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LANG Charles Gustave Rodolphe (Rudi)

Chef autonomiste et national-socialiste, (PI) (★ Molsheim 14.6.1909 † Heilbronn, Bade-Wurtemberg, 4.10.1979).

Fils de Gustave Adolphe L., instituteur, et de Louise Augusta Ehrhardt. ∞ 1.12.1938 à Strasbourg Anne Liese Gertrude Carstens, fille d’un pasteur allemand ; 5 enfants. Il passa son enfance à Strasbourg-Cronenbourg, où son père avait été muté, fit des études secondaires au lycée Fustel de Coulanges, puis étudia la chirurgie dentaire. Il travailla ensuite à la clinique dentaire scolaire de la ville de Strasbourg, puis s’établit à son compte. Beau-frère de Bickler ©, c’est avec ce dernier qu’il commença son activité politique parmi les étudiants autonomistes de la corporation Wilhelmitana en 1926. En avril 1928, il prit la parole au cours de la campagne électorale au nom de la Landespartei de Roos © et fut ultérieurement membre du bureau de ce parti. Il?fut, avec Bickler, en 1931, l’un des fondateurs de la Jungmannschaft dont il était membre du conseil de direction (Stellvertretender Leiter) et chef du groupe de Strasbourg. Il conserva ces fonctions quand cette formation prit en 1936 le nom d’Elsass-Lothringer Partei. Dans la nuit du 10 au 11.7.1937, au château de la Hunebourg reconstruit par Fritz Spieser ©, il donna l’ordre aux porteurs du drapeau noir orné du Wolfsangel de la Jungmannschaft et du drapeau alsacien rouge et blanc de les incliner à l’emplacement du monument qui allait y être érigé en 1938 à la mémoire des Alsaciens et Lorrains morts pour l’Allemagne. Il fit ensuite manoeuvrer ses troupes au son du couvre-feu militaire allemand (deutscher Zapfenstreich). Il était l’un des quatre associés de la SARL Strassburger Volksbuchhandlung, fondée le 1.1.1938, rue des Francs-Bourgeois à Strasbourg, et qui ne vendait que des livres allemands. Son appartement fit l’objet d’une perquisition à la fin du mois de septembre 1938. Il fut arrêté le 4.9.1939, inculpé de haute trahison et emprisonné à la prison militaire de Nancy. Libéré par le Suchkommando du major Dehmel de la prison de Privas, Ardèche, il fut le 18.7.1940 l’un des seize signataires du «manifeste des Trois-Epis» adressé à Hitler. Il prit part à la fin du mois de juillet 1940 à la campagne de meetings de propagande Die grosse Wende im Elsass dans le cadre de I’Elsässischer Hilfsdienst. Admis dans la SS par Himmler en septembre 1940 avec le grade de Sturmbannführer (commandant), il fut nommé à dater du 1.1.1941 Kommissarischer Kreisleiter de l’arrondissement de Saverne en remplacement du Badois Rothacker ©. Vraisemblablement en stage dans le Reich, il ne prit ses fonctions que le 20.2.1941 et, dans sa première déclaration, il exprima sa volonté de nettoyer l’Alsace de toutes les traces d’influences étrangères afin de lui restituer son essence originelle purement allemande. Le 23.11.1941, lors de l’ouverture de l’Université allemande de Strasbourg, il obtint le diplôme de «citoyen honoraire» de la Reichsuniversität. Le 23.8.1942, il reçut la citoyenneté allemande. Comme son beau-frère, il demanda à quitter ses fonctions à la fin de 1942 pour entrer dans les forces armées et il fut remplacé par Renatus Schlegel ©. Il aurait été affecté au Sicherheitsdienst, selon l’acte d’accusation de 1947. Selon d’autres sources, il faisait partie de l’Amt VI (renseignement politique) de la filiale parisienne du Reichssicherheitshauptamt, service dirigé depuis mai 1943 par Bickler. Affecté d’abord à Saint-Quentin, Aisne, puis à Paris, il aurait été chargé de participer à la surveillance des milieux intellectuels français. Il a joué un rôle dans l’exploitation de la rafle de Clermont-Ferrand contre l’Université de Strasbourg repliée (25.11.1943). Le leader nationaliste breton Mordrel le rencontra à la fin de 1943. Le 20.4.1944, quoique mobilisé, il fut nommé Bereichsleiter dans la hiérarchie du Parti national-socialiste. En mai 1944, on signale la présence d’un capitaine (?) Lang de la Kommandantur du Puy, Haute-Loire, opérant des perquisitions et des gardes à vue à la tête d’un groupe du Sicherheitsdienst. En juin et juillet 1944, il aurait pris la tête d’une organisation de contre-espionnage engagée contre les maquis dans la région d’Ambert et d’Issoire dans le Puy-de-Dôme. Replié en Allemagne par la suite, il aurait organisé, en compagnie de Bickler, un service d’espionnage ayant pour mission de parachuter des agents en France libérée. Après la capitulation du Reich, il aurait été deux fois arrêté par les alliés, en particulier par un groupe de recherche français en Allemagne du Nord. On comprend mal, si c’est exact, qu’il n’ait pas été livré alors à la justice française. Inculpé d’intelligence avec l’ennemi le 8.12.1945, il fut condamné par contumace à la peine de mort, à la confiscation de tous ses biens et à l’indignité nationale à vie le 3.9.1947 par la Cour de justice de Strasbourg. Resté en Allemagne occidentale, il travailla dans le bassin houiller de la Ruhr puis reprit sa profession de dentiste à Untergruppenbach, près de Heilbronn, au pied du château de Stettenfels, résidence de Fritz Spieser, jusqu’à sa retraite en 1977.

Die Elsass-Lothringer Partei. Ihr Wesen und Ziel, Strasbourg, 1938.

SNN des 4.5. (photo), 22.2., 16.3. et 3.8.1941 ; Interrogatoire de Georges Mathieu, Clermont-Ferrand, novembre 1944 ; M. J. Bopp, L’Alsace sous l’occupation allemande, Le Puy, 1945 ; DNA des 29.7. et 4.9.1947 ; La Presse Libre du 30.7.1947 ; Républicain du Haut-Rhin du 5.9.1947 ; L. Kettenacker, Nationalsozialistische Volkstumspolitik im Elsass, Stuttgart, 1973 (trad. franç. SA, n° 65 et 68, 1978) ; O. Mordrel, Breiz Atao, Paris, 1973 ; G. Lévy, F. Cordet, A nous Auvergne ! La vérité sur la Résistance en Auvergne 1940-1944, Paris, 1974 ; K. H. Rothenberger, Die elsass-lothringische Heimat- und Autonomiebewegung zwischen den beiden Weltkriegen, Berne, 1975 ; Ch. Béné, L’Alsace dans les griffes nazies, III, Raon-l’Etape, 1975 ; Ph. C. F. Bankwitz, Alsatian Autonomist Leaders 1919-1947, Lawrence, 1978 (trad. franç. SA, n° 71, 1980) ; Der Westen, décembre 1979 ; E. Riedweg, L’Alsace et les Alsaciens de 1939 à 1945, thèse 3e cycle, Strasbourg II, 1983 ; F. Arzalier, Les perdants. La dérive fasciste des mouvements autonomistes et indépendantistes au XXe siècle, Paris, 1990.

Léon Strauss (1994)