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MARTIN Jean Blaise

Journaliste, député au Landtag, adjoint au maire de Mulhouse, (C) (★ Buhl, Haut-Rhin, 3.2.1868 † Mulhouse 17.1.1922).

Fils de Jean Martin, journalier, et de Marie Madeleine Spiegel. ∞ 19.10.1907 à Mulhouse Marie Eugénie Wickersheim (★ Mulhouse 1.7.1886 † Mulhouse 4.2.1939); neuf enfants, dont Charles-Eugène (★ Mulhouse 2.10.1910 † juin 1991), secrétaire général de la ville de Mulhouse; Pierre Paul (★ Mulhouse 5.6.1919 † 1989), journaliste, adjoint au maire de Mulhouse; Julien (★ Mulhouse 9.6.1921 † 8.1.2010), directeur, puis président du conseil de surveillance des Mines de potasse d’Alsace (1971-1983). Autodidacte, le jeune Martin fut apprenti greffier au tribunal cantonal de Guebwiller (1882-1889), puis employé de bureau à l’usine DMC (1889-1890). Il entra en contact avec le mouvement ouvrier à l’occasion de l’élection de Hickel © (février 1890) et de la grève d’avril-mai 1890. Il commença en août1890 sa carrière de journaliste dans la presse social-démocrate en Bade avant de prendre le 1er décembre 1890 la direction du nouvel organe du socialisme alsacien, l’Elsass-Lothringische Volkszeitung à Mulhouse. Cette responsabilité lui valut de fréquentes poursuites judiciaires. En novembre 1893, il totalisait déjà dix mois de prison lorsqu’un nouveau procès lui valut une année supplémentaire de détention : il s’enfuit alors à Bâle, puis à Paris, mais finit par rentrer pour purger sa peine. Le 21 mars 1894, son journal fut définitivement interdit par le gouvernement du Reichsland. Martin partit alors pour Strasbourg : il y rédigeait les pages alsaciennes du Volksfreund d’Offenbourg, puis de la Volksstimme de Mannheim. Après l’entrée en vigueur de la loi d’Empire sur la presse (1898), il assura la rédaction de la Freie Presse, qui paraissait à Schiltigheim, puis à Strasbourg. En 1901, il revint à Mulhouse et y dirigea Die Freie Presse für das Oberelsass (1901-1904), puis Die Mülhauser Volkszeitung. En 1902, il entra au conseil municipal et fut même élu adjoint au maire, mais le gouvernement s’opposa à son entrée en fonction. Battu aux élections municipales de 1908, il revint au conseil en 1911 à l’occasion d’une élection complémentaire. La même année, il fut élu député à la seconde chambre du Landtag à Mulhouse-Campagne. On présentait alors Martin comme « le doctrinaire du socialisme mulhousien ». Il appartenait à l’aile gauche «radicale » du parti, ce qui l’opposait à Peirotes ©. Malgré son hostilité antérieure aux tendances pro-françaises dans la social-démocratie alsacienne, il manifesta sa satisfaction lors de l’occupation temporaire de la ville par l’armée française en août 1914. Dénoncé par son ancien ami Emmel ©, il fut arrêté le 1er mars 1915 au retour d’une audience à Strasbourg chez le secrétaire d’État von Roedern ©. Condamné à trois mois de prison pour sentiments hostiles à l’Allemagne le 28 juillet 1915, il fut ensuite assigné à résidence par l’autorité militaire à Münster en Westphalie, puis à Dortmund. En raison de ses charges de famille, il fut autorisé à rentrer à Mulhouse, à condition de s’abstenir de toute activité politique, et il fut employé à l’usine à gaz. Le 13 novembre 1918, il fut élu vice-président du conseil des ouvriers présidé par son ami Wicky ©. Le 30 novembre 1918, il prit la direction du Republikaner/Républicain du Haut-Rhin. Peu après, il devenait président de la fédération du Haut-Rhin du parti socialiste SFIO. Il fut nommé le 15 décembre 1918 membre de la commission municipale. Réélu en novembre 1919, il devint adjoint au maire. Avec Wicky, il combattit l’aile du parti favorable à Moscou. Après la scission communiste de décembre 1920, il fut le principal artisan de la reconstruction très rapide de la fédération socialiste haut-rhinoise.

Ruf aus dem Gefängnis, 1898.

Entretiens de Léon Strauss avec Charles Martin, 1985-1987 ; Généalogie de Jean Martin par Charles Martin ; Archives municipales de Mulhouse, Fonds Jean Martin (40 TT) ; J. Brom, Regierung und Landtag E.-L. 1911-1916. Biographisch-Statistisches Handbuch, Mulhouse, 1912; H. D. Soell, Die sozialdemokratische Arbeiterbewegung im Reichsland E.-L. 1871-1918, Heidelberg, 1966; J.-M. Mayeur, Autonomie et politique en Alsace, la Constitution de 1911, Paris, 1970; R. Wagner, La vie politique à Mulhouse de 1870 à nos jours, Mulhouse, 1976; A. Wahl, dans Histoire de Mulhouse des origines à nos jours, Strasbourg, 1977 ; François Igersheim, L’Alsace des notables, 1870-1914, Strasbourg, 1981, p. 274 ; L. Strauss, « Monde ouvrier et mouvement ouvrier du XVIIIe siècle à la Seconde guerre mondiale », dans: P. Klein, L’Alsace, 1981; J.-M. Bockel et E. Riedweg, Mulhouse du passé au présent, Mulhouse, 1983 ; Encyclopédie de l’Alsace, VIII, 1984, p. 4995; Hermann Hiery, Die Reichstagwahlen im Reichsland, ein Beitrag zur Landesgeschichte von Elsass-Lothringen und zur Wahlgeschichte des Deutschen Reiches, 1871-1918. Düsseldorf, 1986, p. 90; Maitron, dir., Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, t. 35, 1989, p. 382-383; J.-C. Richez, etc…, Jacques Peirotes et le socialisme en Alsace, Strasbourg, 1989, p. 105-106.

Léon Strauss (1995)