Les Mans, un des grands noms de la finance strasbourgeoise au XIVe siècle, n’ont pas encore été étudiés. On se limitera ici à une présentation sommaire de la famille. Dans les listes connues des monnayeurs (Hausgenossen) de Strasbourg, aucun clan familial n’est aussi bien représenté que celui des zum Riet-Mans-Schwan (tous ont pour armes un cygne). Johann zum Riet figure sur les listes de 1266 et 1283 avec ses fils, dont deux, voire trois se prénomment comme lui ; l’un deux se distingue depuis 1294 par le surnom de Mans (Urkundenbuch der Stadt Strassburg, III n° 312). Au XIVe siècle, les Mans dépassent largement les zum Riet. Ils prêtent de grosses sommes à l’évêque, aux margraves de Bade, aux landgraves d’Oettingen, aux Lichtenberg, aux Rappoltstein, etc., et reçoivent d’eux des fiefs-gages. Ils appartiennent au patriciat bourgeois, avec lequel ils entrent en force au Conseil en 1332. Mais leur richesse, leurs fiefs, leurs terres (à Lipsheim dès 1315, à Châtenois avant 1329, etc.), leurs seigneuries (Ittenheim et Handschuhheim en 1330) et leurs mariages, qui les unissent le plus souvent à des familles nobles strasbourgeoises (Schwarber, Rulenderlin, Grostein, Zorn), facilitent leur entrée dans la noblesse à la fin du XIVe siècle. L’écuyer Örtelin Urkundenbuch der Stadt Strassburg,, un des hommes les plus riches de Strasbourg, siège au Conseil (1376-1393) comme burger, mais est en 1392 un des capitaines de la société chevaleresque mit dem Rüden. En 1419-1420, les Mans participent activement à la guerre de Dachstein dans le camp des nobles sécessionnistes. Hans Mans est à nouveau Stettmeister dès 1422, mais d’autres Mans ne retournent plus à Strasbourg: ils s’intègrent par mariage à la noblesse rurale, se nomment d’après leur château de Husenburg à Hüttenheim (qu’ils rebaptisent Mansenburg à la fin du XVe siècle) et se mettent au service des princes (Hans Mans est conseiller du margrave en 1439). La famille s’éteint avec Ambrosius Mans († peu avant 1510). Une branche des Mans prend le nom de Schönmans à la fin du XIVe siècle, mais disparait après 1517 (Archives départementales du Haut-Rhin 9G 26/10). Dans une partie de la littérature ancienne, les Mans sont appelés Maus, par suite d’une erreur de lecture de Grandidier reprises par ses épigones.
Régestes et tableau généal. (uniquement d’après les sources imprimées) par F. Fischer: Archives municipales de Strasbourg, Généal. Raeuber n° 762, chap. VI ; Urkundenbuch der Stadt Strassburg et Rappoltsteiner Urkundenbuch. ; J. Kindler von Knobloch, Das Goldene Buch von Strassburg, 1886, 184, et Oberbadisches Geschlechterbuch, III, 1919, 25 (à utiliser avec prudence) ; Encyclopédie de l’Alsace, VII, 4147 (Mansenburg) ; M. Alioth, Gruppen an der Macht, 1988 (index par B. Metz consultable aux Archives municipales de Strasbourg) ; F. Battenberg, Lichtenberger Urkunden (index au t. 5, à paraître).
Bernhard Metz (1995)