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LANDELIN (LENDELIN)

Ermite pérégrinant († près d’Ettenheimmünster, Bade, un 21 septembre du VIIe s.).

Niée par les Bollandistes en 1757, longtemps confondue avec celle de son homonyme, saint Landelin, abbé de Saint-Crespin et de Lobbes, Belgique, l’existence historique de saint Landelin, ermite itinérant en Alsace et dans l’Ortenau, est aujourd’hui reconnue par l’hagiographie savante et critique. Mais il reste difficile de discerner sa personnalité authentique, tant l’hagiographie populaire et pieuse a enjolivé sa physionomie : de sa réputation de sainteté, la légende a induit une provenance iro-écossaise et de sa mort violente, elle a conclu à un martyre. Comme son contemporain saint Fridolin ©, Landelin – diminutif du nom assez fréquent de Lando – semble avoir eu une origine franque et non irlandaise. Il appartient à ce groupe assez indéterminable de moines pérégrinants et d’ermites évangélisateurs qui travaillèrent à la conversion des Alamans après leur domination par les Francs. L. passa quelque temps en Alsace, puis franchit le Rhin et se fixa dans la vallée de l’Undussa, l’actuel Ettenbach. Il habita d’abord chez un particulier du nom de Hedulphus. Cherchant une plus grande solitude, il remonta la vallée et établit son ermitage dans la forêt. Là, il fut assassiné par des chasseurs, qui lui reprochèrent de jeter le trouble dans le domaine de leur maître. C’était le 11e jour des calendes d’octobre (21.9.), dit la Vita du XIIe siècle, l’année 640 précisent – mais à partir de quelles sources ? – les hagiographes du XVIIIe et du XIXe siècle. Il reste que les données de sa biographie concordent assez bien avec le cadre historique du milieu du VIIe siècle. Plus tard, sous l’évêque de Strasbourg Widegerne © (vers 728), des moines se groupèrent près du pèlerinage érigé par les fidèles. Leur établissement – Villa monachorum – donna le nom à l’actuel Munchweier. Comme cette première fondation périclita, Heddon ©, disciple de saint Pirmin ©, devenu évêque de Strasbourg, de qui relevait l’Ortenau, restaura vers 762 la communauté monastique à quelque distance de là, sur l’emplacement de l’actuel Ettenheimmünster. Curieusement, la charte de cette fondation passe sous silence le patronage de saint Landelin. Son culte, purement local, est attesté à Ettenheimmünster et, à partir de la première moitié du XIe siècle, dans l’Eglise de Strasbourg.

Sources : Testament de l’évêque Heddon de 762, in A. Bruckner, Regesta Alsatiae, Strasbourg-Zurich, 1949, p. 59, n° 115, p. 116-119, n° 193 ; J. Van der Staeten, La vie de saint Landelin, ermite et martyr au pays de Bade, Analectana Bollandiana 73, 1955, p. 66-118.

Sitzmann II, 96-97 ; LThK VI, 1ère éd., 1934, c. 368, 2e éd., 1961, c. 772-773 ; M. Barth, Der hl. Märtyrer Landelin von Ettenheimmünster. Sein Kult in Baden und Elsass, Freiburger Diözesan Archiv 75, 3, Folge 7, 1955, p. 203-244 ; Germania Benedictina V, Baden-Württemberg, Augsbourg, 1975, p. 215 ; Die Klöster der Ortenau, Die Ortenau 58, 1978, p. 48-49, 150-151 ; W. Müller, Der Anteil der Iren an der Christianisierung der Alemannen, Die Iren und Europa imfrüheren Mittelalter, hrsg. von Heinz Löwe, Stuttgart, 1982, p. 1, 337.

Reliquaire (1506) et fresques d’Anton Morath (2e moitié du XVIIIe s.) à l’église d’Ettenheimmünster, reproduits dans : Lexikon der christlichen Ikonographie VII, Rome-Fribourg Br.- Bâle-Vienne, 1974, p. 370 ; Wallfahrtskirche St. Landelin Ettenheimmünster, Ettenheimmünster, 1987.

René Bornert (1994)