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LAUGEL Marie Anselme Victor Henri

Mécène et homme politique, (C) (★ Strasbourg 3.4.1851 † Saint-Léonard près Boersch 29.7.1928).

Fils de François Joseph Victor L., serrurier entrepreneur, et de Marie Louise Fanny Wagatha. ∞ 26.1.1897 N. Hervé. L. était issu d’une famille de ferronniers, originaire du Kochersberg, établie depuis plusieurs générations à Strasbourg. Père et grand-père membres du Conseil municipal de Strasbourg. Après des études secondaires au lycée de Strasbourg et au collège des Jésuites de St- Clément à Metz, L. passa le baccalauréat en juillet 1870. En novembre 1870, il s’engagea dans les légions alsaciennes-lorraines de Lyon. De 1871 à 1873, il poursuivit ses études au collège des Jésuites de la rue de la Porte à Paris. Après une année de volontariat, en 1873-1874, il entra au cabinet du ministre des Finances, Frédéric Passy, puis fut nommé à la questure du Sénat. Passionné d’art, L. fréquenta l’atelier du peintre Feyin-Perrin et exposa plusieurs toiles au Salon de Paris de 1886 à 1890. Après la mort de son père, il rentra en 1891 en Alsace pour s’installer dans sa propriété viticole de Saint-Léonard. Président du comice agricole de l’arrondissement de Molsheim, il fut le président-fondateur de l’Association des viticulteurs d’Alsace. L. joua un rôle essentiel, comme artiste et surtout comme mécène dans le mouvement culturel alsacien au tournant du siècle. Avec son voisin Charles Spindler ©, il anima le cercle artistique de Saint-Léonard, à l’origine d’un renouveau culturel et artistique en Alsace avec, en particulier, Gustave Stoskopf ©, Paul Braunagel ©, Léon Hornecker ©, Joseph Sattler ©. De 1893 à 1896, il publia avec le dessinateur allemand Joseph Sattler et Spindler les Images alsaciennes ou Elsässer Bilderbogen, des planches bilingues illustrant les légendes et l’histoire de l’Alsace. En 1898, il fonda avec Charles Spindler la Revue alsacienne illustrée (1898-1914), bilingue également, qui devint un centre de la vie culturelle alsacienne. En 1900, il fut l’un des fondateurs de la Société du Musée alsacien. Il participa également au lancement du Théâtre alsacien et Gustave Stoskopf © lui dédia son Herr Maire, en 1898. En 1902, il publia avec Charles Spindler Costumes et coutumes d’Alsace ou Trachten und Sitten im Elsass. En 1908, L. fut élu président de la Société pour la conservation des monuments historiques d’Alsace. Très francophile, il dut démissionner, en février 1913, sous la pression du Ministère d’Alsace-Lorraine, à la suite d’une conférence sur l’Alsace à Belfort. Il reprit la présidence de la société de 1919 à 1928. L. fut également un actif soutien du Cercle des étudiants alsaciens-lorrains, dont il fut président d’honneur en 1903. Parallèlement à l’œuvre de mécène, L. mena une carrière politique. Il fut élu, en 1897, au Bezirkstag par le canton de Rosheim. Réélu sans interruption, il démissionna en 1912, à la suite de pressions gouvernementales. Il se situait en effet du côté de l’aile «nationaliste» du Centre alsacien-lorrain, comme l’abbé Wetterlé ©. Député au Landesausschuss d’Alsace-Lorraine pour l’arrondissement de Molsheim de 1900 à 1911, il présida le groupe parlementaire du Centre alsacien-lorrain à partir de 1907. En 1908-1909, il présida le concours organisé pour l’exécution du monument de Wissembourg, érigé à la mémoire des soldats français morts en 1870. En 1908, il publia, dans la Revue politique et parlementaire, un article préconisant une Alsace-Lorraine indépendante, sous la protection conjointe de l’Allemagne et de la France. S’il ne fut pas signataire du manifeste du Nationalbund (Union nationale) du 4.6.1911, L. participa à l’action du nouveau «parti», fondé pour revendiquer le statut de Bundesstaat pour l’Alsace-Lorraine, à la suite de la déception de la loi d’autonomie de 1911. Il se présenta aux élections à la seconde chambre du Landtag d’Alsace-Lorraine, en 1911, dans la circonscription de Rosheim-Schirmeck-Saales, mais fut battu par le socialiste Michel Heysch ©, malgré l’étiquette du Centre alsacien-lorrain. A la veille de la guerre, L. se réfugia en France, où il fut membre de la Conférence d’Alsace-Lorraine, fondée en 1915 pour préparer le régime administratif futur de l’Alsace-Lorraine réunie à la France. Il ne s’opposa pas au programme d’assimilation, mais défendit l’idée d’une transition. Après l’Armistice de novembre 1918, il fut chargé de la réorganisation des Musées de Strasbourg, fut membre d’une commission de triage, et présida la Commission consultative des séquestres jusqu’à sa disparition en 1923. De 1919 à 1928, il fut président de la Ligue de l’Alsace française et vice-président des Engagés volontaires d’Alsace et de Lorraine. De 1919 à 1920, il fut membre du Conseil supérieur d’Alsace et de Lorraine qui avait succédé à la Conférence d’Alsace-Lorraine. Il n’adhéra jamais au nouveau parti catholique alsacien, l’Union populaire républicaine (UPR), et fit campagne contre la candidature d’Eugène Muller © pour les élections législatives de 1919. Sa propre candidature fut écartée à la suite du fameux article «Weg mit dem Ballast» de Jean Keppi © dans la Correspondance populaire du 13.5.1919. L. se rapprocha plus tard des milieux politiques proches du Journal d’Alsace et de Lorraine. En mars 1923, il participa à la fondation du Parti républicain démocratique et social qui préconisait une assimilation rapide de l’Alsace et de la Lorraine et une politique énergique d’application du traité de Versailles. Il fut président du parti pour le Bas-Rhin. Le 5.4.1924, L. rompit avec le Parti républicain démocratique et social qui avait accepté de participer à la liste d’Union nationale pour les élections législatives de mai 1924. L. prit l’initiative de la fondation du Comité républicain national, le 9.4.1924, qui présenta une liste dirigée par Daniel Blumenthal aux élections législatives. L. collabora régulièrement à la Nation, l’organe de la Fédération républicaine de Louis Marin. L. publia de nombreux articles dans diverses revues alsaciennes et parisiennes. Chevalier de la Légion d’honneur.

Die Heimat, août 1928; J. Gass, RCA, novembre 1928; Chr. Baechler, Le parti catholique alsacien, 1890-1939. Du Reichsland à la République jacobine, Strasbourg-Paris, 1982; EA VIII, 1984, p. 4664-4665; EA XI, 1985, p. 6975-6976 (article Charles Spindler).

Christian Baechler (1994)