Skip to main content

LAVILLE Eugène

Artiste peintre et dessinateur (★ Saverne 10.9.1814 † Marmoutier 6.11.1869).

Fils de Jean-Baptiste L. († 10.6.1819), maître de poste, et de Thérèse Burgard. ∞ 1854 Genoveva Krieg. Orphelin de père à cinq ans. Ses prédispositions pour le dessin, révélées au collège de Saverne, décidèrent sa mère à l’envoyer à Paris pour acquérir une formation d’artiste peintre. Dans la capitale, il se signala comme illustrateur de revues (Le Magasin pittoresque, Le Journal amusant, La Galerie du Musée de Versailles) et de livres (Paul et Virginie, Corinne, de Madame de Staël, Mille et une nuits, Contes et nouvelles, de Boccace, Contes de La Fontaine, etc.). Reçu dans les milieux romantiques parisiens, il fut en relation avec Alfred de Musset et Alphonse Karr, entre autres. Revenu dans sa ville natale vers 1842, il se vit confier l’importante commande (qui lui sera payée 3 600 F) d’un tableau (huile sur toile de 5 m x 7 m) pour la nouvelle chapelle du cimetière de Saverne, bâtie en 1843. Il travailla deux ans à cette oeuvre (qui peut être considérée comme son chef-d’œuvre) qui représente Les misères de l’humanité, vaste composition, très élaborée, qui s’inspire des grands maîtres de la Renaissance et notamment de Raphaël. On y remarque, parmi les figures, un autoportrait. Il travailla aussi pour d’autres églises de la région, à Eckartswiller (Vierge et saint Sébastien, perdu ?), Obermodern (Sermon sur la Montagne et les quatre évangélistes), Herbitzheim (trois saints dont saint Hubert), etc. De 1846 à 1848, L. séjourna à Rome pour perfectionner son art au contact des maîtres. Il publia des dessins de cette période (Paysan romain lithographié par Simon à Strasbourg en 1855). De retour à Saverne, il illustra de dessins lithographiés l’ouvrage de Charles Guillaume Klein ©, Saverne et ses environs, 1849. Pour la fontaine dite « Postbrunnen » érigée devant le relais de poste, route de Paris, autrefois géré par son père, il réalisa un bas-relief en bronze représentant un cheval cabré (cette fontaine a été transférée place St-Nicolas). En 1854, il s’installa à Strasbourg, 28 quai des Pêcheurs. Il ouvrit dans cette ville une école de dessin et de peinture où Rosé, Kreder, Kreutzberger © furent entre autres ses élèves. Il fréquentait aussi d’autres artistes alsaciens comme Théophile Schuler ©, Haffner ©, Schutzenberger… En 1851 (? ), il avait déjà travaillé avec Jules Vogel à une série de 30 lithographies publiées par E. Simon, intitulée Esquisses physiologiques de la ville de Strasbourg. Il a aussi illustré le Strasburger hinkende Bote de 1854. L. quitta l’Alsace en 1857 pour Paris où il resta jusqu’en 1869. Dans la capitale, l’artiste savernois travailla sur des thèmes religieux et exécuta des portraits. Certaines de ces œuvres ont été exposées aux salons où il a été distingué deux fois, en 1861 pour La mort de saint Joseph et en 1863 pour Le Christ mort. Parmi ses œuvres de cette période, on peut citer: Quatre cavaliers de l’Apocalypse, Le chemin du Calvaire, Le retour du Calvaire, Vision de saint Jean (Salon de 1859), Le Christ et les petits enfants (Salon de 1865), Ecce Homo (Salon de 1868), Calabrais à Paris, La petite bergère, Souvenirs de grand’mère, etc… Pour les portraits, on peut signaler ceux du général Barrai et du préfet de police Boitelle. Cependant L. passait tous les ans une partie de l’été en Alsace où il se montra actif. En 1861, il restaura les peintures de la voûte de l’église d’Ebersmunster (Glorification de saint Benoît, Vie et martyre de saint Martin). L., qui avait toujours été de santé délicate, tomba malade lors d’un séjour à Saverne en octobre 1869 (fièvre typhoïde), et demanda asile à son beau-frère le notaire Charles Henri Adam © 4, à Marmoutier, où il mourut. Sa veuve le fit ensevelir dans le cimetière de Saverne sous une dalle de grès toute simple, non loin de la chapelle qu’il avait décorée en 1844-1845. Un discret hommage avait été rendu à l’artiste lors de l’exposition de portraits à Strasbourg en 1910 (Portrait de dames 1838), au Musée historique en 1921 (Mimi pinson, dessin), en 1930 à l’exposition «L’Alsace romantique», enfin en 1975-1976 lors de l’exposition «Imprimerie et édition à Strasbourg au XIXe siècle». On peut signaler au Musée de Saverne le portrait de Charles Fellerath (1867) et La petite bergère, dépôt du Musée des Beaux-Arts de Mulhouse. D’autres œuvres sont conservées aux musées de Strasbourg, au Musée Unterlinden de Colmar, à Lyon, chez les Capucins de Versailles, et à Saint-Quentin.

E. Müntz, Les artistes alsaciens et les arts en Alsace, RA, 1869, p. 267-268 ; Zaberner Wochenblatt du 13. 11. 1869 ; R. Ménard, L’art en Alsace-Lorraine, Paris, 1876, p ; P. E. Tuefferd, L’Alsace artistique, RA, 1889, p. 487-488 ; Sitzmann II, 122 ; Thieme-Becker XXII, 1928, p. 477 ; L. Bachmeyer, Eugène Laville, ein Zaberner Künstler, Gazette des métiers du 15. 8. 1929, p. 557 ; Galerie bekannt gewordener Zaberner, Journal de Saverne, 1933 ; J. Crombach, Vor hundert Jahren hat unser berühmter Maler Eugène Laville Saverne verlassen, DNA du 12. 1. 1958 ; R. Heitz, La peinture en Alsace 1050-1950, Strasbourg, 1975, p. 301 (index) ; Bénézit VI, p. 493; EA VIII, 1984, 4679 ; P. Ahnne, M. -Chr. Hamm, Visages romantiques de l’Alsace, Strasbourg, 1984, p. 103-104, 119, 123 ; Bauer-Carpentier III, 1986, p. 213 ; Lotz III, p. 99.

Henri Heitz (1994)