Docteur en chimie, oenologue, professeur (★ Hrastnigg, près de Laibach, Styrie, Empire austro-hongrois, depuis 1918 Yougoslavie, 7.10.1862 † Hollern, près de Munich, Bavière, 9.12.1943).
Fils de Gustav-Adolf Kulisch (1831- 1895), directeur de mines, et de Auguste Wilhelmine Jahn (★ 1836 † Colmar 1907). ∞ 25.11.1890 à Halle, Saxe, Emma Marie Therese Nauwerck (★ 14.11.1871 † Hollern 6.3.1949) ; 3 enfants. En 1885, il fut assistant du Dr Muller-Thurgau à l’école de viticulture et d’arboriculture de Geisenheim, Hesse ; directeur de l’école en 1896 ; nommé professeur en 1899. De 1885 à 1899, il publia 33 ouvrages de théorie et de vulgarisation viticoles. Après la mort prématurée de Max Barth ©, Kulisch prit en 1900 la direction de la station impériale de recherches agronomiques, transférée de Rouffach à Colmar en 1899. Cet institut utilisait les bâtiments et surtout les caves voûtées de l’ancien couvent des Catherinettes, idéales à ses essais de vinification et de mise en bouteille. L’objectif premier de Kulisch était d’aider la viticulture alsacienne en lutte pour sa survie. Par l’exemple, par des écrits, des essais, des conférences sur le terrain, il prouva et fit passer dans les faits que le vin d’Alsace pouvait sans problème se mettre en bouteille et voyager au loin. Il prit fait et cause contre les lois vinicoles allemandes désastreuses de 1892 et 1901. Kulisch fut cofondateur de l’Association des viticulteurs d’Alsace le 3 décembre 1909. La bataille contre les vins artificiels, les falsifications diverses et multiples, était des plus dures. Il s’opposa souvent à Chrétien Oberlin © qui pensait (en pleine crise du phylloxéra) que la survie du vin d’Alsace passait par la création d’hybrides, « la vigne idéale », alors que Kulisch était convaincu qu’avec le greffage sur des porte-greffes américains, le vignoble alsacien avait une nouvelle chance, comme au Moyen Age, avec ses cépages de tradition séculaire. Cette période de 1900 à 1918 se caractérise par une activité infatigable : conférences de vulgarisation sur les maladies des vins et de la vigne, la technique de mise en bouteille, la lutte contre les insectes prédateurs de la vigne ; achat d’un filtre Seitz par la station de Colmar qu’il mit à la disposition des petits viticulteurs contre une participation minime. Les chercheurs de la station de Colmar réalisèrent des travaux appréciables dans la fumure et dans la lutte contre les maladies de la vigne. En œnologie l’activité fut intense ; Kulisch poursuivit des travaux pour l’amélioration de la vinification : régulation de l’acidité dans les vins, clarification, vinification pour la mise en bouteille, emploi rationnel du bi-sulfite de soude, sélection de levures…
Dans ce but, la station de Colmar collabora avec l’Institut Oberlin dont les raisins furent vinifiés à la cave des Catherinettes. Dans cette période où l’on produisait des boissons plus ou moins proches du vin à base de fruits ou de toutes autres matières fermentescibles, les chercheurs de la station de Colmar portèrent continuellement leurs efforts sur l’amélioration de la qualité des vins d’Alsace authentiques et conseillèrent la commercialisation en bouteilles. Ces travaux amenèrent Kulisch à participer activement à la rédaction de la loi d’Empire sur les vins, publiée en 1909, loi qui protégeait enfin les vins de qualité. Des champs d’essais de variétés végétales (pomme de terre, seigle, blé, orge avoine, maïs etc.), des essais de fumure sur les plantes de grande culture et d’assolement furent installés chaque année. Des visites de ces champs d’essais furent organisées régulièrement : la station de Colmar participa ainsi activement à la formation professionnelle des agriculteurs. Ces travaux d’intérêt agronomique amenèrent l’équipe de Kulisch à développer un travail de sélection des variétés locales de céréales à partir de 1904. Des souches sélectionnées se révélèrent avantageuses comme le blé d’Alsace 22, commercialisé dès 1909, ainsi que diverses souches d’orges de brasserie. Ces variétés constituaient, pour l’époque, un grand progrès sur les céréales du pays : en 1910, une Association pour l’amélioration des semences fut créée sous le contrôle de la station agronomique. Elle multiplia les semences de variétés sélectionnées par cette station. Les comptes rendus annuels de la station de recherche de Colmar de 1900 à 1918 sont un monument au labeur constant de Kulisch. Son expulsion le 8 décembre 1918 comme fonctionnaire prussien l’affecta beaucoup. Il retrouva son domaine agricole à Hollern (près de Munich) qu’il avait acheté en 1912. Sur ces terres sablonneuses et ingrates, il poursuivit des essais de production de semences en terrains pauvres. Il fut nommé le 1er mai 1921 recteur de l’Université de Weihenstephan (Bavière), qui était jalousée par l’Université de Munich ; il réussit contre vents et marées à la développer et à lui créer une image internationale. L’époque de Weihenstephan (1921-1935) nous a laissé 19 publications de haut niveau. Kulisch prit une retraite méritée le 31 mai 1933 et se retira au domaine de Hollern qu’il dirigea avec grande compétence jusqu’à sa mort. Les générations de viticulteurs alsaciens d’après 1918, une fois les batailles pro- et anti-hybrides réglées, purent profiter pleinement des enseignements pragmatiques et des vues prémonitoires de Kulisch.
Sur la vigne et le vin, il publia notamment : La pyrale à Vic et dans les banlieues environnantes, 1902 ; Anleitung zur sachgemassen Weinverbesserung einschliesslich der Vergärung der Weine, 2e éd., 1903 ; Die Einfuhr ausländischer Traubenmaischen nach Elsass-Lothringen, 1904; Elsass-Lothringen als Weinland, 1911; Die Erziehung der Weine zur Flaschenreife, 1911; Die Auslegung des Paragr. 3 des Weingesetzes vom 7. April 1909, 1912 ; Bekämpfung der Peronospora durch Bespritzung der Unterseite der Blätter, 1912 ; Ergebnisse der amtlichenn Weinstatistik. Berichtsjahr 1910-1911… Elsass-Lothringen, 1912 ; Moststatistische Untersuchungen… Elsass-Lothringen, 1912 ; Die 1912er Weine Elsass-Lothringens und ihre Behandlung, 1912 ; Die Anwendung der Entsäuerung auf die Weine des Jahres 1912, 1913 ; Beiträge zur Kenntnis der Malzweine und zu deren Beurteilung, 1913 ; Die Entsäuerung der Weine mit kohlensauerem Kalk, 1913 ; Können die jetzt im Handel befindlichen Mittel zur Bestäubung der Reben als Ersatz der Kupferbrühen und des Schwefels im Weinbau empfohlen werden ?, 1913 ; Trauben-, Obst- und Beerenweine, 1913 ; Ueber die Verwendung des sog. präzipitierten Schwefels zur Bekämpfung des Oïdiums, 1913 ; Ueber die Aufgaben des Weinbauinstituts Oberlin auf dem Gebiete der Kellerwirtschaft, 1913 ; Erhebungen zur Malzweinfrage, 1929 ; Der Weinbau im Elsass-Lothringen unter deutscher Verwaltung in der Zeit von 1871-1918.
Archives de la Station de recherches agronomiques, Colmar ; H. O. Diener, P. Kulisch, s.l.n.d. ; archives de F. E. Hugel, 1869-1950 ; Bayerisches Landwirtschaftliches Jahrbuch 51, 1974/6.
André Hugel (1994)