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LARGILLIERE Nicolas de

Peintre portraitiste, (C) (★ Paris 10.10.1656 † Paris 20.3.1746). ∞ Marguerite-Elisabeth Forest.

Peintre parisien formé à l’atelier d’Antoine Goubau; après quelques années passées en Angleterre, il revint en 1678 dans la capitale où il fit une longue et belle carrière de peintre consacré. Entré en 1686 à l’Académie des Beaux-Arts, il en devint plus tard chancelier et recteur. Il est considéré comme un des meilleurs portraitistes de son époque. On ne lui connaît aucun lien direct avec l’Alsace.

Cependant son œuvre maîtresse La Belle Strasbourgeoise, réalisée en 1703 (date portée au revers), apparaît comme la représentation idéale du costume féminin d’apparat à Strasbourg dans les années qui suivent l’annexion à la France. On ne possède aucune certitude sur les circonstances de la réalisation de ce tableau ni surtout sur le modèle. Selon la dernière interprétation proposée, il pourrait s’agir d’une «Strasbourgeoise» de fantaisie, éventuellement la propre sœur de l’artiste, Marie-Elisabeth, qui allait, à 45 ans, convoler avec un capitaine de Bénicourt. Cependant on ne peut exclure une authentique Strasbourgeoise de 43 ans, Anne-Marie Wittmann, qui épousa à Strasbourg en 1703 un nommé Jean Forest, parent probable de la femme de L. On ne retiendra que pour mémoire la bru de L., Marie-Joseph Antoinette, fille du sénateur François-Nicolas Gelb. Elle n’avait en effet que 13 ans lorsqu’elle épousa en mars 1740 à Strasbourg le fils et homonyme de L., alors commissaire des guerres qui résidait depuis 1734 au Fort-Louis. L. plus qu’octogénaire ne semble pas avoir assisté au mariage. Resté longtemps dans la famille de L., le tableau passa au XVIIIe s. dans la collection La Live de Jully ; des ventes successives le firent passer en 1921 aux mains du parfumeur et collectionneur François Coty, en 1936 à celles de Mrs Meyer Sassoon, de Londres, avant la vente réalisée par la société Sotheby. L’acquisition de ce tableau par la Ville de Strasbourg aux enchères londoniennes le 3.7.1963 marqua une date dans l’histoire des Musées strasbourgeois et donna l’occasion d’opposer deux conceptions de la politique culturelle municipale ; Hans Haug ©, qui avait déjà longuement étudié l’œuvre de L., sut communiquer son enthousiasme au maire Pflimlin © en dépit des réticences de l’adjoint Heitz ©, qui porta sur la «chère Strasbourgeoise » un jugement mêlé et compara le coût énorme d’une acquisition de prestige à la lésine qui caractérisait le fonctionnement quotidien des institutions culturelles municipales. Le coût fut réduit de manière appréciable par un appel au mécénat privé. Une fois l’achat réalisé, personne n’a plus contesté la place de choix qu’occupe La Belle Strasbourgeoise au Musée des Beaux-Arts.

AMS, Papiers de Robert Heitz; H. Haug, La Belle Strasbourgeoise, AAHA, 1936, p. 135; H. Haug, La Belle Strasbourgeoise de Nicolas de Largillière, CAAAH 7, 1963, p. 111-118; R. Heitz, Vues cavalières, réflexions et souvenirs, Strasbourg, 1972, p. 162; Bénézit VI, p. 451-453; EA VIII, 1984, p. 4655; J. D. Ludmann, A qui ressemblons nous ? Le portrait dans les musées de Strasbourg, catalogue d’exposition, Strasbourg, 1988, p. 282-284.

Jean-Yves Mariotte