Bibliothécaire, folkloriste, (C) (★ Obernai 14.4.1888 † Strasbourg 13.11.1977).
Fils de Jean-Baptiste L., agriculteur issu d’une famille d’ancienne bourgeoisie locale, et de Marie Thérèse Seyler. ∞ 19.7.1919 à Sierentz Marie Elise Jeanne Etterlin (★ Luttenbach 21.12.1897), fille de François Joseph E., instituteur à Sierentz, et de Robertine Redelin; 4 enfants. Etudes secondaires à Obernai et à Sélestat. Son professeur Alfred Pfleger © sut éveiller son intérêt pour la littérature et le folklore alsaciens. Etudes supérieures de 1908 à 1912 à l’Université de Strasbourg. En 1913, il soutint une thèse de doctorat : Die volkstümlichen Stilelemente in Murners Satiren, qui fut publiée en 1915 dans les Einzelschriften zur Elsässischen Geistes- und Kulturgeschichte. Ce travail, remarqué dans le monde scientifique, contribua à réhabiliter le moine franciscain, dont la personnalité et l’œuvre furent longtemps contestées. Il enseigna pendant une année comme Probekandidat à son ancien lycée à Sélestat avant d’être appelé par le Professeur Wolfram ©, le 1.1.1914, à la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg, où il fit toute sa carrière comme conservateur, puis conservateur en chef jusqu’à sa retraite en 1955. Sa formation de philologue et de linguiste le destinait à la recherche littéraire dans laquelle il s’était acquis de sérieux titres. Il publia une série d’études et d’éditions de textes fondamentales sur la vie intellectuelle et littéraire alsacienne : G.D. Arnold, Der Pfingstmontag, avec E. Marckwald (1914) ; Clemens Brentano, Die Chronika des fahrenden Schülers, Urfassung (1923) ; Eine verschollene Streitschrift Murners (1926) ; Jakob u. Wilhelm Grimm, Märchen aus dem Nachlass Clemens Brentanos in der Urgestalt hrsg. (1926) ; Märchen der Brüder Grimm, Urfassung nach der Originalhandschrift der Abtei Oelenberg im Elsass (1927) ; Thomas Murner, Purgatio vulgaris, nach der Originalhandschrift erstmalig hrsg. (1928) ; Die gejehrten und literarischen Gesellschaften im Elsass vor 1870 (1931). Mais L. ne se consacra pas uniquement à la littérature alsacienne. L’étude du patrimoine folklorique alsacien devint l’objet essentiel de ses recherches et de ses publications. Celles-ci parurent notamment dans la revue mensuelle Elsassland-Lothrlnger Heimat (1920-1939), qu’il fonda en 1920 avec son ancien professeur Alfred Pfleger qui devint son ami. L. collabora également au Jahrbuch der Elsass-Lothringischen wissenschaftlichen Gesellschaft et à l’Archiv für elsässische Kirchengeschichte. Avec A. Pfleger, L. publia en 1931 Elsässische Weihnacht. Ein Buch unseres Landes Art und Brauch, dont une deuxième édition, revue et augmentée, parut en 1941. En 1939, il fit paraître, à l’occasion du 500e anniversaire de la construction de la flèche de la cathédrale, Unserer Frauen Münster zu Strassburg et le premier volume des Elsässische Volkslieder, que le Dr Auguste Kassel © avait rassemblés et transmis par testament à L. Cet ouvrage a été mis au pilon par les nazis. Après la Seconde Guerre mondiale parurent successivement Die Brunnen im Elsass (1954), transposés par Claude Odilé et publiés en 1955 sous le titre Fontaines d’Alsace ; Elsässische Dorfbilder. Ein Buch von ländlicher Art und Kunst (1958, 2e éd. 1960) ; Das Volkslied im Elsass, dont trois volumes ont paru entre 1966 et 1969 sur les cinq prévus, les deux derniers n’ayant pas été publiés à la suite d’un différend survenu entre l’auteur et l’éditeur. A cette série de monographies, il faut ajouter trois brochures sur la vie populaire au fil des saisons, parues entre 1973 et 1979 dans la collection « Alsatiques de poche ». L. a enfin collaboré au Manuel du folklore français d’Arnold von Gennep, auquel il a livré d’importantes contributions sur les coutumes de Pentecôte et de la Saint-Jean, ainsi que sur les cérémonies agricoles estivales (t. 4, 1949 et t. 5, 1951). L. ne s’est pas contenté de publier le résultat de ses recherches dans des revues et monographies, réservées à des spécialistes, il a fait aussi œuvre de vulgarisateur en livrant des articles à des almanachs et calendriers. Conscient du rôle de ces publications auprès des humbles, il décida en 1934 de prendre la direction du Neuer Elsässer Kalender et du Colmarer Hinkende Bote, menacés de disparaître. L. collabora également à des journaux et dès 1909 à l’Elsässer ainsi qu’à des hebdomadaires (Ami du Peuple et Est agricole et viticole, entre autres). Auteur d’une comédie et de six récits satiriques publiés en dialecte sous les pseudonymes Joseph Lèvre et J. Jodel. L’Université d’Innsbruck lui conféra en 1964 le Mozartpreis.
Elan, 1977, n° 7-8 ; L, Maurer, Joseph Lefftz, ASHADBO, 1978, p. 162-163 ; J. Rott, Bibliographie des publications de Joseph Lefftz, RA 109, 1983, p. 233-242 ; Deutsches Literatur-Lexikon IX, Berne-Munich, 1984, c. 1094 ; EA VIII, 1984, p. 4684-4686 (portrait) ; DMRA, p. 256-257 ; A. Irjud, La germanisation des noms en Alsace, RA, 1987, p. 239-261 ; Elan, septembre 1987, p. 8-10 (portrait) ; Objectif Alsace 27, juillet-août 1988, p. 32-33 ; Abiturientenrede de L., ASHADBO, 1988, p. 7-10.
Lucien Maurer (1994)