Sculpteur, (c) (★ Rouen v. 1685 † Strasbourg, St-Etienne, 16.12.1751). Célibataire.
On lui attribue une collaboration comme sculpteur ornemaniste à la décoration de la chapelle du château de Versailles vers 1709. Il apparaît en Alsace vers 1718 comme sculpteur et statuaire du cardinal de Rohan © à Saverne, ainsi que l’attestent les registres paroissiaux entre 1720 et 1730. Des dessins de L., ainsi que de Charles Rousseau, fournissent la preuve de son activité dans la décoration du château de Saverne : boiseries des appartements de parade et de ceux du cardinal, statues de jardin, portail de la basse-cour, grand escalier, péristyle, nouveau cabinet du prince-évêque, etc. A dater de 1731, L. s’établit à Strasbourg. Un acte notarié du 3.3.1732 le désigne comme «sculpteur de la ville» (ABR, 6 E 41(51)). Le 17.3.1736, le prince Frédéric Constantin de La Tour d’Auvergne, grand doyen du Chapitre de la cathédrale, fait appel à ses services (ABR, ibidem). Sa signature apparaît également au bas du testament d’Edme du Bois, bourgeois de Strasbourg, agent de l’Electeur Palatin du Rhin, en date du 24.9.1737. Le 16.1.1742, il est fait mention de Le P., «sculpteur du Cardinal de Rohan, habitant la paroisse Saint-Etienne», en tant que parrain du fils du receveur de l’Evêché, Jean Louis Arroy ; cela suppose de sa part une collaboration à la décoration du château épiscopal de Strasbourg. 1744 le voit au service de la ville, ainsi que du préteur royal F.J. de Klinglin © 3, auquel il remit trois dessins représentant les fêtes organisées en l’honneur de Louis XV en octobre 1744, perdus aujourd’hui (AMS, série VII, 1402, f. 59a); ce document, du 16.8.1746, sollicite le paiement de projets de décoration pour la salle de comédie de la ville et de travaux de sculpture au portail de l’hôtel du préteur royal. De 1747 datent les deux lions couchés au-dessus des piliers du portail (copies modernes in situ), et les sculptures des deux vantaux de bois de la grande porte (AMS, série VII, 1402, 172a, du 31.10.1747 et 178ab du 28.11.1747). Il acquit pour lui-même une maison à Strasbourg en tant que «Le Prince, sculpteur du Roi». En 1749, la Chambre des XIII, sur sa demande, lui accorda une pension en qualité de «dessinateur de la Ville» (AMS, série VII, 1405, f. 124).
Archives de l’art français, 1915, p. 366 ; A. Riff, Le sculpteur Martin Le Prince à Strasbourg, AAHA 2, 1923, p. 167-170 (A. Riff a confondu dans son étude le sculpteur parisien Martin Le Prince avec Laurent Le Prince, né à Rouen, erreur relevée par Thieme-Becker XXIII, 1929, p. 106) ; H. Haug, L’architecture Régence à Strasbourg (1725-1760), ibidem, p. 180; C. Grodecki, La résidence de Saverne. Travaux du Premier Cardinal de Rohan au château de Saverne d’après des documents inédits 1704-1730, CAAAH 11, 1967, p. 97-112 ; J.D. Ludmann, Le Palais Rohan de Strasbourg, Strasbourg, 1980.
Victor Beyer (1995)