Duc de Dantzig, maréchal et pair de France, (C) (★ Rouffach 25.10.1755 † Paris 14.9.1820).
Fils de François Joseph L. (★ Rouffach 1725 † 1765), ancien « bas-officier » dans le régiment de Ferrary-Houssard et sergent de garde (Wachtmeister) de Rouffach, et d’Anne Marie Riss (1732-1807). ∞ 1.3.1783 à Paris Catherine Hubscher © ; 10 enfants, dont 1 seul fils survivant : Joseph Marie Xavier (★ Paris 9.3.1785 † Vilnius, Lituanie, 3.12.1812), fut général de brigade en 1810, comte de Dantzig, et mourut au cours de la retraite de Russie. Après le décès de son père, il fut recueilli par son cousin germain Jean Christophe Philippe L. (★ Colmar 9.10.1732), curé à Guémar, qui se chargea de son éducation. Il partit clandestinement pour s’enrôler, à 18 ans, dans les Gardes françaises le 10.9.1773. Il fut nommé caporal dans le même régiment, le 10.9.1777. Sergent le 28.6.1782. Sergent de grenadiers le 2.6.1786 et premier sergent le 9.4.1788. Lors de la Révolution, il sauva quelques officiers maltraités par la foule, le 12.7.1789 et fut nommé lieutenant instructeur du bataillon des Filles-St- Thomas de la garde nationale soldée de Paris le 1.9.1789. Il fut blessé en protégeant la famille royale lors de son retour aux Tuileries, après son départ manqué à Saint-Cloud. Le 1.1.1792, il accéda au grade de capitaine au 13e bataillon d’infanterie légère. Il favorisa le départ pour Rome des tantes de Louis XVI (13.1.1792). Servit à l’armée du Centre, puis de la Moselle (1792-1793). Adjudant général, chef de bataillon le 3.9.1793, il passa général de brigade à l’armée de la Moselle le 2.12.1793. Hoche © le fit nommer général de division à l’armée de Sambre-et-Meuse (10.1.1794). Il prit part aux combats de Lambach, Geisberg (26.12.1793), Mannheim, Arlon (18.4.1794), Dinant (29.5.) et Fleurus (26.6.1794). Il participa aux victoires de Bracquignies, Belgique (1.7.1794), de Honef contre les Autrichiens (septembre 1795), Siegsberg, Altenkirchen (4.6.1796) où il enleva 4 drapeaux, 12 canons et fit 3 000 prisonniers (4.6.1796), Wildendorf (4.7.1796), Friedberg (10.7.), Bamberg, Salzbach et Koenigshausen (juillet 1796). Après la mort de Hoche, il commanda provisoirement l’armée de Sambre-et-Meuse (19.9.1797). Nommé à l’Armée d’Angleterre sous Kléber © puis commandant par intérim de l’armée de Mayence (octobre 1798), puis commandant d’une division de l’armée du Danube. Blessé à Ostrach le 21.3.1799, il dut rentrer à Paris. Désigné par le Conseil des Cinq-Cents comme candidat au Directoire, il ne fut pas élu. Le 11.8.1799, il fut nommé commandant de la 17e division militaire à Paris le 13.8.1799. Il prit une part importante aux événements du 18 Brumaire an VIII. En effet, Bonaparte savait que L. était prêt à s’enflammer pour un rien et qu’il était d’une grande sensibilité; il lui joua une petite comédie. Aussi, à la veille du 18 Brumaire, l’invita-t-il à dîner : « Eh bien, Lefebvre, vous, un des soutiens de la République, voulez-vous qu’elle périsse entre les mains des avocats ? Unissez-vous à moi pour la sauver ! ». Détachant de son côté le sabre qu’il portait depuis la campagne d’Egypte, Bonaparte le tendit à L. : « Tenez, voici le sabre que je portais aux Pyramides ; je vous le donne comme un gage de mon estime et de ma confiance ». L., les larmes aux yeux, promit de jeter à la rivière tous les bougres d’avocats. Le 19 brumaire, il accompagnait Bonaparte aux Anciens puis aux Cinq-Cents et participa avec Leclerc et Murat à la mise en fuite des députés à travers le jardin de l’Orangerie. Le commandement supérieur des 15e et 17e régions militaires lui fut confié en janvier 1800. Le 1er avril, il fut nommé membre du Sénat conservateur dont la vice-présidence pour les affaires intérieures lui fut attribuée le 21.6.1803. Maréchal de l’Empire le 19.5.1804, puis chef de la 5e cohorte de la Légion d’honneur, grand officier et grand aigle (2.2.1805) de cet ordre. En 1806, il reprit du service dans la Grande Armée comme commandant du 5e corps (4.9.1806), puis de l’infanterie de la Garde impériale (5.10.1806). Il servit en Prusse et se battit à léna (4.10.1806). En Pologne ensuite, il fut chargé de la prise de Dantzig, qu’il investit après 51 jours de siège (26.5.1807). Ce haut fait d’armes lui valut le titre de duc de Dantzig par lettres patentes du 10.9.1808. A Dantzig, il avait eu sous ses ordres des Français, des Bavarois, des Saxons et des Polonais. Tous ne comprirent pas le florilège d’injures de leur chef, mais le reconnurent comme tel quand ils le virent, mêlé à eux, affronter tous les dangers. Comme commandant du 4e corps de l’armée d’Espagne du 7.9.1808 au 10.1.1809, il gagna la bataille de Durango (31.10.1808), vainquit les Anglais (Guestes 17.11.) et prit Ségovie (3.12.). De retour en Allemagne en 1809, il commanda l’armée bavaroise et prit part aux batailles de Tann, d’Abensberg, d’Eckmühl (22.4.) et de Wagram (6.7.). Nommé commandant de l’armée du Tyrol de mai à octobre 1809 avec mission d’écraser la révolte des Tyroliens entraînés par le patriote Andreas Hofer capturé le 8.1.1810. En 1812, il commanda l’infanterie de la vieille garde et fut à la Moskova (7.9.1812). Lors de l’invasion de 1814, L. commanda la vieille garde en Champagne, aux combats de Montmirail, Arcis-sur-Aube et de Champaubert. Il assista le 4.4.1812 à Montereau avec d’autres maréchaux à l’entrevue qu’eut Napoléon avec Macdonald venu lui demander de mettre fin à la guerre ; il vota la déchéance de l’empereur au Sénat et se rallia à la Restauration, qui le nomma pair de France (2.6.1814). Rallié à Napoléon, il siégea dans la Chambre haute pendant les Cent-Jours. Exclu de la pairie à la Seconde Restauration, mais confirmé par la suite dans son titre de maréchal en 1816 et rappelé à la chambre des pairs en 1819. L. était franc-maçon, d’abord dans la loge Les Amis réunis, puis grand maître de l’ordre du Christ (1809), ordre créé le 1.9.1809 par huit souverains commandeurs du Temple. Le nom du maréchal L. est inscrit sur l’Arc de Triomphe de l’Etoile. L. fut inhumé au cimetière du Père-Lachaise où il repose aux côtés de la maréchale. Monuments commémoratifs à Rouffach. Dans son éloge funèbre, le maréchal Suchet parla de sa grande habilité à électriser les soldats, à se les attacher par la confiance, à les porter aux plus grandes actions. Ajoutons que le maréchal L. a perdu trois frères lors des guerres de la Révolution et du Consulat : Martin tué comme capitaine en 1793 ; Antoine tué avec rang de lieutenant et Denis avec rang de lieutenant-colonel en 1803.
Correspondance intime (autographes) aux AM de Rouffach.
Archives historiques de l’Armée, IIe série, dossier n° 53, 134 pièces ; J. Wirth, Le maréchal Lefèbvre. Duc de Dantzig (1755- 1820), Paris, 1904 ; Sitzmann II, 130-132 ; Six II, 1934, p. 90 et 92 ; F. Schaedelin, Notes sur le maréchal Lefèbvre. Sa famille, sa fortune, sa maison natale, RA, 1939, p. 88-103, 152- 159 ; A. Chaffanjon, Napoléon et l’univers impérial, Paris, 1969, p. 211 ; H. Lamant, G. de Soulanges, Dictionnaire des Francs-Maçons, Paris, 1980, p. 350 ; EA VIII, 1984, p. 4684 (portrait) ; Kammerer, p. 192 ; J.-P. Bertaud, Lefèbvre (François Joseph, duc de Dantzig) 1755-1820, maréchal de France, Dictionnaire Napoléon, sd. de J. Tulard, Paris, 1987, p. 1050 ; J. Valynseel dir., Les maréchaux de France, Paris, 1988, p. 266.
Iconographie : A la mairie de Rouffach : buste en marbre par David d’Angers (offert par la maréchale) ; portrait à l’huile (anonyme)
Pierre Paul Faust et Alphonse Halter (1994)