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LAMPRECHT von BURN

Evêque de Strasbourg, (C) (★ v. 1325-1330 † Château de Reuth, près de Forchheim, Bavière, 17.7.1399, inhumé à la cathédrale de Bamberg, Bavière).

Fils de Wilhelm von B. et de Lysa von Kastel. La famille de L., du côté paternel en tout cas, appartenait à la petite noblesse, très probablement d’origine ministérielle, possessionnée entre Philippsbourg et Niederbronn principalement. Elle tenait des fiefs de divers seigneurs, des comtes de Sarrewerden et des Lichtenberg © en particulier, mais elle n’avait pas de vassaux. C’est ce que dit Jacob Twinger von Koenigshofen ©, qui qualifie Wilhelm von B. d’«einschiltigen ritter». L., qui n’était pas l’aîné des enfants de Wilhelm, entra dans les ordres. Moine de Neuwiller, dont l’abbé lui confia l’office de chambrier, il fut élu, en 1357, à la tête de l’abbaye de Gengenbach. Il ne se contenta pas de diriger ce monastère, mais devint collecteur de la Chambre apostolique pour les diocèses de Coire, Constance, Augsbourg, Bâle et Strasbourg. L’évêque de Strasbourg Johann von Lichtenberg © en fit son chapelain et il se peut qu’il l’ait mis en relation avec l’empereur Charles IV. L. eut ainsi la possibilité de faire valoir ses dons, son savoir et son habileté. Il fut remarqué par l’empereur aussi bien que par le pape. Le chapitre de Brixen le postula en 1363, mais à peine reconnu comme évêque élu de cette ville par le souverain pontife, le 14.2.1364, il fut transféré à Spire, dont il garda la direction près de sept ans. Il était déjà conseiller de Charles IV à cette époque ; il accompagna l’empereur à Rome en 1369. La qualité de ses services lui valut d’être transféré le 7.9.1371 à Strasbourg. Il y fut très mal accueilli par le chapitre où ne siégeaient que des comtes et des barons, auxquels déplaisait la nomination d’un évêque qui n’appartenait pas à la haute noblesse, mais dont les ancêtres, des ministériels, n’étaient pas libres. N’ayant pas de parenté puissante, il n’était pas en mesure de défendre son évêché. Il fut obligé, en effet, de céder Saint-Hippolyte au duc de Lorraine. Soutenu par l’empereur et par le pape, dont, prétend J. Twinger von Koenigshofen, il obtenait tout ce qu’il voulait, L. put se maintenir jusqu’en 1374 à Strasbourg. Les finances de l’évêché étaient en mauvais état, mais le prélat ménagea le clergé ; les charges qu’il fit peser sur ses sujets laïcs n’en furent que plus lourdes. Lorsqu’il quitta Strasbourg, les amis et les proches qu’il avait comblés de bienfaits et placés dans des postes importants, souffrirent de l’impopularité que leur protecteur n’avait pas pu surmonter. Contrairement à ce qu’il avait souhaité, L. ne réussit pas à garder l’administration du diocèse. Il dut guerroyer contre ses adversaires, le doyen Johann von Ochsenstein et l’écolâtre Georg von Veldenz, qui prétendaient tous les deux avoir été légitimement élus par le chapitre. Le pape leur donna tout à tous en nommant Friedrich von Blankenheim © le 22.9.1375. A Bamberg, L. gouverna son nouvel évêché d’une main ferme. Il s’efforça de rétablir la situation financière qui était désastreuse et publia des statuts synodaux pour raffermir la discipline du clergé. Il fit de son frère son vicaire général, et son neveu Johann, qui devait plus tard (1411-1440) devenir évêque de Wurtzbourg, obtint plusieurs canonicats, à Bamberg entre autres. L., que Charles IV chargea en 1376 de mettre fin à un soulèvement en Lombardie, conserva la confiance de Wenceslas lorsque celui-ci succéda, en 1378, à son père. En 1384, il négocia l’accord de Heidelberg entre les villes et les princes et remplit diverses missions politiques. Au printemps de 1398, il accompagna Wenceslas à Reims, où le roi des Romains et le roi Très Chrétien, Charles VI, examinèrent la situation créée par le Grand Schisme. Epuisé, L. demanda au pape de lui donner un coadjuteur, mais il mourut un an plus tard. Le jugement sévère dont J. Twinger von Koenigshofen s’est fait?l’écho doit être nuancé. Passons sur ses origines ; constatons seulement qu’elles ne favorisèrent sûrement pas sa carrière qui fut brillante. Le népotisme, que certains auteurs lui reprochent, faisait partie du comportement normal d’un dignitaire, surtout lorsque celui-ci devait compter avec l’hostilité de ses subordonnés. Il lui fallait s’entourer d’une équipe de collaborateurs dévoués. L. possédait certainement les qualités qui font le bon diplomate. Le dernier Alsacien sur le siège de Strasbourg avant Mgr Raess © (1840) n’était pas un personnage falot.

F. X. Remling, Geschichte der Bischöfe von Speyer, I, Mayence, 1852, p. 630-642 ; C. Eubel, Hierarchia catholica medii aevi, I, Münster, 1913-1914, p. 148, 273 ; E. von Guttenberg, Germania Sacra, Il Abtg., Das Bistum Bamberg, I-1, Berlin, 1937, p. 228-240 ; C. Hegel (hrsg.), Die Chroniken der oberrheinischen Städte. Strassburg, VIII, Fritsche Closeners Chronik, 1362. Chronik des Jacob Twinger von Koenigshofen, 1400-1415, Leipzig, 1870, p. 676-678, 683, 1061 ; Sitzmann I, 265 ; A. Wendehorst, Germania Sacra, NS I, Das Bistum Würzburg, Berlin, 1969, p. 142 ; EA II, 1983, p. 930 ; W. Haug, Die von Burne (à paraître).

Francis Rapp (1994)