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LABAND Paul

Juriste et homme politique, (I, puis Pl) (★ Wroclav, Pologne, 24.5.1838 † Strasbourg 23.3.1918).

Fils de Ludwig Laband, médecin, et de Johannette Schnitzler. Célibataire. Après des études à Wroclav, Berlin et Heidelberg, concrétisées par un doctorat en droit à l’âge de 20 ans, le jeune Laband a enseigné aux universités de Heidelberg (1861) et Koenigsberg (1864), avant d’être « appelé » à la Kaiser Wilhelm Universität de Strasbourg dès le 27 décembre 1871. Il y enseigna jusqu’à l’âge de 79 ans et en fut recteur (1880) ; chanoine de Saint-Thomas après sa conversion (1898) ; la même année, il fut intégré au conseil de surveillance du Conservatoire de Musique de Strasbourg. Au début de sa carrière universitaire, Laband avait été plutôt intéressé par le droit privé et l’histoire du droit lors des premières années de sa carrière universitaire, il avait notamment enseigné le droit commercial et publié un travail sur le Miroir de Souabe, recueil de droit coutumier applicable dans plusieurs territoires alsaciens d’Ancien Régime. Mais bientôt, il se consacra entièrement à la mise en forme scientifique du droit public de l’Empire bismarckien, le Reichsstaatsrecht. Laband prônait une logique juridique « pure », aboutissant à un droit sans référence aucune à des considérations historiques, politiques ou philosophiques. Il retrouvait ainsi les antécédents de Savigny ou de Puchta et se retrouve en Gerber et peu après en Kelsen, mais s’opposa à Gierke. L’innovation méthodologique juridique mise au point par Laband allait susciter un grand débat en Europe. Par delà de notables différences dans les appréciations et les conclusions, on en retrouvera aussi les éléments méthodologiques – voire la terminologie traduite mot à mot chez les plus éminents publicistes « positivistes » français, tel R. Carré de Malberg © (cf. la théorie des degrés correspondant à la Stufentheorie de Laband) ou Duguit. Les préoccupations théoriques n’ont guère empêché Laband de mener une intense activité de praticien-consultant, ni d’essayer de justifier la souveraineté politique allemande dans l’Alsace annexée en consacrant, dans son traité du droit public impérial, de nombreuses pages aux problèmes du Reichsland. Plus pratique encore fut son engagement en tant que membre du Staatsrat d’Alsace-Lorraine dès 1880, puis, en 1911, de la 1ere Chambre du Landrat. De son activité comme chanoine de Saint-Thomas, on retiendra qu’Albert Schweitzer © relata qu’il fut l’un de ses rares soutiens dans le combat mené – avec succès – pour sauver d’une irrémédiable destruction ce qui, en 1908, subsistait des orgues Silbermann de Saint-Thomas. Laband, le plus célèbre juriste « positiviste » allemand, était aussi le « grand homme » de l’Université. De son vivant, la municipalité avait donné son nom à un quai de l’Ill, actuellement quai Rouget-de-Lisle ; son jubilé, en 1908, fut l’occasion de grandes festivités et trois Festschriften lui furent dédiées pour l’occasion. Les universités de Fribourg en Brisgau et de Genève le firent docteur honoris causa ; l’empereur l’avait nommé wirklicher Geheimrat avec le titre d’Excellence, et il fut décoré de l’ordre de la Couronne royale de 1ère classe. Sa tombe (concession permanente) au cimetière de Cronenbourg est actuellement entretenue par les services municipaux. Laband a offert 10 000 Mark à la Ville de Strasbourg pour la fondation d’une bourse d’études.

Bibliographie de Laband dans Staatslexikon der Görresgesellschaft, 7e éd. L’œuvre essentielle de Laband, Das Staatsrecht des Deutschen Reiches, 1876-1882, 3 vol., a été rééditée cinq fois avant 1914 ; traduction française par Jeze, publiée de 1900 à 1904. Peut intéresser l’Alsace : Die Freiburger Schwabenspiegel, Ms, s. l. n. d., in-8 ; Rede, gehalten am 19. Juli 1909, Hansabund, Ortsgruppe Strassburg, Strasbourg. 1909, in-8. Autobiographie : Lebenserinnerungen, hrsg. von W. Bruck, 1918 (avec un beau portrait ).

Dossier aux Archives départementales du Bas-Rhin, AL 103/535. Souvenirs personnels et anecdotes savoureuses dans R. Redslob (qui avait été l’élève, l’assistant puis le collègue de Laband), Alma Mater, Strasbourg, 1958. Excellente étude en français : P. Gaudemet, « Paul Laband et la doctrine française de droit public », Revue de Droit public, 1989/4, p. 957-997. Ouvrage en allemand qui donne l’essentiel des nombreuses études récentes : Kleinheyer, Schröder, Deutsche Juristen aus fünf Jahrhunderten, 1976, p. 158 ; cf. aussi J. E. Craig, Scholarship and nation building. The Universities of Strasbourg and alsatian society, 1870-1939, Chicago-Londres, 1984.

Iconographie : trois portraits de Laband (1872, 1884, v. 1900) au Service iconographique de la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg. Laband a posé pour sept peintres : Richard Scholz (Berlin, 1883), L. Hornecker © (Paris), Götz (Berlin), Pauline Zajic (Berlin), Schell (Strasbourg) et Mlle Ewald (Strasbourg) ; ce dernier tableau a été acquis par le maire Schwander © pour le Musée de Strasbourg. Le buste de Laband qui devrait se trouver à Strasbourg (Palais universitaire ?), n’a pas encore pu être retrouvé.

† Marcel Thomann (1994)