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LEBLOIS Louis

Protagoniste de l’affaire Dreyfus, (PI) (★ Strasbourg 28.6.1854 † Strasbourg 5.1.1928).

Fils de 1. ∞ 16.6.1888 à Strasbourg Marthe Berthe Lydia Catherine Marthe Haitz-Roederer (★ Hochfelden 18.5.1868), fille de Paul Marie Achille Donat H. et de Berthe Roederer, rentiers à Strasbourg. Après des études de droit à Paris, il devint magistrat à Nancy puis à Lille magistrat, puis avocat en 1890. Il avait été nommé adjoint du 7e arrondissement, le maire étant Charles Risler ©, neveu de Scheurer-Kestner ©. En juin 1897, le colonel Picquart ©, son ancien condisciple au lycée de Strasbourg, lui demanda de devenir son défenseur et lui révéla l’innocence d’Alfred Dreyfus © et la culpabilité d’Esterhazy, tout en lui interdisant d’aviser l’avocat de l’ex-capitaine. Il informa le 13.7.1898 Scheurer-Kestner des découvertes de l’ex-chef des services de renseignements, mais en lui faisant jurer qu’il ne serait pas fait usage de ses confi-dences sans son accord. Le sénateur le pressa de se joindre à lui pour faire éclater la vérité, mais les tergiversations de l’avocat réussirent tout juste à compromettre gravement Picquart aux yeux de l’Etat-Major. Après l’acquittement d’Esterhazy, il fut révoqué de ses fonctions d’adjoint au maire en février 1898 et suspendu du barreau le 22 mars suivant pour six mois par le Conseil de l’ordre des avocats pour avoir «livré à Scheurer-Kestner les confidences de son client». En juillet 1898, une information fut ouverte contre Picquart et lui-même pour divulgation de documents secrets intéressant la Défense nationale. Leur procès fut renvoyé et un non-lieu fut rendu le 13.6.1899. Il resta jusqu’à la révision de 1906 l’un des conseillers proches de Dreyfus et de sa famille. Il était membre du comité central de la Ligue des droits de l’homme et collaborait à divers journaux : Le siècle, Le Temps, L’Aurore. Il était devenu l’ami intime et aussi le soutien financier de Clemenceau. Il présida l’Union française pour le sauvetage de l’enfance. Rentré dans sa ville natale, il fonda en 1919 la section du Bas-Rhin de la Ligue des droits de l’homme, dont il fut élu président d’honneur. En janvier 1921, il y fit triompher les thèses « jacobines » contre une fraction «autonomisante» et devint président actif de la section.

Ligue des droits de l’homme et du citoyen, 1898 (avec A. Scheurer-Kestner) ; Pensées d’un inconnu, 1898 ; Correspondance entre Scheurer et Leblois, Paris, s.d. ; Discours prononcé à l’inauguration du monument Scheurer-Kestner, Paris, 1909 ; Lettres échangées entre M. Leblois et le docteur Finck, s.l.n.d. ; Le dénouement de la crise, Strasbourg, s.d. [1921] ; L’affaire Dreyfus, l’iniquité, la réparation, les principaux faits et les principaux documents, Paris, 1929.

P. Appel, Souvenirs d’un Alsacien, Paris, 1923 ; JAL du 27.1.1928 ; Das Neue Elsass du 14.1.1928 ; Freie Presse du 7.1.1928; Dernières Nouvelles de Strasbourg du 7.1.1928 ; P. Desachy, Une grande figure de l’affaire Dreyfus, Louis Leblois, Paris, 1934 ; P. V. Stock, Mémorandum d’un éditeur, III, L’Affaire Dreyfus anecdotique, Paris, 1938, p. 187 ; P. Boussel, L’Affaire Dreyfus et la presse, Paris, 1960, p. 239 ; R. Gauthier éd., Dreyfusards, Paris, 1965 ; J. D. Bredin, L’Affaire, Paris, 1983, 2e éd. 1993 ; J.-C. Richez, L’affaire Dreyfus, l’Alsace et les Alsaciens, RA, 1986, p. 283-305 ; A. Scheurer-Kestner, Mémoires d’un sénateur dreyfusard, Strasbourg, 1988 ; L. Strauss, Le congrès de Strasbourg de la Ligue des droits de l’homme (avril 1920), 72e congrès de la Ligue des Droits de l’Homme, Strasbourg, 1992.

Léon Strauss (1994)