Professeur d’anatomie pathologique et de clinique interne, accoucheur en chef (★ Giessen, Hesse, 8.5.1777 † Strasbourg 7.3.1835).
Fils de Jean-Michel Lobstein ©. ∞ 1826 à Landau, Palatinat, Caroline Louise Pauli (★ Landau 19.4.1801 † Strasbourg 17.1.1871), fille de Frédéric Pauli, médecin. Exceptionnellement immatriculé à l’Université de Strasbourg à l’âge de 13 ans au retour de sa famille à Strasbourg en 1790, Lobstein fut initié aux sciences dites préliminaires avant de s’inscrire le 21 avril 1793 dans l’ultime série des étudiants en médecine. Après la mort tragique de son père, il poursuivit ses études à l’École de Santé, ultérieurement convertie en École de Médecine, et servit comme officier de santé aux armées. Au cours d’un épisode conflictuel, il défendit l’honneur de son maître Jean Hermann © contre les sarcasmes du citoyen-directeur Joseph Noël ©. Sur un autre plan, il se fit remarquer par sa dissertation inaugurale Sur la nutrition du fœtus, soutenue le 12 messidor an X (= 1er juillet 1802) (trad. allemande : Halle, 1804). S’ajoutant à d’autres travaux sur la gestation et l’embryogenèse, cette thèse lui ouvrit la carrière obstétricale à l’Hôpital civil : nommé médecin- accoucheur adjoint le 18 février 1794 par la Commission administrative, il fut promu accoucheur en chef le 4 mars 1808. Trois décennies durant, il enseigna à l’Ecole départementale des sages-femmes, et publia à leur intention un manuel en langue allemande en 1823. En vue de la formation pratique des étudiants, il créa une clinique privée d’accouchement. Dès 1803, l’Université de Marbourg lui offrit une chaire de chirurgie et d’obstétrique qu’il refusa ; il en fit autant pour une proposition de Heidelberg en 1823. Ce fut sa vocation d’anatomiste qui orienta l’ouverture de la carrière de Lobstein à Strasbourg. Il avait, certes, présenté sa candidature à la chaire de médecine légale (thèse de concours le 31 janvier 1814 : Plan raisonné d’un cours de médecine légale), mais dut céder la place à Fodéré ©. De fait, Lobstein, nommé prosecteur en 1796, accéda au poste de chef des travaux anatomiques en 1804. Ses contributions à la muséologie furent dès lors indissociables de l’attention prédominante qu’il voua aux pièces pathologiques, à l’exemple de son maître Thomas Lauth. Suite aux démarches du recteur Levrault ©, à une visite de Dupuytren et à l’intervention décisive de Georges Cuvier, la Commission de l’Instruction publique décida le 21 mai 1819 la création, à Strasbourg, de la première chaire française d’anatomie pathologique, dont Lobstein devint le titulaire tout en étant chargé de la direction du muséum anatomique. Le 9 octobre 1821, le Conseil royal, présidé par Cuvier, lui confia en outre la charge de l’enseignement de la clinique interne. Par ailleurs, doué d’une vaste culture littéraire, historique et archéologique, Lobstein avait réuni une collection d’antiquités, et en particulier un ensemble de plus de 6 000 médailles. Membre des principales sociétés savantes parisiennes, locales et étrangères : associé non résident de l’Académie royale de Médecine de Paris (23 octobre 1824), affilié à l’Académie des curieux de la Nature (Bonn, 1824), aux académies impériales de Saint-Pétersbourg et de Moscou (1830). Chevalier de la Légion d’honneur (1834). A son décès, la Faculté de Médecine fit apposer au musée une plaque commémorative, récemment remise en honneur à l’Institut d’Anatomie patho- logique actuel.
À côté des travaux de Lobstein sur l’anatomie physiologique et comparée, il faut retenir son mémoire sur L’ossification des artères (1806) avec une description de l’artériosclérose. Sa monographie latine sur le « nerf grand sympathique, sa structure et son rôle en pathologie » (1823) fut traduite en portugais (1826) et en italien (1834) ; on y rencontre la description du ganglion splanchnique, encore appelé « ganglion de Lobstein ». Outre les rapports et comptes rendus des travaux anatomiques (1804, 1805, 1820, 1824), l’œuvre majeure de Lobstein reste le Traité d’anatomie pathologique (Paris-Strasbourg-Bruxelles) dont il ne put assumer la publication que de deux volumes (1829, 1833) sur les trois prévus, accompagnés d’un atlas (1829). Une traduction allemande (Stuttgart, 1834-1835, 2 vol.) en confirma le succès ; elle influença profondément Carl Rokitanski (1804-1878), le futur créateur de la nouvelle école médicale de Vienne en Autriche. La nouveauté de cet ouvrage réside dans la classification des lésions d’après les modifications de leur caractère anatomique et non d’après leur siège. Le second tome de l’ouvrage contient en particulier l’article traitant de la « fragilité des os ou de l’ostéopsathyrose », connue sous le nom de « maladie de Lobstein » ou « maladie des os de verre » ; alors que Lobstein eût conféré à la fragilité osseuse le symptôme prédominant avec un caractère familial, d’autres anomalies s’y sont ajoutées pour former un syndrome plus complexe désigné aujourd’hui sous le nom « d’ostéogénèse imparfaite ». Après avoir exposé ses conceptions doctrinaires lors du discours d’usage à l’ouverture de ses leçons cliniques, Lobstein développa ses idées dans un ultime ouvrage (1835) : quittant l’observation pour l’hypothèse, son système pathogénique voulait rapporter la cause des maladies à des dérèglements de l’innervation.
Principaux ouvrages : « Mémoire sur l’ossification des artères », Mémoires de la Société des sciences, arts et agriculture du Bas-Rhin, I, Strasbourg, 1811 ; « Vues générales sur l’anatomie pathologique », Journal complémentaire du Dictionnaire des sciences médicales, II, Paris, 1818 ; Discours sur la prééminence du système nerveux dans l’économie animale et l’influence d’une étude approfondie de ce système, Strasbourg, 1821 ; « Trispianchnique », Grand dictionnaire des sciences médicales, LVI, Paris, 1821 ; De nervi sympathetici humani fabrica, usu et morbis ; commentatio physiologico-pathologica, tabulis aeneis et lithographicis illustrata, Parisiis et Argentorati, 1823 (trad. en italien, 1824, et en portugais, 1826) ; Handbuch der Hebammenkunst, zum Gebrauch bey seinen Vortesungen, Strasbourg, 1827 ; Essai d’une nouvelle théorie des maladies fondée sur les anomalies de l’innervation, Paris-Strasbourg, 1835 (trad. en allemand par A. Neurohr, Stuttgart, 1835).
Malle, « Nécrologie », Revue d’Alsace, 1834, p. 389-396 ; R. Cailliot, M. Hirtz, Schuré, Heisch, Discours prononcés aux obsèques de M. J.-F. Lobstein, Strasbourg, 1835, 19 p. ; « Mort de M. Lobstein », Archives médicales de Strasbourg, 1835, p. 152-166 ; M. Lévy, « A. M. Lobstein », Revue d’Alsace, 1835, p. 43-44 ; Ch. H. Ehrmann, Éloge historique du Professeur Jean-Frédéric Lobstein. Discours prononcé en séance solennelle de la Faculté de Médecine de l’Université de Strasbourg le 24 décembre 1835, Strasbourg, 1836, 25 p. (avec liste des travaux) ; E. Stöber, Sämmtliche Gedichte und prosaische Schriften, III, Strasbourg, 1836, p. 162-16 ; Nouvelle biographie générale, XXXI, Paris, 1862, p. 427-428 ; Ed. Lobstein, Johann Friedrich Lobstein, Professor der inneren Klinik und pathologischen Anatomie…, Strasbourg, 1878, 297 p. ; F. Wieger, Geschichte der Medicin und ihrer Lehranstalten in Strassburg, Strasbourg, 1885, p. 108, 132, 142, 157 ; A. Dechambre, Dictionnaire de biographie médicale, 2e série, II, Paris, 1889 ; Berger-Levrault, Annales des professeurs des académies et universités alsaciennes 1523-1871, Nancy, 1890, p. 147 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 85-187 ; A. Brunschwig, « J.-F. Lobstein, the first professor of pathology », Annals of medical history, 1933, p. 82-84 ; Hirsch, Biographisches Lexikon der hervorragenden Aerzte aller Zeiten und Völker, III, 1962, p. 813-814 ; Th. Vetter, L’école anatomique strasbourgeoise. Jean-Frédéric Lobstein (1777-1835), catalogue de l’exposition en l’honneur de la Société anatomique de Paris, Strasbourg, 1977 84 p. ; idem, « Jean-Frédéric Lobstein le Jeune. L’accomplissement précoce de la médecine anatomo-clinique ou l’efficient concours d’une administration éclairée », Archives d’anatomie et de cytologie pathologiques, 1978/3-4, p. 181-184 ; idem, « Jean-Frédéric Lobstein le Jeune et l’introduction de la stéthoscopie à la Faculté de Strasbourg », Revue du Palais de la Découverte (Paris), n° 22 (n° spécial), 1981, p. 138-151 ; Allgemeine deutsche Biographie, XIV, 1985, p. 738-740.
Iconographie : portrait lithographique par Guérin et Engelmann ; buste en marbre blanc dans la salle du conseil de la Faculté de Médecine de Strasbourg.
Théodore Vetter (1994)