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MALRAUX Georges André

écrivain et homme politique (★ Paris 3.11.1901 † Créteil 23.11.1976).

Fils de Fernand Malraux et de Berthe Lamy. ∞ I 21.10.1921 à Paris Clara Goldschmidt ; 1 fille, Florence (★ 1933). Vécut maritalement avec Josette Clotis († 10.11.1944 dans un accident) qui lui donna deux fils: Pierre-Gauthier (★ 5.11.1940) et Vincent (★ mars 1943), les deux se tuèrent dans un accident de voiture le 23 mai 1961. ∞ II 13.3.1948 à Riquewihr Marie-Madeleine Lioux, veuve de son frère Roland.

La vie de Malraux, écrivain et homme d’action se caractérise par une succession d’aventures combattantes et littéraires se rejoignant dans un idéal de fraternité humaine. Après le combat contre le fascisme qu’il mena au côté des républicains pendant la guerre d’Espagne, son engagement dans la Résistance en 1943, le conduisit à participer à la libération de l’Alsace à la tête de la brigade Alsace Lorraine. Sous le nom de colonel Berger, il était chargé d’inspecter les unités clandestines du Sud-Ouest et entra en contact avec les Alsaciens et les Lorrains qui composaient le maquis de Durestal en Dordogne. À la libération du pays, après les débarquements de Normandie et de Provence, Malraux qui avait réussi à s’échapper de la prison Saint-Michel de Toulouse, où il avait été interné après son arrestation par la Gestapo, prit la tête de la brigade Alsace-Lorraine, une unité importante regroupant les maquis d’Alsaciens et de Lorrains qui s’étaient formés en Dordogne, dans le Gers, le Lot et la Savoie. Forte de 1 500 hommes répartis dans les bataillons « Strasbourg », « Metz » et « Mulhouse », la brigade fut intégrée à la Première Armée française et participa avec elle aux combats pour la libération de l’Alsace. Sous le commandement de Malraux assisté du lieutenant-colonel Jacquot, militaire chevronné, elle s’illustra dans les durs et coûteux combats qui forcèrent l’entrée de l’Alsace, libéra entre autres Dannemarie, Ballersdorf, se battit dans les faubourgs sud de Mulhouse, repoussa victorieusement des contre-attaques allemandes qui avaient coupé les ligne de communication de la 1ère DFL. Début janvier 1945, Malraux se retrouva avec sa brigade en appui de la 1ère DFL pour défendre Strasbourg « coûte que coûte » après la décision américaine d’abandonner la défense de la ville à la suite de la contre-offensive de von Rundstedt dans les Ardennes. Au prix de très durs combats il tint avec ses hommes au sud de la ville le secteur de Plobsheim-Daubensand, en particulier le 7 janvier en refoulant au pont de Krafft, près d’Erstein, les Allemands qui avaient reçu de nombreux renforts pour le passage du Rhin à Gerstheim. La mission de la Brigade s’achevait sur une victoire qu’elle consolida en empêchant tout retour offensif de l’ennemi. Elle reçut l’hommage du général Touzet du Vigier ©, gouverneur militaire de Strasbourg, qui déclara dans son ordre du jour n° 3 du 27 évrier 1945 : « La Brigade Alsace-Lorraine, aux ordres du colonel Malraux, doit quitter prochainement les bords du Rhin où depuis deux mois, elle tient l’ennemi en échec dans des circonstances difficiles. Déjà Le Tillot, Dannemarie, Mulhouse et Strasbourg avaient marqué ses glorieuses étapes. Alsaciens et Lorrains de cette unité, venus spontanément à la bataille, peuvent être fiers de la part qu’ils ont pris à la libération de l’Alsace. Avant leur départ, le général gouverneur de Strasbourg tient à leur adresser ses félicitations pour leur brillante conduite. » De cette étonnante aventure, Malraux fut à la fois le chef et l’âme. Alors que par la suite Malraux participa, dans le sillage du général de Gaulle, à la gestion de la France renaissante, l’Alsace tint une place de prédilection dans son cœur. Devenu ministre des Affaires culturelles, il continua à la servir dans la défense et la mise en valeur de son précieux patrimoine.

Liste des principales œuvres de Malraux : Lunes en papiers, Paris, 1921 ; La Tentation de l’Occident, Paris, 1926; Les Conquérants, Paris, 1928; La Voie Royale, Paris, 1930 ; La Condition humaine, Paris, 1933 ; Le Temps du Mépris, Paris, 1935 ; L’Espoir, Paris, 1937 ; Les Noyers de l’Altenburg, Paris, 1948; La psychologie de l’Art, Genève, t. 1, Le Musée Imaginaire, 1947, t. 2, La Création artistique, 1948, t. 3, La Monnaie de l’Absolu, 1949 ; Saturne, essai sur Goya, Paris, 1950 ; La Voix du Silence,Paris, 1951 ; La Métamorphose des dieux, Paris, 1957 ; Les Antimémoires, Paris, 1967 ; Les Chênes qu’on abat, Paris, 1971 ; Les Oraisons funèbres, Paris, 1971 ; Lazare, Paris, 1974 ; L’homme précaire et la littérature, Paris, 1977.

J. Hoffmann, L’humanisme de Malraux, Paris, 1963 ; A. Brincourt, André Malraux ou le temps du silence, Paris, 1966 ; J. Mossuz, André Malraux et le gaullisme, Paris, 1970 ; J. Lacouture, André Malraux. Une vie dans le siècle, Paris, 1973 ; Mélanges : Malraux life and work, Londres, 1976 ; « Hommage à Malraux », Nouvelle Revue Française, juillet 1977 ; P. Hovald, Toutes ces années et André Malraux, Paris, 1978 ; A. Malraux, Les marronniers de Boulogne, Paris, 1978 ; Mélanges : André Malraux, New York Literary Forum 1979 ; R. Stephane, André Malraux, entretiens et précisions, Paris, 1984 ; Ch. de Bartillat, Clara Malraux: le regard d’une femme sur son siècle : biographietémoignage, Paris, 1985; A. Brincourt, Malraux le malentendu, Paris, 1986 ; J. Bonhomme, André Malraux ou le conformiste, Paris, 1986 ; G. Penaud, André Malraux et la résistance, Périgueux, 1986 ; André Malraux, unité de l’œuvre, unité de l’homme, Actes du colloque de Cerisy-la-Salle 1988, Paris, 1989.

Album Malraux. Iconographie choisie et commentée par J. Lescure, Paris, 1986.

Pierre Bockel (1995)