Famille colmarienne d’architectes, de géomètres et d’ingénieurs, dont le plus célèbre est Charles Frédéric © 5, fondateur du groupe industriel chimique Péchiney-Ugine-Kuhlmann.
1. Georges Chrétien,
géomètre et arpenteur juré, (Pl) (★ Colmar 9.8.1735 † Colmar 9 pluviôse an V
= 28.1.1797). Fils de Georges Chrétien Kuhlmann, maroquinier, et de Marie Cléophée Donner. ∞ | 14.4.1760 à Colmar Cléophée Spach, fille de Jean Georges Spach, chirurgien à Colmar. ∞ II 3.8.1772 à Colmar Marguerite Cléophée Doit, fille de Tobie Doit, fabricant de boutons à Colmar, et de Marguerite Cléophée Goll. L’ensemble de son œuvre connue se trouve aux Archives départementales du Haut-Rhin dans les séries C, E et L. Deux plans seulement sont antérieurs à la Révolution : 1788, Sundhoffen, E 230 et 1789, Niederhergheim, C 1296. Une cinquantaine de plans se trouvent dans la série L, période révolutionnaire ; ils concernent les environs de Colmar et la vallée de Munster. Trois plans sont signés « père et fils », c’est-à- dire aussi par 2.
2. Georges Chrétien,
géomètre et arpenteur juré, (Pl) (★ Colmar 2.4.1762 † Colmar 19.6.1811). Fils de 1 et de sa première épouse Cléophée Spach. ∞ 8 fructidor an III = 25.8.1795 à Colmar Marie Salomé Hochstetter, fille de Georges Hochstetter, receveur de l’hôpital civil, et de Marie Salomé Lung. Il a d’abord travaillé avec son père, puis apparaît sous le nom de « Ku?hlmann fils ». Apre?s l’entre?e en sce?ne, dans la profession, de son demi- fre?re © 3, il est appele? « Kuhlmann ai?ne? » (1800, an V). Son rayon d’action est plus e?tendu que celui de son pe?re. On le rencontre ainsi e?galement a? Rouffach, Kaysersberg, Fessenheim, Soultz, Wittenheim. Plus d’une cinquantaine de ses plans sont conserve?s. Par-dela? les plans ge?ome?triques ordinaires, ils concernent aussi des ba?timents : 1792, maison a? Guebwiller ; an II a? Riquewihr, cha?teau et de?pendances ; an V a? Herrlisheim, cha?teau.
3. Jean Benjamin,
architecte et ingénieur-géomètre, adjoint à l’ingénieur en chef du cadastre du département du Haut-Rhin, (Pl) (★ ? 19.3.1777 † Colmar 8.2.1858). Demi-frère de 2. ∞ 14.12.1812 à Mulhouse Chrischone Risler, fille de Jean Risler, pharmacien, et de Chrischone Zürcher. C’est par erreur, sans doute, qu’à Beblenheim, en 1847, il est appelé Jean Baptiste. Son activité est documentée depuis 1816 : Cernay, Ochsenfeld, plan. Il effectua des plans d’arpentage classiques : terres, forêts, alignements. On connaît également de lui des plans de construction : 1832, maison commune à Walbach ; 1836, cure, corps de garde et école à Wasserbourg ; 1837, école à Wickerschwihr. Son travail le plus important paraît avoir été l’agrandissement, en 1838, de l’église de Soultzbach-Ies-Bains (cf. H. Brommer, Soultzbach-Ies-Bains. L’église, Munich, 1987).
Pour les notices 1, 2 et 3, on consultera : V. Bacle, O. Maisse, Catalogue des documents figurés conservés aux Archives départementales du Haut-Rhin (cartes, plans, dessins d’architectes), Mémoire de maîtrise, Mulhouse, 1987 (manuscrit) ; Greve, Soiacco, Meyer et alii, Catalogue des cartes et plans de la période révolutionnaire conservés aux Archives départementales du Haut-Rhin (série L), Colmar, 1989.
4. Charles Théodore,
architecte, (Pl) (★ Colmar 24 brumaire an X = 15.11.1801 † pas à Colmar). Fils de 2. Il continua la carrière de ses aïeux et entra en 1821 à l’École nationale des Beaux-Arts de Paris. Il semble avoir été ultérieurement associé aux affaires de son frère © 5.
E.-A. Delaire, Les architectes élèves de l’Ecole nationale des Beaux-Arts de Paris, Paris, 1907.
† Louis Abel (1994)
5. Charles Frédéric,
chimiste, industriel, (Pl) (★ Colmar 22 prairial an XI = 22.5.1803 † Lille, Nord, 27.1.1881). Frère de 4. ∞ 1831 à Houplines, Nord, Romaine Charlotte Françoise Woussen, (C). Après ses études secondaires au collège de Colmar puis au lycée de Nancy, ainsi qu’un passage à la faculté des Sciences de Strasbourg, Kuhlmann devint l’assistant du célèbre chimiste Vauquelin à Paris. Il ne tarda pas à se faire remarquer pour ses recherches sur les matières tinctoriales, et publia en 1823 son premier mémoire sur l’analyse chimique de la garance. L’année suivante, le mathématicien Delezenne, qui avait créé à Lille un cours de physique public et gratuit, obtint de la municipalité la création d’une chaire de chimie, et la fit attribuer au jeune Kuhlmann. Ce dernier s’installa à Lille et prit ses fonctions en juin 1824. En dépit des nombreuses fonctions officielles acquises par la suite, Kuhlmann ne cessa son enseignement qu’au moment de la création de la faculté des Sciences de Lille en 1854. En 1825, il fonda en association avec les frères Descat, teinturiers, ainsi que son propre frère, l’architecte Théodore Kuhlmann © 4, une société en commandite pour la fabrication d’acide sulfurique. L’entreprise fut ouverte à Loos en juin 1826. Poursuivant ses recherches et ses expériences, Kuhlmann indiqua en 1833 à l’industrie sucrière le procédé de saturation et diverses améliorations. En 1838, il donna une théorie de la nitrification et découvrit la transformation de l’ammoniaque en acide nitrique. Le premier, Kuhlmann mit en évidence les effets des sels ammoniacaux sur la végétation et leurs rapports avec la fertilisation des terres, avec les conséquences dans le domaine agricole. D’une manière générale, ses études permirent de nombreux progrès dans la teinture, le blanchiment, le travail de la soude et de la potasse, la fabrication de l’acide sulfurique et des engrais artificiels. Tout en dirigeant personnellement et en développant ses établissements de Loos, devenus une grande entreprise chimique, Kuhlmann créa d’autres unités de fabrication : à Amiens dans la Somme, à La Madeleine et à Corbehem dans le Pas-de-Calais, à Saint-André dans le Nord, à Villefranque dans les Pyrénées-Atlantiques. Membre de la Chambre de Commerce de Lille dès 1832, à 29 ans, Kuhlmann en fut le président de 1840 à 1869. En 1851, il fut nommé membre correspondant de l’Institut, et présida dans les dernières années de sa vie le Congrès de l’Association française pour l’avancement des sciences, tenu à Lille. Il fonda dans cette ville une Société industrielle à l’exemple de celle de Mulhouse, et en fut le président. Membre du Conseil général du Nord, Kuhlmann fut appelé en 1869 à siéger au Conseil supérieur du commerce. Il fut également membre du jury des expositions universelles qui se sont tenues en France et à l’étranger à l’époque du Second Empire, et y fut à maintes reprises le rapporteur de sa section. Kuhlmann était commandeur de la Légion d’honneur, officier de l’Instruction publique et titulaire de nombreuses décorations étrangères. Parmi les successeurs de Kuhlmann, à la tête des établissements Kuhlmann, citons son fils Jules-Frédéric (1841-1881), et surtout son gendre Édouard Agache (1841-1923), l’un des plus grands industriels français de la période 1870-1918. À partir du début du XXe siècle, l’« empire » dont Kuhlmann avait jeté les bases ne cessa de s’agrandir, pour aboutir enfin au puissant groupe Péchiney-Ugine-Kuhlmann. Sans évoquer les nombreux honneurs posthumes rendus à Kuhlmann dans le Nord de la France, rappelons que son nom a été donné à une rue de Colmar en 1928.
Recherches scientifiques, Lille, 1877, 746 p. (recueil de 69 mémoires). Très nombreuses études parues dans les Annales de physique et de chimie, les Mémoires de la Société des sciences de Lille, le Bulletin de la Société d’encouragement, le Bulletin de la Société nationale d’agriculture, les Comptes rendus de l’Institut.
G. Dubar, Frédéric Kühlmann, Lille, 1881 ; Ch. Grad, Ch. F. Kühlmann, Colmar, 1887 ; Ch. Foltz, Souvenirs historiques du vieux Colmar, Colmar, 1887, p. 384-390 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910 I, p. 80-81 ; Établissements Kühlmann 1825-1925, Paris, 1926 ; G. Boutry, « L’ascendance du chimiste Frédéric Kuhlmann (1803-1881) », Bulletin du Cercle généalogique d’Alsace, 52, 1980, p. 163-175 ; Encyclopédie de l’Alsace, VIII, 1984, p. 4583.
Jean-Marie Schmitt (1994)