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MALADE Jean Étienne

Sculpteur (★ Mayence 26.12.1737, paroisse Saint-Ignace, † Strasbourg 6.4.1818).

Fils de Barthélémy Malade, boulanger, et d’Anne Marie Schott (d’après l’acte de du 8 juin 1779, Rausch d’après l’acte de baptême du 26 décembre1737). ∞ 8.6.1779 à Strasbourg, cathédrale, Marie Thérèse Wodly, fille de Jean Wodly, meunier, et de Barbe Bressler (Archives municipales de Strasbourg, M31, p. 469) ; 5 enfants. Sculpteur connu notamment pour la part qu’il prit pendant la première campagne de restauration et reconstitution des sculptures de la cathédrale après l’iconoclasme révolutionnaire. Arrivé à Strasbourg vers 1775-1776, Malade présenta en 1777, après avoir été dispensé de l’exécution du chef d’œuvre ordinaire, deux bas-reliefs représentant chacun huit enfants portant des trophées, pour obtenir la maîtrise. Auparavant, il avait déjà exécuté le médaillon de J. D. Schoepflin ©, coulé en bronze par son ami Jean Baptiste Pertois © et intégré au monument funéraire qui se trouve à l’église Saint-Thomas. Le 30 mars 1779, M. fut reçu bourgeois. En 1780 et en 1787, il occupa les fonctions d’Obermeister au sein de la corporation des sculpteurs. Comme Malade manquait de commandes, l’architecte de l’Œuvre Notre-Dame l’engagea en novembre 1792 comme sculpteur de la cathédrale, poste resté vacant depuis une dizaine d’années. Payé à « la journée d’ouvrage », Malade était autorisé à accepter des travaux privés. En 1793-1794, Malade fut chargé de la réalisation d’une allégorie de la Liberté terrassant les emblèmes de la royauté et de la superstition, destinée à couronner le péristyle du palais Rohan. Vers 1803-1804, Malade orna de sculptures (trophées d’armes, palmier, crocodile, pyramide) l’obélisque érigé au Polygone en l’honneur du général Kléber © et détruit en 1940. Mais Malade est surtout connu pour la restauration de la statuaire de la cathédrale avec Vallastre ©, Grass © et d’autres artistes. Au transept sud, sous le cadran de l’Horloge, on lui doit la Vierge à l’enfant, entourée de saint Laurent et de saint Pierre ; au-dessus du buste de l’homme au cadran solaire, la statue de l’évêque saint Arbogast (déposée), la figure féminine ornant la console de l’Ecclesia ; les funérailles de la Vierge, sous le tympan de la Dormition et son Assomption sous le tympan du Couronnement. Au portail central de la façade principale, Malade exécuta les sculptures de la dernière voussure avec Dieu le Père créateur ; la Vierge, le roi Salomon, certains anges musiciens du gable et, couronnant le tout, la face de Dieu, que l’iconographie du Moyen Âge ne connaissait pas, en remplacement de la main bénissante d’origine ; les trois statues équestres représentant Clovis, Dagobert et Rodolphe de Habsbourg (1813) et une partie des sculptures de la galerie des Apôtres. À l’intérieur de la cathédrale, Malade fut chargé de l’exécution des statuettes qui ornaient jadis l’abat-voix de la chaire et de la restauration des apôtres de la chaire, ainsi que les deux anges adorateurs, sculptés en bois peint gris qui décoraient jadis le maître autel et qui sont conservés actuellement à l’église paroissiale de Sermersheim. En outre, dans un mémoire du 20 juin 1797, Malade déclara avoir sculpté un motif comportant des lauriers et des perles, ornant le grand autel. Enfin, il est l’auteur des sculptures de la plate-forme du clocher de l’église Saint-Pierre et Saint-Paul à Neuwiller et, selon H. Haug, d’une « charmante statue de jardin au château de la Robertsau ». Ayant subi le 8 avril 1816 « une espèce d’attaque d’apoplexie » qui l’empêcha désormais de travailler, Malade fut remplacé encore de son vivant par Jean Vallastre © en septembre 1817. L’œuvre de Malade est un témoin de l’idéal de la statuaire monumentale classique, ce qui peut expliquer les critiques que l’artiste eut à subir à l’époque romantique.

Archives de l’Œuvre Notre-Dame (Fonds du XIXe  s.) aux Archives municipales de Strasbourg: 8 (1792), 88 (1818), 462 (1816); Tribu de l’Échasse t. 7 et 14; Zunftbüchlein 1779, 1780, 1781, 1787 ; Registres de baptêmes de la paroisse Saint-lgnace à Mayence ; A. Seyboth, Das alte Strassburg, Strasbourg, 1890, p. 24, 74 ; Strassburg und seine Bauten, Strasbourg, 1894, p. 205, 206, 210, 214, 217, 221, 228; H. F. Secker, Die Skulpturen des Strassburger Munsters seit der französischen Revolution,Strasbourg, 1912, p. 6, 44-49, 55, 57, 59-62, 73, 83-86 et pl. V, 13; Cahiers alsaciens d’archéologie, d’art et d’histoire, t. 3, 1918-1921, p. 1120-1121 ; J. Herber, « Zwei unbekannte Holzskulpturen des Münsterbildhauers Jean Étienne Malade », Archives de l’Église d’Alsace, 1928, p. 347-356 ; Thieme-Becker, Allgemeines Lexikon der bildenden Künstler von der Antike bis zur Gegenwart, Leipzig, t. 23, 1929, p. 585 ; Archives de l’Église d’Alsace, 1939-1940, p.
156 ; H. Haug, L’art en Alsace, 1962, p. 153, 182-184; H. Reinhardt, La cathédrale de Strasbourg, 1972, p. 148; R. Lehni, La cathédrale de Strasbourg, Ingersheim, 1978, p. 36-37, 52; J. D. Ludmann, Le palais Rohan de Strasbourg, Strasbourg, 1979, I, p. 104, 165, 193, 234; J. D. Ludmann, « Contribution à l’étude du mobilier du chœur de la cathédrale », Cahiers alsaciens d’archéologie, d’art et d’histoire 26, 1983, p. 155-156, 158, 166; Encyclopédie de l’Alsace, VIII, 1984, p. 4914; M. Zehnacker, La cathédrale de Strasbourg, Paris, 1993, p. 174, 251, 302.

† François-Joseph Fuchs (1995)