Conservateur des bibliothèques honoraire et bibliographe, (Pl) (★ Munster 26. 8. 1897 † Strasbourg 14.4.1975).
Fille de Hermann Schittler (★ Zurich, Suisse, 17.1.1868 † Schriesheim, Bade, 11.10.1919), électro-technicien, et de Marie Beck (★ Bouxwiller, 31.1.1868 † Strasbourg 23.4.1947). ∞ 8.3.1924 à Colmar Eugène Charles Kühlmann (★ Beblenheim 12.7.1898 † Strasbourg 27.9.1970), fils d’Eugène Kühlmann et d’Emma Marter, qui, après des études secondaires à Colmar, acquit le diplôme d’ingénieur à l’École polytechnique de Zurich, devint professeur à l’École nationale des ingénieurs de Strasbourg, dirigea pendant sa retraite un bureau d’ingénieur-conseil pour béton. Pas d’enfant survivant. Marie Kühlmann était de nature sportive et fut une des premières femmes à faire du ski dans les Hautes Vosges, sport qu’elle pratiqua encore pendant de longues années. Par ses études secondaires à Colmar, elle s’acquit une culture générale approfondie qui lui permit de réussir en 1921 comme première le concours pour les fonctions de bibliothécaire universitaire, qu’elle exerça d’abord à Lille de 1921 à 1923. Après un congé d’inactivité de trois ans et demi, pris à la suite de son mariage, et un court passage à la Bibliothèque universitaire d’Aix-en-Provence en 1927, Mme Kühlmann entra le 1er janvier 1928 à la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg, munie d’une licence de lettres et d’un diplôme de langue russe, et y passa le reste de sa carrière de bibliothécaire, puis de bibliothécaire en chef, enfin de conservateur (1951), jusqu’à sa retraite en 1962. Nature droite, disciplinée et sérieuse, mais au fond charitable, douée d’une force de travail peu commune et d’une conscience professionnelle des plus exigeantes, Mme Kühlmann ne reculait devant aucune tâche nouvelle et fut d’abord chargée à la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg de l’importante section des périodiques. Puis, par extension de ce service, l’administrateur de la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg,le Dr Ernest Wickersheimer © lui confia la rédaction de l’Inventaire des périodiques des bibliothèques de Strasbourg, dont l’établissement et la publication furent décidés par le conseil d’administration du 22 novembre 1928. Cette oeuvre monumentale, qui normalement eût été le travail de toute une équipe, fut menée à bien par Mme Kühlmann qui tenait à prospecter et collationner personnellement les revues, publications périodiques et collections se trouvant dans 134 institutions strasbourgeoises, et qui n’hésitait pas à travailler dans ces magasins mal ou non chauffés. Grâce à un ingénieux système, rigoureusement appliqué, tenant compte avant tout de l’intitulé des entités éditrices, avec renvoi à la localité où elles ont leur siège, ce répertoire permet de se retrouver dans les milliers de notices classées par ordre alphabétique et indique dans quelle bibliothèque ou institut elles se trouvent. Malgré les bouleversements et destructions survenues pendant la Seconde Guerre mondiale, ce gros Inventaire de XIV-1096 p. gr. in 4°, paru en 1937, communément appelé le « Kühlmann », rend encore d’inappréciables services et reste un précieux témoin de la vie intellectuelle strasbourgeoise d’hier et d’aujourd’hui. Durant la guerre, Mme Kühlmann fut déléguée du 25 août 1939 au 17 juin 1940 dans les fonctions d’administrateur pendant la mobilisation du Dr Wickersheimer, pour installer la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg à Clermont-Ferrand et superviser le transfert de toutes ses collections dans trois châteaux du Puy-de-Dôme. Elle fut efficacement aidée dans cette tâche par son mari mis à la disposition de la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg, qui avec le personnel de celle-ci assuma la préparation et l’exécution des transports. Lors de la rafle de la Gestapo du 25 novembre 1943 dirigée contre l’Université de Strasbourg repliée à Clermont-Ferrand, Mme Kühlmann fut arrêtée avec une partie de ses collègues et ne fut libérée que le 18 janvier 1944, ayant dépassé l’âge du service de travail obligatoire. En juillet 1945, elle ramena de Clermont-Ferrand à Strasbourg le restant de la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg, dont le bâtiment strasbourgeois avait été fortement endommagé par le bombardement de septembre 1944. Elle continua à assurer le service administratif, considérablement alourdi par le remplacement des pertes causées à certaines séries, par la reconstruction, la modernisation des services, l’accroissement du personnel, le nouveau plan comptable, l’éclatement des sections, etc. Aussi fut-elle de nouveau déléguée dans les fonctions d’adjointe de l’administrateur en décembre 1957 et avril 1959. Nommée en 1946 officier de l’Instruction publique et chevalier de la Légion d’honneur en 1949, elle prit sa retraite en septembre 1962, et aida encore son mari dans la gestion, puis la liquidation de son bureau d’ingénieur-conseil.
Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg, dossier personnel ; Inventaire des périodiques…, Strasbourg, 1937, Préface et Introduction ; H. Dubled, Histoire de la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg, Strasbourg, 1964, passim ; Notice nécrologique, Dernières Nouvelles d’Alsace du [17-18.]4.1975.
Jean Rott (1884)