Maréchal de camp, baron d’Empire, conseiller municipal de Sélestat, (C) (★ Charny, Meuse, 14.3.1755 † Sélestat 24.2.1827).
Fils de François L., greffier en chef de la prévôté, et de Marie Anne Steel. ∞ 24.8.1801 à Sélestat Marie Anne Ursule Oberlé (★ Sélestat 22.10.1773 † Sélestat 10.12.1856), fille de François Ignace O. (★ Sélestat 5.2.1728 † Sélestat 13.6.1790), receveur du marquis de Broc, seigneur de Kintzheim, puis maître de la poste aux chevaux, et de Marie Anne Moser (★ Sélestat 7.3.1736 † Sélestat 6.12.1817) ; 1 fils et 2 filles. L. entra le 9.3.1773 comme cavalier au régiment Royal-cravattes alors en garnison à Strasbourg. Attaché à l’armée du Centre, le 10e régiment de cavalerie dont il était lieutenant fut présent à la bataille de Valmy et fit partie du corps qui poursuivit les Prussiens dans leur retraite. Sa conduite héroïque lui valut le grade de capitaine, promotion datée du 26.8.1792, alors qu’il était en garnison à Sarrelouis. A la reprise de l’offensive française, le 10e régiment de cavalerie fut incorporé à l’armée de la Moselle. A Kirchheim-Boland, L. se signala en janvier 1794 par une action d’éclat : à la tête d’un escadron, il attaqua et mit en déroute 400 hussards prussiens, dont il fit un grand nombre de prisonniers. Dans le cadre de l’armée de Sambre et Meuse, le 26.6.1794, L. fut aussi présent à la bataille de Fleurus. Nommé chef d’escadron en 1795, L. se signala encore par son intrépidité le 3.9.1796, lors de la retraite de l’Armée près de Wurtzbourg. Le 22.4.1797, L. fut élevé au grade de chef de brigade (colonel) et reçut le commandement du régiment dans lequel il s’était engagé dans sa jeunesse et qu’il n’avait pas quitté depuis. Au cours des années 1799 et 1800, le 10e régiment de cavalerie fut incorporé à l’armée du Rhin commandée par le général Moreau. Deux citations récompensèrent le courage de L. au cours de cette campagne sur le Danube. Pour ce fait d’armes, il obtint du premier consul un sabre d’honneur. A partir de ce moment, L. remplit les fonctions de général de brigade et participa avec éclat à la bataille de Hohenlinden remportée par Moreau le 3.2.1800, et se distingua encore le 31.10.1805 à Braunau en Moravie et le 2.12.1805 sur le plateau de Pratzen à Austerlitz, où l’empereur le promut commandant de la Légion d’honneur. Un décret du 4.10.1806 lui accorda la solde de retraite de général de brigade. Le 17.3.1808, L. fut fait baron d’Empire, titre confirmé par lettres patentes du 10.2.1809 avec une dotation de 4.000 F de rente sur les domaines de Westphalie. Fin 1806, L. se retira à Sélestat. Le 4.4.1812, il fut conseiller municipal et siégea jusqu’à son décès ; administrateur de l’hôpital de 1813 à 1819, il s’adonna avec beaucoup de zèle et de fermeté à la gestion de l’établissement lors des deux sièges de 1814 et de 1815. Chevalier de St-Louis.
AM Sélestat, Registre de délibérations du Conseil municipal 1812-1816 ; H.O. 118, Registre de délibérations de l’Hospice 1810-1817 ; Th. Lamarthière, Panthéon de la Légion d’honneur, Paris, s.d., p. 399-400 ; M. Brahaut, Histoire de l’Armée, Paris, 1860, p. 470-471 ; P. Vatin, La lunette n° 3, souvenirs de 1814, RA, 1863, p. 101-117 ; L. Susane, Histoire de la cavalerie française, I, Paris, 1874, p. 181 ; Commandant S., Le colonel Lataye commandant le 10e de cuirassiers de 1797 à 1806, Carnet de la Sabretache, 2e série, n° 141,1904, p. 504-531 ; M.Kubler, Sélestat à la fin de l’Empire, ASABS, 1958, p. 88-101 ; G. Martin, Sélestat pendant le siège de 1814, ASABS, 1963, p. 90-108 ; G. Rivollet, L’arc de triomphe et les oubliés de la gloire, Paris, 1969 ; J. Pons, Un document inédit sur le blocus de Sélestat en 1815, ASABS, 1969, p. 65-71 ; M. Kubler, Sélestat sous le Consulat et l’Empire, catalogue d’exposition, ronéotypé, Sélestat, 1969, p. 20-21 ; idem, Le baron Pierre François Lataye, maréchal de camp 1755-1827, ASABS, 1974, p. 111-137.
Le Musée de Bar-le-Duc conserve plusieurs souvenirs de L. : la cuirasse, le ceinturon de cuirasse, l’épée, une paire de gants en buffle blanc et les deux épaulettes.
Maurice Kubler (1994)