Médecin du roi et médecin-physicien de Sélestat, médecin-chef de l’armée du Rhin, membre du Conseil de santé des Armées, premier directeur de l’Ecole de santé de Strasbourg, (C) (★ Ribeauvillé 19.1.1734 † Salzbourg, Autriche, 22.1.1801).
Fils d’Adam Lorentz, « médecin-physicien du comté et attitré à la cour » († Ribeauvillé 29.3.1766), et de Marie Thérèse Durrenberger († Ribeauvillé 4.4.1766). ∞ I 1763 à Neuf-Brisach Louise Marguerite Carlier († 1764) ; sans postérité. ∞ II 29.9.1766 à Erstein Marie Geneviève Kuhn († Sélestat 27.11.1788), fille de Jean Georges Kuhn, prévôt royal à Erstein, et nièce d’Albert Kuhn ©, préteur royal de Sélestat; 7 enfants, dont Marie-Thérèse Geneviève (★ Sélestat 21.8.1767 † Strasbourg 10.4.1790) ∞ 27.1.1788 à Sélestat Charles Borromée Loyson © de Wandelbourg, « conseiller du Roi et procureur de sa majesté à Haguenau » ; Marie-Lucie (1755-1840) ? F. N. M. Fririon ©; Paul Joseph Adam ©. Après des études chez les Jésuites à Sélestat et à Strasbourg, Lorentz s’inscrivit le 4. Novembre 1752 à l’Université de Montpellier, où il passa après trois années « scolastiques » le baccalauréat le 24 février 1755, la licence le 9 août 1755 et le doctorat le 29 août 1755. Docteur en philosophie et en médecine, il se rendit à Paris pour se perfectionner auprès des maîtres Jean Astruc, Rouelle (chimie), B. de Jussieu (botanique), Antoine Petit et Levret (accouchements). Il fit également des stages dans les hôpitaux de la Charité, de la Salpêtrière et à l’Hôtel-Dieu. En 1756, il rentra au pays natal, où, pendant un an, il pratiqua la médecine de campagne à l’école de son père. Entre-temps débuta la guerre de Sept ans et, le 15 mars 1757, il obtint une place de médecin ordinaire à l’armée du Rhin en Westphalie. Il passa ainsi plus d’une année à Wesel, attaché à un hôpital de 700 malades dont 500 atteints de dysenterie. Fatigué par un service constant auprès des contagieux, il fut nommé en 1758 médecin de l’hôpital de Neuf-Brisach. On le retrouve de 1760 à 1763 à Cassel, chargé de plusieurs hôpitaux. En février 1763, il revint en Alsace et occupa le même poste à l’hôpital de Neuf-Brisach. En février 1764, il reçut le brevet de médecin de l’hôpital militaire de Sélestat, qu’il rejoignit le 11 avril Lorentz fut aussi appelé à faire de la médecine « civile ». En 1765, le Magistrat le nomma médecin en second. En 1784, Lorentz écrivit pour le Journal de médecine militaire le Mémoire médico-topographique de la ville de Schlestatt qui contient des renseignements précieux sur la ville et la garnison, particulièrement sur la mauvaise qualité de l’eau des puits. Lorentz conseillait de faire venir l’eau de la forêt de Kintzheim au lieu-dit Köpfel, où il invita le Magistrat à assister à une démonstration de recherche d’eau par un radiesthésiste. En 1789, Lorentz fut appelé au poste de premier médecin-physicien, fonction qu’il n’occupa pas longtemps. Le 19 avril en effet, il fut nommé par la Cour à la place de premier médecin de l’hôpital militaire de Strasbourg. Il remit sa démission le 20 juin et quitta Sélestat après 25 ans de service pour rejoindre l’hôpital militaire d’instruction auquel il resta affecté jusqu’au 1er mai 1792. Mais déjà le 15 avril 1792 il fut nommé « par acclamation » médecin-chef de l’armée du Rhin, charge qu’il occupa jusqu’à sa mort, excepté pendant six mois de l’an III, où il fut appelé par décret de la Convention du 31 janvier 1794 à siéger au Conseil de santé des Armées. À la création en 1794 de l’École de santé de Strasbourg, Lorentz en devint le premier directeur.
Son discours inaugural du 10 février 1795 porte sur « les qualités principalement morales nécessaires aux élèves qui entrent dans la carrière de l’art de guérir ». Membre assidu de la Société libre des sciences et arts, fondée le 17 juin 1798, il présenta à la première réunion un mémoire sur le traitement des « vomissements incoercibles de la grossesse ». La mort frappa Lorentz à Salzbourg, où il avait été appelé auprès du général Moreau souffrant.
Fr. Wieger, Geschichte der Medizin..., Strasbourg, 1885, p. 130; Oscar Berger-Levrault et Cie 1892, Annales des professeurs, Nancy, 1892, p. 146; J.-L. Rouis, Histoire de l’Ecole impériale du Service de santé militaire, Paris, 1898, p. 67, 681 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 193 ; M. Kubler, « Médecins d’autrefois, le Docteur Joseph Adam Lorentz » Annuaire de la Société des Amis de la Bibliothèque de Sélestat, 1956, p. 79-94, p. 135-154 ; M. Kubler, « Le docteur Joseph Lorentz (1734-1801), médecin-chef de l’Armée du Rhin », 86e Congrès des Sociétés savantes à Montpellier, 1961, p. 159-165.
Maurice Kubler (1995)