Professeur de médecine (★ Bellevesvre, Saône-et Loire, 11.2.1761 † L’Étoile, Jura, 24.3.1849).
Fils d’un avocat au Parlement de Dijon, il eut un frère député de Saône-et-Loire, arrêté et guillotiné le 19 mars 1794. ∞ Anne Jeanne Baptiste Petitot; 1 fille. Docteur en médecine à Montpellier le 10 juillet 1783. Médecin à Dijon et membre de l’Académie des sciences, arts et belles lettres de cette ville l’année suivante, il fut chargé en 1786 de l’enseignement de matière médicale et de chimie. Après un passage au service de Santé des armées pendant la tourmente révolutionnaire, il fut nommé le 13 septembre 1798 professeur de chimie et de pharmacie à l’École spéciale de médecine, puis à la faculté de Médecine de Strasbourg. Partisan éclairé de la liberté, il publia en 1815 un Essai sur la nouvelle Constitution à donner à la Pologne (Lons-le-Saunier, 1815). Sous la Restauration, il adressa à la Chambre des députés une pétition pour l’abolition de la pairie et l’élargissement du droit électoral. Après le retour de l’île d’Elbe, Masuyer publia Considérations sur l’état actuel des sociétés en Europe (Paris, 1818). En 1820, il figura parmi les sept professeurs de la faculté de Médecine de Strasbourg désignés par le préfet du Bas-Rhin comme «infectés d’opinions matérialistes et libérales». De 1785 à 1800, il traduisit en quatre volumes le Journal anglais de médecine. Philosophe des sciences, il publia un essai Sur la doctrine de Brown et sur les différents systèmes de médecine (Strasbourg-Paris, 1802) et des Observations sur le projet d’organisation de l’art de guérir en France (Strasbourg-Paris, 1802). Recherchant dans son enseignement les applications de la chimie à la physiologie et à la thérapeutique, il pratiqua peu la chimie expérimentale du fait d’un esprit impatient et d’une infirmité du bras droit. À ses expériences cliniques sur l’emploi de l’acétate d’ammoniaque dans le typhus, de l’acétate de potasse dans le traitement des hydropisies, succédèrent de nombreux travaux sur le chlorure de chaux comme moyen désinfectant et l’emploi de l’appareil de Guyton de Morveau dans les hôpitaux pour régler la production de ce gaz. Il réalisa ses premiers essais en 1805 à l’hôpital militaire de Strasbourg et les répéta en 1809. Sa méthode fut largement appliquée en 1814 et lui valut un prix de l’Institut. Cette même année, il pratiqua l’extraction de la gélatine des os pour venir en aide aux indigents affamés par le blocus de Strasbourg. Il publia en 1832 une Observation sur la véritable nature du choléra- morbus et instructions (Strasbourg, 1832). Il fut admis à la retraite le 9 mars 1838.
R. Coze, Éloge historique de Marie-Gabriel Masuyer, professeur honoraire de la Faculté de médecine de Strasbourg, prononcée le 15 novembre 1849, dans la séance solennelle de rentrée des Facultés, Strasbourg, 1849; Biographisches Lexikon hervorragender Aertzte vor 1880, p. 113-114 ; Wieger, Geschichte der Medizin, Strasbourg, 1885, p. 82, 141 et 164 ; Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales, 2’ série, V, p. 190; Berger-Levrault, Annales des professeurs des académies et universités alsaciennes 1523-1871, Nancy, 1890, p. 160 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, 1910, p. 260; J. Bourguignon, Mémoires de Valérie Masuyer, Strasbourg, 1937 ; P. Leuillot, « Un professeur idéologue de la Faculté Strasbourgeoise de médecine sous la Restauration : Marie-Gabriel Masuyer », Revue d’Alsace, 1948, 88, p. 44-50.
Marie-Odile Stempfer (1995)