Haut commissaire de la République (★ Nancy, Meurthe 16.3.1862 † Paris 1941).
Fils de Jean Hippolyte Alexandre Maringer, représentant de commerce courtier, maire de Nancy de 1892 à 1904, et de Marguerite Thérèse Ligier. Licencié en droit (1881), Maringer entra dans l’administration préfectorale en 1883, il occupa à partir de 1898 plusieurs postes de préfet, puis de directeur d’administration centrale au ministère de l’Intérieur de 1905 à 1917. Conseiller d’État depuis 1907, il fut nommé directeur de la Sûreté générale le 23 novembre 1917. Le 15 novembre 1918, il fut délégué dans les fonctions de haut commissaire de la République à Strasbourg et de commissaire de la République en Basse-Alsace. Il était chargé d’assurer le fonctionnement des services communs aux trois « territoires », c’est-à-dire l’ancien « ministère » du Reichsland. Dans la crainte de voir se perpétrer une entité Alsace-Lorraine qui pourrait rappeler le Reichsland, la présidence du Conseil n’eut de cesse d’évoquer qu’il fallait « s’abstenir de tout ce qui constituerait une consolidation des organismes centraux de l’État d’Alsace-Lorraine ». Les instructions du 25 décembre 1918 précisent que « la fonction du haut commissaire n’est en effet nullement celle qu’exerçait le Statthalter ; elles ne pourraient l’être, nos provinces recouvrées ayant cessé de constituer une Terre d’Empire… Le haut commissaire à Strasbourg est essentiellement le commissaire du territoire de Basse Alsace ». Ne pouvant exercer de prééminence réelle, il ne pouvait faire le poids ni vis à vis des commissaires en Haute Alsace et en Moselle, ni vis à vis de Paris. Selon Frédéric Eccard ©, « homme jovial, fin gourmet, grand fumeur, animé d’excellentes intentions mais n’ayant aucune notion de l’administration et de la langue allemandes, son principal titre à cette distinction avait été sa parenté avec Jules Jeanneney, sous-secrétaire d’État à la présidence du Conseil chargé des affaires d’Alsace et de Lorraine. Rapidement, de nombreux conflits d’attributions surgirent avec le service général d’Alsace-Lorraine de la présidence du Conseil à Paris, ainsi qu’avec les autorités militaires, les représentants des différents ministères sur place et les commissaires de la République à Colmar et à Metz. Ce désordre généra un profond mécontentement de la population et conduisit Clemenceau à mettre en place un nouveau système administratif, plus souple et mieux décentralisé, dirigé par Alexandre Millerand ©. Maringer quitta ses fonctions le 21 mars 1919 et réintégra le Conseil d’État. Légion d’honneur (chevalier, 1902 ; grand officier, 1919).
Archives départementales du Bas-Rhin: 121 AL, 1-33 ; G. Delahache, Les débuts de l’administration française en Alsace et en Lorraine, Paris, 1921 ; Haegy, Das Elsass von 1870-1932, Colmar, Alsatia, I, p. 466, 508, 518, 523, 543, 559 sqq, 568, 601, 604-605, II, p. 74, IV, p. 91 ; J. Fonlupt-Esperaber, Alsace et Lorraine. Hier, aujourd’hui demain, Paris, 1944, p. 25-27 ; F. Eccard, Le livre de ma vie, Neuchâtel-Paris-Strasbourg, 1951, p. 96, 102 ; Chr. Baechler, (index), Raymond Poincaré, Au Service de la France, Neuf années de souvenirs, t. XI, A la recherche de la Paix 1919, Paris, 1974 (éd. Par Jacques Bariéty et Pierre Miquel) ; Bargeton, dir., Dictionnaire biographique des préfets, septembre 1870 – mai 1982, Paris, Archives Nationales, 1994, p. 378 ; Le personnel de l’administration préfectorale 1881-1926, Paris, 2001, p. 347 ; F. Uberfill, La Société strasbourgeoise entre France et Allemagne, Strasbourg, 2001 (index) ; P. d’Arbois de Jubainville, Dictionnaire biographique lorrain, Metz, 2003, p. 277 ; Dictionnaire biographique des conseillers d’État.
Léon Strauss et François Uberfill (2006)