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LEHN Jean-Marie Pierre

Universitaire, prix Nobel de chimie, (C) (★ Rosheim 30.9.1939).

Fils de Pierre Marie Gérard L. (★ Rosheim 29.2.1912), boulanger, et de Marie Gertrude Salomon (★ Irmstett 11.9.1917 † Strasbourg 25.1.1993). ∞ 8.6.1965 Sylvie Lederer, fille d’Edgar L., biochimiste, médaille d’or du CNRS, et d’Hélène Fréchet ; 2 fils: David (★ 1966), et Mathias (★ 1969) chimiste, Prix Nobel 1987 (avec D.J. Cram et C.J. Pedersen). Trois frères : Joseph (★ Rosheim 1941), conseil juridique, Materne (★ Rosheim 1946), médecin psychiatre et organiste titulaire de l’orgue de St-Guilhem-le-Désert, Pierre (★ Rosheim 1949), médecin, chercheur en recherche bio-médicale. Pierre Lehn reprend la boulangerie paternelle en 1938, tout en se consacrant à la musique, comme organiste, directeur de la chorale Ste-Cécile de Rosheim (avec laquelle il monte plusieurs opérettes), ainsi que de l’Orchestre philharmonique d’Obernai (qui lui permet de solenniser des grandes fêtes religieuses à Rosheim) et facteur d’orgues autodidacte. On lui doit les orgues de Rosenwiller et de la chapelle du Bruderberg ainsi que des orgues de salon destinées à chacun de ses quatre fils. Ayant bénéficié de solides études musicales, P. Lehn a été organiste à Rosheim durant 40 ans et assuré l’entretien des deux orgues de la cité. Le musicologue Paul Smets constata en 1959 : « die Familie Lehn zeigt, dass die Hausmusik, genau wie einst zu Silbermanns Zeiten, in Bürgerhäusern gelegentlich eine bedeutsame Rolle spielt ». P. Lehn se vit décerner le Bretzel d’or de l’Institut des Arts et Traditions Populaires d’Alsace en 1987.

Jean-Marie L., après avoir passé les baccalauréats de philosophie et de sciences expérimentales à Obernai (1957), a entamé des études de sciences. Licence de sciences physiques (1960) ; doctorat ès sciences (1963) ; thèse consacrée à l’étude de molécules naturelles, les triterpènes, par résonance magnétique nucléaire ; chercheur au CNRS (1960-1966, dans le laboratoire de G. Ourisson ©) ; stage post-doctoral à l’Université Harvard, USA, où il a participé à la synthèse de la vitamine B 12 dans le laboratoire de R.B. Woodward. Maître de conférences (1966-1969), puis professeur (1970-1979) à l’Université Louis Pasteur ; enseigne à Harvard à temps partiel de 1972 à 1979 ; professeur au Collège de France depuis 1979 (chimie des interactions moléculaires). Dès ses débuts à l’Université de Strasbourg, L. s’est intéressé à des processus chimiques proches des mécanismes de la biologie, tentant d’y apporter sa contribution, en particulier en étudiant l’interaction des molécules les unes avec les autres (reconnaissance moléculaire) et la possibilité que certaines d’entre elles avaient de véhiculer des ions au travers des membranes biologiques. Peu après la découverte par C.J. Pedersen d’une molécule organique (un éther en forme de couronne) capable de retenir en son centre un ion, L. a transposé cette propriété à des molécules en trois dimensions (cages). Le chimiste américain D. Cram a construit par la suite lui aussi des molécules présentant des propriétés analogues et les trois chimistes allaient partager en 1987 le prix Nobel de chimie. Semblables à des cages ou à des cavernes, les molécules de L. ont été baptisées « cryptates » ; elles sont capables de reconnaître et de retenir des ions métalliques. Les cryptates (des molécules inconnues dans la nature) peuvent être synthétisés en fonction des substances que l’on veut y enfermer. On considère que la découverte des cryptates a jeté les bases d’une nouvelle chimie : la chimie supramoléculaire, destinée à un grand avenir. Les cryptates se laissent « construire » et modifier, presqu’à volonté ; ils pourraient notamment être utilisés dans certains cas de dépollution, en « piégeant » par exemple des éléments toxiques ou radioactifs et les extraire des substances contaminées, servant de catalyseurs, ou encore être utilisés en biologie car ils se comportent comme certaines molécules intervenant dans le fonctionnement du corps humain, etc. En effet, « la chimie crée son objet » (Berthelot). Lauréat de nombreux prix en France et à l’étranger, il est officier dans l’Ordre national du Mérite (1993), officier de la Légion d’honneur (1988), chevalier des Palmes Académiques (1989), Grand Bretzel d’or de l’Institut des arts et traditions populaires d’Alsace (1992), etc. L. est membre d’une vingtaine d’académies et de sociétés savantes des Etats-Unis et d’Europe, dont l’Académie des Sciences, Institut de France, 1985. L. fait également partie de nombreux conseils scientifiques et d’administration.

Auteur de plus de 450 publications et de cycles de conférences à travers le monde entier.

Christine Muller (1994)

Compléments

Médaille Davy de la Royal Society en 1997.
En septembre 2006, il a été nommé membre du Haut conseil de la science et de la technologie.
Il a notamment signé, avec d’autres lauréats du prix Nobel, un appel demandant qu’une délégation du Comité des droits de l’enfant de l’ONU rende visite à un enfant tibétain en résidence surveillée depuis 1995 en Chine, Gedhun Choekyi Nyima reconnu comme onzième Panchen Lama par le quatorzième Dalaï Lama, Tenzin Gyatso. Jean-Marie Lehn est également membre du comité de parrainage scientifique de l’Association Française pour l’Information Scientifique (AFIS) et de sa revue Science et pseudo-sciences. En 2016 il signe, avec 106 autres prix Nobel, une Lettre de soutien de Prix Nobel à l’agriculture de précision (OGM), lettre dans laquelle l’ONG Greenpeace est accusée de crime contre l’humanité.

Gabrielle Claerr Stamm (mai 2020)