845), il contribua, par sa collaboration à des revues professionnelles ou par la rédaction de manuels comme L’instituteur primaire… (1843), à la formation des enseignants. En 1845, il démissionna de ces fonctions pour être nommé inspecteur général des bibliothèques, charge résignée au bout d’un an. Désormais, il se consacra plus particulièrement à des recherches sur les doctrines philosophiques ésotériques, notamment sur Swedenborg, ce qui contribua à faire de lui le chef de file d’un cercle de théosophes strasbourgeois. De 1825 à 1829, il fut pasteur à Saint-Thomas. En 1834, il tenta une expérience politique en se présentant, sans succès, aux élections législatives à Wissembourg.

Matter a laissé une œuvre littéraire abondante et variée, dans laquelle les préoccupations religieuses sont assez marquées. Essai historique sur l’école d’Alexandrie et coup d’œil comparatif sur la littérature grecque…, 2 t., Paris, 1820, repris et complété en 1840-1844 ; De l’influence des mœurs sur les lois et des lois sur les mœurs, Paris, 1823 ; Histoire critique du gnosticisme et de son influence sur les sectes religieuses et philosophiques des six premiers siècles de l’ère chrétienne, Paris, 1828, 2 vol. ; Histoire universelle de l’Église chrétienne, considérée principalement dans ses institutions et ses doctrines, Strasbourg, 1829-1835, 4 vol. ; Histoire des doctrines morales et politiques des trois derniers siècles, 3 vol., Paris, 1836-1837; De l’état moral, politique et littéraire de l’Allemagne, Paris, 1847, 2 vol. ; Histoire de la philosophie moderne dans ses rapports avec la religion, 1854 ; Philosophie de la religion, 1857, 2 vol. Parmi ses ouvrages de pédagogie les plus importants sont Le visiteur des écoles…, 1830, repris et complété en 1838 ; L’instituteur primaire, ou conseils et directions pour préparer les instituteurs… à leur carrière, Paris, 1843 ; De l’éducation des enfants dans les classes ouvrières et de leur retrait prématuré de l’école, Strasbourg, 1858. Il fonda plusieurs revues pédagogiques comme L’instituteur primaire, le visiteur des écoles, le Manuel général de l’instruction primaire.À la fin de sa vie il se concentra sur mystique et théosophie : Le mysticisme en France au temps de Fénelon, 1862 ; Emmanuel de Swedenborg, sa vie, ses écrits et sa doctrine, Paris, 1863 ; Saint-Martin, le philosophe inconnu, sa vie et ses écrits…, Paris, 1864. Il s’y ajoute de très nombreux discours, monographies et articles dans des périodiques à large diffusion comme le Dictionnaire de la conversation, l’Encyclopédie des gens du monde, la Revue d’Alsace, la France littéraire et la Theologische Encyclopädie.

L. Spach, Matter und Swedenborg, Strasbourg, 1875; F. Bruch, Kindheit und Jugenderinnerungen, mitgeteilt von Th. GeroldStrasbourg, 1889 ; P. Matter, Jacques et Albert Matter, Paris, 1908; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 262; Bopp, Die evangelischen Geistlichen in Elsass-Lothringen, 1959, n° 3389, p. 358; W. Westphal, Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, L’Alsace, sous la dir. de B. Vogler, Paris, 1987, p. 283-285.

† Bernard Vogler (1995)