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LAUTH

Le premier représentant de cette nombreuse famille (PI) en Alsace est Hans (★ v. 1535-1540 † Woerth v. 1600), originaire de Häfner-Haslach,Wurtemberg, immigré à Woerth avant 1575. Ses petits-fils Wendling (1612-1673) et Hans Jacob (★ Langensoultzbach 1620 † Strasbourg 1686) qui ∞ 1647 à Strasbourg Marie Salomé Wild (★ Strasbourg 1624 † Strasbourg 1698), tous deux meuniers à Langensoultzbach, puis à Strasbourg, ont été les fondateurs de la dynastie meunière la plus prolifique d’Alsace: 62 Lauth ont exercé ce métier, auxquels s’ajoutent de nombreux gendres. Ils se sont progressivement lancés dans l’industrie, le commerce et les professions libérales.

A. Moritz, A. Uhrin, Lauth, liste de descendance meunière, Ms, bibliothèque du Cercle généalogique d’Alsace, 217; P. Romane-Musculus, Généalogie des L. venus de Strasbourg à Carcassonne et Castres, Ms aux ABR ; AMS, Généalogie L., fonds Raeuber-Wagner; R. Woldstedt-Lauth, D’schön Mattmüehl, vers 1930, et Am Fuss der Vogesen, Stuttgart, 1957.
Christian Wolff (1994)

(Ordre de classement) :
1. Jean Georges (1715-1784), médecin
2. Thomas (1758-1826), professeur d’anatomie, de physiologie et de chirurgie
3. Gustave (1793-1817), chirurgien
4. Ernest Alexandre (1803-1837), anatomiste et physiologiste
5. Guillaume (1794-1865), homme politique
6. Charles (1836-1913), chimiste, adjoint au maire de Paris
7. Ernest Guillaume (1827-1902), député et maire de Strasbourg
8. Anne-Marie (1723-1783) et Suzanne Marguerite (1729-1785), propriétaires d’une pension de famille
9. LAUTH-BOSSERT Aline (1869-1955), sculpteur
10. Charles Guillaume (1865-1950), industriel.

1. Jean Georges,
médecin, membre du Grand Sénat (★ Strasbourg 16.11.1715 † Strasbourg 12.9.1784). Fils de Jean Jacques L. (1680- 1727), meunier à la Duntzenmühle, membre du petit sénat et ancien d’église de St-Pierre-le-Vieux, et d’Anne Catherine Klein. ∞ I 5.5.1745 à Strasbourg Frédérique Fried, fille de Jean-Jacques F. ©; 4 enfants. II ∞ 26.10.1757 à Strasbourg Sibylle Wachter, fille de Thomas W., banquier, doyen du corps des Marchands, et de Marie Barbe Richshoffer; 2 enfants ∞ III 31.10.1762 à Strasbourg Marie Salomé Flammerer (1714-1787), fille de Jean H., négociant, assesseur au Grand Conseil et au corps des Marchands, et de Marie Salomé Kuck; sans descendance. Etudes médicales à Strasbourg; dissertation : De glandula thyroïdea (30.8.1742) ; docteur en médecine le 9.10.1742. Praticien et accoucheur de renom.

2. Thomas,
professeur d’anatomie, de physiologie et de chirurgie (★ Strasbourg 29.8.1758 † Bergzabern, Bavière rhénane, 16.9.1826). Fils aîné de 1 et de sa seconde épouse. ∞ 7.10.1788 à Strasbourg Marie Madeleine Grauel, fille de Jean Michel G., notaire juré, économe de la fondation St-Thomas, et de Marie Madeleine Falkenhauer; 6 enfants. Immatriculé à l’Université en 1772, L. vouait un intérêt particulier aux sciences mathématiques, ce qui faillit le détourner de l’étude de la médecine, dans laquelle il s’engagea sous la conduite des professeurs J. R. Spielmann ©, J. F. Lobstein l’aîné © et J. Pfeffinger; initié à la pratique par les médecins de l’Hôpital civil J. M. Roederer © (obstétrique), J. F. Ehrmann © 2 (clinique médicale) dont il devint l’adjoint, L. Marchai © (chirurgie), il suivit également les leçons de chirurgie de Le Riche © à l’hôpital royal militaire. Après la soutenance d’une dissertation inaugurale, Commentarii de analysi urinae et acido phosphoreo (25.1.1781), suivie de la thèse de licence De acere (29.8.1781), il fut promu docteur le 27 septembre de la même année. Voyage de perfectionnement à Paris, Londres, aux Pays-Bas et à Göttingen, où il retrouva son frère Jean Frédéric, inscrit à la Faculté de Droit. Ayant bénéficié de l’enseignement des chefs de file européens en médecine, chirurgie et obstétrique, il se familiarisa avec les débuts de l’électrothérapie médicale auprès de Gray et de Birch (Londres) et de J. R. Deimann (Amsterdam) et visita les cabinets de G. Hunter et de Cruikshank, de Lowdher, de J. Hunter et de Watson, de van Doeveren, de Hovius. Reçu par J. Banks, président de la Royal Society, il put assister aux réunions de la célèbre institution ; la rencontre avec Vicq d’Azyr, secrétaire de la Société royale de Médecine à Paris se poursuivit par des échanges épistolaires. Dès son retour à Strasbourg à la fin de l’année 1782, il put s’engager dans la carrière hospitalo-universitaire: accoucheur adjoint à J.M. Roederer, puis à G.A. Ostertag ©, au service d’obstétrique; nommé prodémonstrateur et prosecteur en anatomie le 17.1.1784, promu professeur extraordinaire en septembre, il fut titularisé à la chaire d’anatomie et de chirurgie le 11.4.1785. Après la suppression des anciennes institutions lors de la tourmente révolutionnaire, L., repris avec Jean Hermann © parmi les ci-devant professeurs, fut chargé de l’enseignement de l’anatomie et de la physiologie à l’ouverture de l’Ecole de Santé inaugurée le 21 pluviôse an III (9.2.1795), puis lors de sa transformation en Ecole de Médecine et du rétablissement de la Faculté à l’Université impériale en 1809. Chanoine de St-Thomas, L. dispensait également des cours d’anthropologie à l’Académie, puis au Séminaire protestant pour un temps. Servant en qualité de médecin des hôpitaux militaires, il fut nommé l’un des médecins en chef de l’Hôpital civil en 1795 et physicien de la ville en 1797. Alors qu’il avait été naguère en butte aux intrigues de ses collègues (Ostertag et Isengarth en particulier), des conflits ne manquèrent pas de se présenter lorsqu’il assuma la dernière charge rectorale à l’Université protestante, notamment à propos de la cession des collections anatomiques et de la remise des objets en métal précieux, ou de la polémique avec P. R. Flamant ©. Il refusa cependant à cette époque l’offre d’une chaire à Tübingen. A l’égal de son honnêteté morale et de sa fermeté, L. fit montre d’une grande rigueur scientifique, ce qui lui assure une place exceptionnelle dans l’histoire de la Faculté strasbourgeoise. En considérant les disciplines relevant de son enseignement, on trouve peu de relations de la pratique chirurgicale, au bénéfice de l’anatomie descriptive (avec un manuel sur la description des muscles et des ligaments, des recherches sur l’anatomie du cerveau) et de quelques mémoires de physiologie (sur les caractères qui distinguent les animaux des végétaux, sur la vision, sur les « hommes porcs-épics », etc.). De fait, son apport essentiel était indissociable de ses fonctions de médecin hospitalier. Ayant eu l’occasion, durant une trentaine d’années, de pratiquer tous les examens cadavériques, il a pu porter une attention constante aux pièces pathologiques et à l’enrichissement du musée avec le concours de ses collaborateurs et de ses deux fils Gustave © 3 et Ernest Alexandre © 4. C’est ainsi que L. prit rang de précurseur dans une pathologie à ses débuts, se distinguant de celle des collectionneurs de raretés anatomiques, par la confrontation constante entre les symptômes et les lésions; un diagnostic plus précis et le pronostic devenaient la finalité de cette anatomie pathologique nouvelle. Dès 1805, le maître exposait ses idées et sa méthode dans un Sermo academicus de fine Anatomiae pathologicae. J. F. Lobstein le jeune paracheva son œuvre à la première chaire française spécialisée. Dans le domaine médico-historique, le nom de L. reste attaché aux Collections des auteurs latins qui ont étudié l’anévrysme (1785) et surtout à son Histoire de l’anatomie, dont le premier tome seul a paru, la suite étant conservée à la BMS l’état de manuscrit comme nombre d’autres de ses articles. Chevalier de la Légion d’honneur (1820); élu associé non résident à l’Académie royale de Médecine le 23.10.1824; membre du Corps municipal de Strasbourg.

Œuvre imprimée : Ed. scriptorum latinorum de aneurysmatibus collectio, Argentorati. 1785 ; Nosologia chirurgica. Accedit notifia auctorum recentiorum Platnero, Argentorati, 1788 ; Elemens de myologie et de syndesmologie, Bâle, 2 vol., 1798 (trad. allemande par Klutsch, Halle, 1805) ; Vom Witterungs-Zustand, dem Scharlach-Friesel und dem Boesen Hals, Strasbourg, 1800; Vita Johannis Hermann, Argentorati, 1801 ; Mémoires, lus à la Société des sciences, agriculture et arts du département du Bas-Rhin, I, 1811 ; Histoire de l’anatomie, I, Strasbourg, 1815 ; De l’esprit de l’instruction publique, Strasbourg, 1816 ; Mémoire sur trois points relatifs à la vision, Nouvelle bibliothèque médicale, Paris, 1823 ; Mémoire sur l’anatomie du cerveau, Journal complémentaire du Dictionnaire des sciences médicales, III et IV, s.d.

Programma ad orationem inaug. qua… Thomas Lauth… in Universitate Argentoratensi… 1785… Solemni ritu auspicabitur, Argentorati, s.d. [1785] ; Notice nécrologique, CBR du 28.9.1826 ; Masuyer, Discours prononcé à la séance publique de la faculté de médecine de Strasbourg, du quatorze décembre 1826 pour la distribution des prix…, Strasbourg, 1827 ; ADB XVIII, 1883, p. 80 ; F. Wieger, Geschichte der Medizin und ihrer Lehranstalten in Strassburg vom Jahre 1497 bis zum Jahre 1872, Strasbourg, 1885, p. 69, 140 ; Berger-Levrault, p. 140 ; Knod, I, p. 96, II, p. 192 ; Sitzmann II, 117 ; E. Wickersheimer, La faculté de Strasbourg en quête d’un anatomiste, Médecin de France, 1956 (tiré à part) ; Bopp I, p. 327, n° 3097 ; M. Klein, Le mémoire de Thomas Lauth «sur les frères Lambert, vulgairement nommés hommes porcs-épics» (1802), Actes du Xe Congrès international d’histoire des sciences, Ithaca, 1962, II, Paris, 1964, p. 980-984 ; J. M. Vetter, Thomas Lauth et l’individualisation de l’anatomie pathologique à Strasbourg, thèse de médecine, Strasbourg, 1968 ; EA VIII, 1984, p. 4676.

Iconographie : silhouette aux AMS, fonds Hoffmann; portrait lithographié par G. Engelmann © 3, d’après J. B. Beyer, au Cabinet des Estampes, Strasbourg.

3. Gustave,
chirurgien, prosecteur (★ Strasbourg 9.3.1793 † Strasbourg 17.4.1817). Fils aîné de 2. Célibataire. Alors qu’il avait entrepris l’étude de la médecine, L. fut astreint à servir dès 1809 comme chirurgien à l’hôpital militaire de Strasbourg et contracta en 1810 une «fièvre hospitalière». L’année suivante, il fut cependant en mesure d’entreprendre avec son maître Villars © une excursion botanique en Suisse dont il publia le compte rendu (Précis d’un voyage botanique fait en Suisse en juillet-septembre 1811, par D. Villars, G. Lauth et A. Nestler, Paris-Strasbourg, 1811). Promu chirurgien major du 1er bataillon du centre de la garde nationale de Strasbourg en 1814, il devint en même temps chirurgien à l’Hôpital civil. Prosecteur en anatomie, il enrichit les collections de plusieurs pièces qui servirent de base à sa dissertation sur la veine cave (Spicillegium venae cavae superioris) soutenue le 1.6.1815. En avril 1816, il ajouta à ses fonctions celle d’accoucheur-adjoint à l’Hôpital civil, mais déjà s’étaient installés les signes prémonitoires d’une tuberculose qui devait l’emporter au printemps suivant.

Über Gustav Lauth, Doctor der Arzneywissenschaft, Strasbourg, 1817 ; F. Kirschleger, Flore d’Alsace, II, Strasbourg, 1857, p. LXIII ; Nouvelle biographie générale XXIX, 1862, c. 951 ; Sitzmann II, 117-118.

4. Ernest Alexandre,
anatomiste et physiologiste (★ Strasbourg 14.3.1803 † Strasbourg 24.3.1837). Frère de 3. ∞ I 17.8.1827 à Strasbourg Euphrosine Charlotte Julie Hemmet (★ Bergzabern, Bavière rhénane, 28.2.1806), fille de Jean Jacques H., notaire, et de Louise Catherine Charlotte Kern; 3 enfants. ? II ∞ Emilie Florentine Lehr, fille de Paul L. et de Wilhelmine Lauth. Après l’obtention du grade doctoral avec un Essai sur les vaisseaux lymphatiques (Strasbourg, 15.3.1824), un voyage de perfectionnement le conduisit ensuite à Paris, en Allemagne, en Angleterre, en Suisse et aux Pays-Bas. Nommé médecin adjoint surnuméraire des Hospices civils en 1826, il devint médecin en chef d’un hôpital temporaire de cholériques lors des dispositions préventives prises en 1832. Sa vocation d’anatomiste fut consolidée par une fonction de chef de travaux (par intérim en 1826, définitive en 1828) et par le titre d’agrégé en exercice l’année 1829. S’étant présenté en 1833 au concours pour la chaire de physiologie suite au décès de Bérot ©, il ne fut titularisé qu’après de nouvelles épreuves en 1836. Ses thèses de concours sur le trajet des matières alimentaires dans le tractus digestif et sur l’évaluation des sources des connaissances physiologiques restent avec une étude de la phonation (1835) les seuls témoignages importants de ses publications consacrées à la physiologie, un traité didactique étant resté à l’état manuscrit. Plus nombreuses furent ses contributions à l’anatomie, aussi bien par ses nombreuses préparations normales et pathologiques et ses études microscopiques, que par ses écrits (travaux sur les lymphatiques, complétés par un mémoire sur ceux des oiseaux (1824), sur les matrices biloculaires et bicornes (1828), sur les productions de l’appareil tégumentaire (1830), sur les anomalies artérielles (1832) ou musculaires (1833), etc.). Une place à part revient au Mémoire sur le testicule humain (1832), autant par la mise en évidence de la perfection de la technique d’injection, par les qualités de dessinateur de l’auteur que par l’existence des préparations actuellement encore conservées à l’Institut d’anatomie normale de Strasbourg ; le travail valut à L. une médaille d’or pour le prix de physiologie expérimentale, décernée par l’Institut de France. Son Nouveau manuel de l’anatomiste (Paris-Strasbourg, 1829; 2e éd. 1835; traduction allemande Stuttgart, 2 vol., 1835-1836) fit autorité pendant longtemps. Après avoir établi sa notoriété en une dizaine d’années, L., devenu aphone, dut interrompre ses leçons avant d’être emporté par la tuberculose comme son frère aîné. Membre de nombreuses sociétés savantes françaises et étrangères, correspondant de l’Académie royale de Médecine, il fut l’un des fondateurs de la Société du Muséum d’histoire naturelle de Strasbourg.

Ch. H. Ehrmann, Eloge d’Alexandre Lauth. Discours prononcé à la séance publique de la faculté de médecine de Strasbourg du 9 novembre 1837, pour la distribution des prix de l’année 1836-1837, Strasbourg, 1837, p. 4-28 (titres académiques et fonctions, analyse des travaux) ; Nouvelle biographie générale XXIX, 1862, c. 951 ; F. Wieger, op. cit., p. 143, 162 ; Sitzmann II, 118.
Théodore Vetter (1994)

5. Guillaume,
représentant du peuple, président de la Commission municipale de Strasbourg, (PI) ★ Strasbourg 28 floréal an II = 17.4.1794 † Strasbourg 12.3.1865). Fils de Jean Frédéric L. (1760-1827), greffier du tribunal de Strasbourg puis avocat, et d’Elisabeth Wachter. Neveu de 2. ∞ 26.12.1825 à Strasbourg Clémence Adélaïde Flach (★ Strasbourg 9.9.1808 † Strasbourg 3.12.1872), fille de Geoffroi Frédéric F., secrétaire de préfecture puis adjoint au maire de Strasbourg, et de Wilhelmine Dorothée Hey ; 2 enfants : Ernest Guillaume © 2 et Jenny (★ Strasbourg 27.11.1832 † Rixheim 12.4.1868) qui ? Jean Zuber, industriel en papiers peints à Rixheim. Associé à Schweighaeuser dans la fabrique de garance Schweighaeuser et Lauth, fondée en 1816, maison qu’il reprit à son compte en 1838, L. figurait parmi les 60 commerçants notables de la ville dès 1830, et était juge suppléant au tribunal de commerce. Il entra dans la vie politique strasbourgeoise après la révolution de Juillet. En 1832, L. participa à la fondation de la société politique républicaine présidée par Liechtenberger, le Cercle patriotique, qui tenait ses séances au Café Faudel, et fut élu au bureau. Battu aux cantonales du 17.11.1833, le parti prit sa revanche aux élections au Conseil d’arrondissement, où L. figurait parmi les candidats élus de l’opposition. Après les crises provoquées par les poursuites contre le Cercle patriotique dissous et le Courrier du Bas-Rhin, ainsi que la tentative de coup d’Etat du prince Louis-Napoléon (1836), le nouveau préfet Louis Sers réduit peu à peu les oppositionnels. L. fut battu à Strasbourg. Il ne se représenta plus aux élections municipales de 1840, mais fut par contre élu à la Chambre de commerce, réélu en 1843, puis en 1847. Il fut de même juge au tribunal de commerce en 1840, réélu en 1843, et remplaça le président Sauvage décédé en 1847. L. accéda aux demandes pressantes de l’opposition, et se présenta contre Alfred Renouard de Bussière © aux élections législatives de 1847, et fut largement battu. Cette défaite le mit au premier plan de l’opposition lors de la campagne des banquets, dont il fut l’un des organisateurs strasbourgeois aux côtés de Liechtenberger ©. Lors de la révolution de février, Liechtenberger, président de la Commission provisoire départementale, eut à ses côtés L. nommé président de la Commission municipale de Strasbourg le 2 mars. Le 7 mars, L. convoqua l’assemblée des membres protestants des commissions départementales et municipales et des consistoires de Strasbourg qui désigna le Directoire provisoire de l’Eglise de la Confession d’Augsbourg, dont il fit partie. Candidat sur la liste « bleue », il fut élu représentant du peuple en avril 1848. Le 5 mai, il quitta ses fonctions de président de la Commission municipale, auxquelles lui succéda Kratz ©. Après les journées de juin 1848, L. vota les mesures contre les clubs, mais non pas celles sur le cautionnement des journaux. Il fit partie de la majorité de Cavaignac et vota la confiance au ministère Dufaure. Compris dans le lot des députés condamnés par les radicaux de Strasbourg, réunis autour d’Emile Küss © 8, il se retira de la vie politique dès 1849. Il figura parmi les commerçants notables de la Chambre de commerce reconstituée en 1852, mais dès 1853, se retira des affaires, qu’il transmit à son fils, Ernest.

F. Ponteil, L’opposition politique à Strasbourg sous la Monarchie de Juillet (1830-1848), Paris, 1932; EA VIII, 1984, p. 4676; F. Igersheim, Politique et administration dans le Bas-Rhin (1848-1870), Strasbourg, 1993.

François Igersheim (1994)

6. Charles,
chimiste et céramiste, adjoint au maire de Paris, (PI) (★ Strasbourg 27.9.1836 † Paris 2.12.1913). Fils de Charles L., juge au Tribunal civil de Strasbourg, et de Caroline Henriette Pauline Kern. Neveu de 4. ∞ 28.6.1859 à Strasbourg Elisa Wilhelmine Kirschleger (1837-1914), fille de Frédéric K. © et d’Elise Schneegans. Préparateur de Charles Frédéric Gerhardt © à Strasbourg, il s’établit à Paris en 1856, où il s’adonna à l’étude des matières colorantes et où il découvrit en 1876 le «violet de Lauth», oxydant par perchlorure de fer la parafinylénediamine en présence d’hydrogène sulfuré : C6 H4 (NH2) 2. Son dérivé tétraméthyle est le bleu de méthylène. Lieutenant de la garde nationale de Paris, commandée par son ami Auguste Bartholdi ©, L. fut adjoint au maire du VIe arrondissement de Paris pendant le siège. De 1874 à 1879, il fut le représentant du quartier de la Monnaie au Conseil municipal. En 1878, il devint vénérable de la loge Alsace-Lorraine de Paris, fréquentée notamment par Bartholdi, Chatrian ©, Erckmann ©, Joffre ©, etc. De 1879 à 1887, il fut administrateur (ou directeur) de la Manufacture nationale de Sèvres. En compagnie de G. Vogt, il inventa un procédé de fabrication de porcelaine dure, susceptible de recevoir des couleurs de grand feu. Il y créa une école pour les décorateurs et les artistes de la manufacture et appliqua pour son personnel le système du salaire fixe. En collaboration avec Dutailly, il publia : Recherches sur la porcelaine (1888) et La Manufacture nationale de Sèvres (1879-1887) (1889). En 1888, il fut nommé directeur de l’Ecole de physique et chimie. Il publia également dans le Bulletin de la Société de chimie et dans les Comptes rendus de l’Académie des Sciences. Son fils Frédéric Charles (★ Paris 17.1.1867 † Paris 23.3.1922), artiste peintre, élève de Cabanel, épousa la petite-fille de George Sand. Commandeur de la Légion d’honneur.

La grande encyclopédie XXI, s.d., p. 1046 ; Notice sur les travaux industriels de M. Ch. Lauth, Paris, 1867 ; Sitzmann II, 61 ; EA VIII, 1984, p. 4675-4676.

Victor Beyer et Jean-Marie Schmitt (1994)

7. Ernest Guillaume,
député et maire de Strasbourg (★ Strasbourg 13.3.1827 † Strasbourg 3.4.1902). Fils de 5. ∞ 5.7.1851 à Strasbourg son arrière-cousine Euphrosine Mathilde Lauth (★ Strasbourg 6.11.1829 f 13.11.1871), fille de 4 et de sa première épouse; 1 fille, Mathilde (★ Strasbourg 20.10.1852 † Sedan, Ardennes, 7.5.1935), qui ∞ Paul Frédéric Sidney Rau, (C) (★ Strasbourg 24.4.1841 † Paris 8.5.1924), général de corps d’armée. Etudes au Gymnase protestant. Reprit les affaires de son père, comme commerçant- expéditeur et fabricant de garance en 1853, à 26 ans, et figura comme commerçant notable de la ville de Strasbourg à partir de 1865. A ce moment-là, il était déjà engagé dans la vie politique strasbourgeoise, dans l’opposition républicaine. Il fit partie du comité libéral qui aux élections législatives de 1863 soutint la candidature d’Odilon Barrot © à Strasbourg. Dans le débat qui, pour les législatives de 1869, opposa les républicains modérés qui soutenaient la candidature malheureuse de Boersch, et les radicaux strasbourgeois qui soutenaient celle d’Arago ©, L. se rangea aux côtés des premiers, avec Küss, Kablé © Jules Klein ©, Schneegans ©, contre M. L. Engelhard © 6 et Delabrousse ©. Il fit partie du comité anti-plébiscitaire de Schneegans. L. figura également dans la Commission municipale qui administra la ville à partir de l’occupation allemande. C’est après l’annexion que L. parvint au premier plan de la vie politique alsacienne. Elu conseiller municipal de Strasbourg en 1871, L. accepta la proposition que lui fit l’adjoint sortant Jules Klein et fut proposé à la mairie de Strasbourg en septembre 1871, choix que ratifia l’administration d’occupation, contente d’avoir un interlocuteur à la mairie. Jusqu’en 1873, L. présida une administration municipale où rien ne sembla changé. Il entretint de bons rapports avec le préfet prussien Ernsthausen ©, et plus encore avec le président supérieur Moeller ©. Déprimé (il avait été très malade, sa femme était morte en novembre 1871, puis sa mère en décembre 1872), il leur avait confié à cœur ouvert les hésitations qu’il partageait avec toute la bourgeoisie alsacienne de la ville : fallait-il ou non opter, et quitter une ville qu’il espérait bien voir redevenir française ? En avril 1873, l’administration prit prétexte des sentiments pro-français affichés par L. pour le révoquer. Le Conseil municipal de Strasbourg se solidarisant avec lui fut dissous à son tour (1874). L’administration allemande entreprenait les travaux d’extension de Strasbourg, à payer par la Ville, et souhaitait diriger cette opération sans être contrôlée par un Conseil municipal exposé aux critiques de l’opinion publique. Mais la manœuvre de l’administration allemande faisait de L. un martyr de la cause française. Il fut tout naturellement désigné comme candidat protestataire à la députation: élu député au Reichstag le 1.2.1874, il s’y rendit pour la séance de la protestation et n’y retourna plus. L’impasse à laquelle aboutit cette conduite, dite de «protestation et abstention», dans laquelle les députés catholiques avaient refusé de se laisser enfermer, était trop évidente : L., député sortant de la protestation, fut battu par le candidat autonomiste, Bergmann, en 1877. En 1878, la candidature de Kablé, «protestation et action», s’imposa au comité protestataire : L. se retira. Ce fut encore Kablé qui négocia le «pacte municipal» de 1886 qui rendit à Strasbourg un Conseil municipal, élu le 9.7.1886. Sur la liste mixte – protestataire, autonomiste, allemande -, montée par Kablé et ses amis, L. fit un retour discret, dans un Conseil municipal de Strasbourg présidé par un maire allemand, Otto Back ©. Il y siégea jusqu’en 1891.

F. Igersheim, L’insertion de la Socialdémocratie dans la vie politique strasbourgeoise, Strasbourg, 1966, multigr. ; idem, Le gouvernement de la cité, Strasbourg, 1981 ; Livet-Rapp IV, 1982 ; EA VIII, 1984, p. 4676 ; F. Igersheim, Politique et administration dans le Bas-Rhin (1848-1870), Strasbourg, 1993.

François Igersheim (1994)

8. Anne-Marie et Suzanne Marguerite,
propriétaires d’une pension de famille. Les demoiselles Anne-Marie (★ Barr 30.6.1723 † Strasbourg 12.3.1783) et Suzanne Marguerite (★ Barr 1729 † Strasbourg 25.12.1785), sa sœur, filles du pasteur Jean Jacques L. (★ Strasbourg 4.3.1683 † Strasbourg 5.11.1735), arrière-cousin du grand-père de 1, et de Marie Dorothée Dieterlin († Strasbourg 22.10.1761), tenaient durant la seconde moitié du XVIIIensiècle une pension réputée. Encore conservé, l’immeuble porte présentement le n° 22 de la rue de l’Ail. Exploitant la pension d’abord en location, les sœurs L. en devinrent propriétaires en 1779 ; enfin, leur frère Jean Daniel, notaire, célibataire, en fit l’acquisition en 1790. Accueillant à la table d’hôte une vingtaine de convives – dont nombre d’étudiants en médecine – groupés en un cercle littéraire présidé par l’actuaire J. Saltzmann ©, les deux soeurs sont entrées dans l’histoire de la littérature par les témoignages de Goethe © et de Jung-Stilling ©.

Heinrich Stillings Wanderschaft ; J. W. v. Goethe, Dichtung und Wahrheit, II-9 ; E. Salomon, Un coin du vieux Strasbourg, Strasbourg, 1881 ; J. Froitzheim, Zu Strassburgs Sturm- und Drangperiode 1770-1776. Urkundliche Forschungen, Strasbourg, 1888, p. 12-18 ; A. Seyboth, Das alte Strassburg, Strasbourg, 1890, p. 115.

9. LAUTH-BOSSERT Aline,
sculpteur ★ Barr 3.5.1869 † Strasbourg 14.10.1955). ∞ 1890 à Saint-Germain-en-Laye, Yvelines, Armand L. ★ Strasbourg 21.9.1862 † 29.10.1918), médecin, fils du Dr Charles Gustave L., arrière petit-fils de 2; il exerçait à Saint-Germain-en-Laye depuis 25 ans, lorsqu’il fut engagé volontaire en 1914; mort en qualité de médecin-major de 1re classe après avoir servi aux ambulances de Troyes, Nancy et Paris ; officier de la Légion d’honneur, médaille d’honneur du titre militaire des épidémies. Elève de J. A. Dampt et de H. Icard, Aline L.-B. s’est distinguée dès 1905 au Salon des artistes français par un buste de femme intitulé Méditation. Mention très honorable et grand prix de sculpture au Salon des femmes peintres et sculpteurs en 1923. Spécialisée dans la création de bustes d’enfants et de médailles; réalisa de nombreux sujets en rapport avec l’Alsace (Vierge de Strasbourg, sainte Odile, etc.).

RAI, 13, 1911, p. IX; Thieme-Becker XXII, 1928, p. 466; Bénézit VI, p. 487; Lotz I, p. 207.

Théodore Vetter (1994)

10. LAUTH Charles Guillaume,
industriel, (PI) (★ Niedermodern 11.3.1867 † Colmar 3.4.1950). Fils de Guillaume L., meunier à la Krebsmühle, maire de Niedermodern, et de Marie Emilie Mehl. ∞ 20.9.1896 sa cousine Elisabeth Mathilde Mehl (★ Augsbourg 2.12.1893 † Colmar 18.12.1958), fille d’Ernest M. et de Jeanne Bobenrüter. Fondateur et président du conseil d’administration, à partir de 1922, du Peignage René Lauth à Colmar. Cette importante entreprise de peignage de laine avait été construite en 1921 par les Ets Ernest Hartmann, et cédée à L. l’année suivante. Elle prit le nom de son fils aîné René, nommé administrateur-délégué, et auquel s’associèrent les frères de ce dernier, Léon et Théodore (tous trois natifs de Harthau en Saxe, Allemagne). La firme exploita également une autre entreprise textile à Bischwiller. Chevalier de la Légion d’honneur.

AMC, fichier domiciliaire et EC; Annuaire des sociétés par actions du Bas-Rhin, du Haut-Rhin, de la Moselle et du Luxembourg, Strasbourg, 1935, p. 166.

Jean-Marie Schmitt (1994)