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LUDOLF le CHARTREUX

Religieux, maître spirituel (★ Allemagne du Nord v. 1300 † Strasbourg 10.4.1378) Il est dit souvent de Saxe. Entré dans l’ordre dominicain en 1315, il devint maître en Saintes Écritures. En 1319, il se fit admettre à la chartreuse de Strasbourg-Koenigshoffen, qui avait été créée quatre ans plus tôt. Profès en 1340, il quitta Strasbourg en 1343 et resta pendant cinq ans prieur de la chartreuse de Coblence. Il fut transféré à Mayence en 1348 ; il y demeura 20 ans, avant de revenir à Strasbourg pour y finir ses jours.

Ludolf est l’auteur d’un des ouvrages de spiritualité les plus célèbres de la fin du Moyen Âge, la Vita Christi. Il la composa probablement pendant son séjour à Mayence. Elle devait inciter ses contemporains à s’adonner à la contemplation ainsi qu’à l’ascèse qui permet de pratiquer la vertu. Les sources auxquelles Ludolf avait emprunté ses matériaux étaient nombreuses ; il n’avait négligé ni les Pères, Chrysostome, Ambroise ou Grégoire, ni les auteurs du XIIIe et du XIVe siècle, les franciscains David d’Augsbourg, Bonaventure, le Pseudo-
Bonaventure des Meditationes, les dominicains Hugo Ripelin ©, Suso et Venturin de Bergame. La place considérable qu’il accordait à l’imagination dans la technique spirituelle était l’un des caractères distinctifs de ce livre. Ses lecteurs étaient invités à se représenter très exactement ce qu’avait été la vie de Jésus ; Ludolf avait utilisé le récit de Burchard du Mont-Sion pour reconstituer les paysages de la Terre Sainte. Mais ces évocations étaient faites pour nourrir la méditation qui, elle-même, introduisait à l’oraison. L’influence de la Vita Christi fut considérable. Elle contribua de manière décisive à la conversion d’Ignace de Loyola qui s’en inspira lorsqu’il composa ses Exercices spirituels. Par l’intermédiaire de l’Abecedario d’Osuna, elle atteignit Thérèse d’Avila. François de Sales la recommandait aux dévots. Avant la Réformation, le chartreux Dominique de Prusse y puisa les éléments dont il se servit pour son Rosaire. Un autre chartreux, Egher de Kalkar, la fit connaître aux premiers frères de la Vie commune. Elle joua donc un rôle appréciable dans la formation de la devotio moderna. On doit à Ludolf d’autres récits, un commentaire des psaumes, des sermons; des traités de vie spirituelle (Fleurs et fruits de l’arbre de vie ; Comment faut-il vivre pour être un homme spirituel ? ; Quatorze raisons d’avancer en vertu ; Remèdes contre les tentations).

N. Paulus, « Der Strassburger Kartäuser Ludolph von Saxen », Archiv für elsässische Kirchengeschichte, 1927, p. 207-222 ; M. I. Bodenstaedt, The Vita Christi of Ludolph of Saxony, Washington, 1944 ; E. Raitz von Frentz, « Ludolphe le Chartreux et les Exercices de saint Ignace de Loyola », Revue d’ascétique et de mystique, 1949, p. 375-388; Ch.-A. Convay jr., The Vita Christi of L. de Saxony, Salzbourg, 1976; W. Baier, Untersuchungen zu den Passionsbetrachtungen in der Vita Christi des Ludolph von Sachsen, s.l., 1977, 3 vol.

† Francis Rapp (1995)