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LITZ Martin

Quatrième abbé de Pairis (début du XIIIe siècle). Tiré de l’anonyme épaisseur de l’histoire par le talent de Gontherus Parisiensis ©, poète de langue allemande et française puis moine de Pairis, L. apparaît, à première lecture, comme le héros de l’épique Historia Constantinopolitana, un orateur de talent auquel le pape Innocent III aurait confié la prédication de la quatrième croisade en 1202, un père abbé modérateur et pieux, sauvant miraculeusement nombre de reliques pour les rapporter de Constantinople en Alsace, lamentable et dernière étape de l’expédition. L’étude critique de l’œuvre de Guntherus a récemment imposé une lecture toute différente du récit où se manifestent ironie et humour, un véritable montage littéraire à l’imitation de Gottfried de Strasbourg ©, se plaisant à décrire les assassinats, pillages et incendies perpétrés par ces « saints pirates » de croisés, au nom de Dieu. Ce nouvel éclairage remet en cause la source principale permettant de connaître Litz et crédite le jugement plus ancien selon lequel l’abbé, cité dans un statut du chapitre de Cîteaux en 1206, serait « confus et vaniteux, timide et borné ».

Traduction partielle sans examen critique de l’Historia Constantinopolitana dans la Bibliothèque des Croisades, III ; Comte Riant, Exuviae sacrae Constantinopoiitanae, I, Genève, 1877, p. 79 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 183 ; H. Bayer, « Gunthervon Pairis und Gottfried von Strassburg », Mittellateinisches Jahrbuch 13,1978, p. 140-183 ; Encyclopédie de l’Alsace, VIII, 1984, p. 4780.

Odile Kammerer (1994)