Manufacturier (★ Saint-Jean-des-Choux (Saint-Jean-Saverne) 3 fructidor an IX (21.8.1801) † Eckartswiller 22.8.1870).
Fils de Jacques Kuhn, cultivateur et d’Élisabeth Bührer. ∞ 29.4.1828 à Eckartswiller Catherine Gerber (★ Eckartswiller 30.3.1809) où il s’installa et exploita une forge dès 1828 ; 7 enfants. Sous l’inspiration de son fils aîné Joseph, et secondé au fur et à mesure que leur âge le permettait par ses trois autres fils Michel, Antoine et Jean Louis, il entreprit, en 1852, la fabrication de balances et de bascules. Ce fut le point de départ de l’industrie familiale. Les locaux à Eckartswiller devinrent très vite trop exigus. En 1855, Kuhn père se rendit propriétaire du moulin de Sainte-Barbe, à la Mittelbach, sur le ban d’Ottersthal. Il y construisit, à partir de 1861, une première unité de fabrication d’instruments de pesage (bascules décimales, bascules romaines, ponts-bascules, balances). Une scierie rejoignit bientôt cette usine. L’avènement du chemin de fer à Saverne en 1848 donna un essor à l’industrie et à l’agriculture. Kuhn et ses fils pressentirent alors l’évolution du machinisme agricole et décidèrent d’entreprendre la fabrication de ce matériel. Pour cela, ils acquirent de vastes terrains à Saverne, en bordure de la ligne de chemin de fer Strasbourg-Paris. En 1864 y apparurent les premiers ateliers de construction de machines agricoles, complétés bientôt par une fonderie. En 1867, Kuhn fonda, avec ses trois fils Michel, Antoine et Louis la société Kuhn Frères, qui exploita simultanément les ateliers de la Mittelbach à Ottersthal (balances) et les ateliers de Saverne (machines agricoles). À partir de 1869, ils s’associèrent avec leur beau-frère Jean-Jules -lphonse Vauconsant, sous la rai- son sociale Kuhn Frères et Vauconsant. Peu après Joseph Kuhn, son fils Michel décéda le 14 février 1871. À partir de cette date, ils seront secondés par leur beau-frère Antoine-Alfred Hoffmann. L’annexion de l’Alsace à l’Allemagne en 1871 poussa les frères Kuhn à fonder une filiale à Jarville (Meurthe-et-Moselle). L’associé Jean Jules Vauconsant y séjourna dès 1872. Joseph Kuhn fils en prit la direction, s’y installa en 1876, et suite aux difficultés franco-allemandes, en fit une entreprise autonome en 1880 sous le nom de J. Kuhn Fils. Son fils Joseph III Kuhn (? Eckartswiller 12.11.1856) ne tarda pas à assister son père et s’associa avec son beau-frère Ch. Fleischel. Dès 1882, l’entreprise prit la raison sociale Kuhn & Fleischel. Les deux fils restés à la Mittelbach et à Saverne, Antoine et Louis, poussèrent d’une façon intensive la fabrication sur les deux sites, jusqu’à l’incendie de 1896 qui ravagea les ateliers Sainte-Barbe à la Mittelbach. À compter de cette date, tous les ateliers furent regroupés à Saverne, qui devint dès lors le siège de l’entreprise, redevenue Kuhn Frères. On y trouva alors la fabrication de balances, de machines agricoles, la fonderie, la scierie et la menuiserie. Au décès d’Antoine en 1899, un accord intervint entre les sociétaires et Mme Antoine Kuhn, née Octavie Ober (? 1852 Reichshoffen † 2.4.1916 Saverne), et ses trois fils Robert (? 9.10.1875 Eckartswiller † 21.12.1947 Saverne), Victor (? 15.8.1876 Eckartswiller † 13.4.1915 Saverne) et Octave (? 6.10.1877 Eckartswiller † 24.6.1916 Saverne) devinrent les seuls propriétaires de l’entreprise. Louis, dernier fils survivant de Joseph Kuhn père, sera conseiller municipal de Saverne en 1886, puis conseiller général du canton en 1902. Il quitta Saverne pour Saint-Nicolas-de-Port en 1905 et décéda à Metz le 27 avril 1923. Robert et Victor assumeront conjointement la direction, jusqu’au décès prématuré de Victor en 1915. En 1916 décèdent leur mère et leur frère Octave. Robert fut seul aux commandes d’une entreprise qui se développa de façon très importante, avec entre autres des batteuses à moteur électrique à partir de 1921, dans un atelier nouvellement construit, puis de faucheuses et de faneuses à partir de 1928, également dans un nouveau bâtiment, tout en poursuivant l’activité des instruments de pesage. L’occupation allemande en 1940 conduisit à la cessation de l’activité de pesage. La fabrication de faneuses, de râteaux-faneurs et de batteuses pour l’économie allemande permit de sauvegarder l’outil de production et les emplois. Sortie indemne de la guerre, l’entreprise s’associa en 1946 avec la maison suisse Bucher-Guyer et devint Kuhn Frères & Cie. Au décès de Robert en 1947, les destinées de la société ont été confiées à Georges Ferber, ancien fondé de pouvoir, puis à Walter Reber, ancien directeur technique, à partir de 1952. L’entreprise n’aura de cesse de se développer, et malgré un incendie qui ravagea les deux-tiers de l’usine en 1965, elle devint le leader mondial des machines de fenaison.
Philippe Wiedenhoff (2006)