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MARMET Jehan Nicolas

Pasteur, (Pl) (★ Glay, comté de Montbéliard 1590 † Wildersbach 16.11.1675).

Fils de Claude Marmet, pasteur à Glay, d’une famille de réfugiés huguenots originaire de Baume-les-Messieurs. ∞ I Anna Maria, de Barr († avant 1638) ; ∞ II vers 1640 Esther Fassmann, de Sainte-Marie-aux- Mines ; 8 enfants du second lit. Sujet du duc de Wurtemberg, il fut immatriculé le 7 avril 1610 à Tübingen où il étudia la théologie et la langue allemande écrite et parlée. Selon ses propres indications, il aurait occupé dès 1611 le poste pastoral de Rothau dans la seigneurie du Ban de la Roche, territoire acquis par Georges Jean, comte de Veldenz, en 1584, et protestante depuis lors. Les sources le mentionnent pasteur au dit lieu en 1613 (Dem Pfarrer zu Rottauw Marmetto). Bien qu’on ne connaisse pas précisément son rôle, il assista, de 1620 à 1622, aux procès de Rothau qui condamnèrent plus de cinquante villageois au bûcher pour sorcellerie. Il quitta le Ban de la Roche l’année suivante pour Desandans, puis pour Clairegoutte au comté de Montbéliard où il demeura jusqu’en 1626, date à laquelle il fut rappelé au Ban de la Roche. Après son retour à Rothau, il fut confronté à partir de 1633 aux événements de la guerre de Trente ans qui réduisirent la population locale de trois-quarts malgré le protectorat suédois puis français. Il assista à la destruction des forges de Rothau et du château résidentiel, à l’incendie des villages et à la destruction de ses archives paroissiales qu’il tenta de reconstituer. Il resta néanmoins auprès de ses paroissiens tout au long de la guerre dont il partagea la vie misérable. Sa présence fut également attestée dans le cadre de la reconstruction des temples, de l’enseignement du catéchisme en langue allemande et du français à l’école, de la réorganisation économique du pays où il n’hésita pas à intervenir contre les abus des fonctionnaires locaux. Il prit même parti contre le comte Louis Léopold de Veldenz lorsque ce dernier voulut imposer l’extension de l’allemand à l’école alors que la population ne pratiquait que le welche. Homme d’écriture, ses lettres révèlent un esprit combatif, doué d’une forte personnalité en quête d’élévation spirituelle et de pureté morale, un veilleur sourcilleux et inlassable dans la bonne conduite de ses paroissiens, eux-mêmes encore influencés par les coutumes catholiques. Son œuvre évangélique aura, au-delà de la guerre et de la pauvreté, préparé le terrain d’abord au piétisme de
Phillip Jakob Spener © au début du XVIIIe siècle, avant de voir apparaître les figures de ses successeurs Georges Stuber et Jean Frédéric Oberlin ©. Son ministère au Ban de la Roche dura 64 ans.

Archives départementales du Bas-Rhin C 323/12, E 641, 3E 414 (1), GE2/3622J 23 ; Archives du Chapitre de Saint-Thomas, déposées aux Archives municipales de Strasbourg, 98 ; A De Dietrich 12 (5) ; Archives municipales de Strasbourg, VI 25 (9), VI 113 (3) ; Bopp, Die evangelischen Geistlichen in Elsass-Lothringen, 1959, n° 3203.

Denis Leypold (2006)