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KRIEGER Michel

Artiste plasticien (★ Obernai 1944). Installé à Strasbourg depuis 1976, Michel Krieger a suivi des cours du soir à l’École des Arts Décoratifs de Strasbourg ; alors qu’il doit entreprendre le cycle normal de l’enseignement artistique, son accueil à l’école est jugé incompatible avec sa situation de personne handicapée en fauteuil. Il n’en a pas moins poursuivi sa formation picturale en autodidacte. Installé à Strasbourg depuis 1976, il a développé une peinture résolument figurative, d’une qualité picturale parfaite, parente de celle du groupe des artistes de la « nouvelle figuration », dite aussi « figuration narrative » ou « critique », qui se développe dans la France des années soixante-dix. Peinture d’images intenses et glacées, étranges et dérangeantes, envahies par les notions de vide, de monde déserté, d’espace occulté.

Dès 1975, Michel Krieger a participé à des expositions collectives, à l’Institut culturel français de Florence, à la FIAC à Paris, en 1979 et en 1980, à Strasbourg en 1980, 1981 et 1983, à la Foire Internationale d’Art Contemporain de Bâle de 1980 à 1985, à la foire de Bâle de 1980 à 1985, à Saverne (« Espace Rhénan ») en 1982, à « Sélest’Art » en 1985. Après une première exposition personnelle au Centre culturel français de Milan, en 1975, Michel Krieger s’est vu consacrer des expositions par le Goethe Institut de Lille (1976), la galerie « Les Idées et les Arts » de Strasbourg (1977), la galerie « Icare » de Strasbourg (1979), le musée d’art moderne de Strasbourg (1984), la galerie «AMC» de Mulhouse (1985), la galerie Zimmermann de Vieux-Brisach (1991) ainsi que, régulièrement, à peu près tous les deux ans, par la galerie Schindler de Berne et par des galeries suisses de Genève (1981) et Lucerne (1982). En 1987, il est intervenu à Berlin à la station « S-Bahn Savignyplatz » dans le cadre de la réalisation d’une fresque en compagnie de l’artiste berlinois Ben Wargin. Il a encore exposé à la galerie Hoffmann à Erlangen (1984), au Museum Haus Loëwenberg à Gengenbach (1989), dans les galeries d’art à Lahr (1988), à Karlsruhe (1990), à Vieux-Brisach (1991), il a exposé au Musée Nérima de Tokyo et au « Darumaya-Seibu » Fukui au Japon (1990 et 1991). Les œuvres de Michel Krieger sont présentes dans de nombreuses collections publiques et ont, en particulier, été acquises par le Fonds National d’Art Contemporain, par les FRAC des régions Rhônes-Alpes, Alsace et Lorraine, par le musée d’art moderne de Strasbourg, par le Parlement européen. Les peintures de Michel Krieger, vides de toute présence, parlent de l’homme sans jamais le figurer. « Le thème du corps […] n’est jamais visible ni matérialisé dans mon travail », explique l’artiste, « Il est suggéré par un entour matériel, une sorte de cocon que nous sécrétons comme une deuxième peau, comme une nouvelle limite de protection. […] Dans les sujets que j’aborde régulièrement, [on trouve] toujours ce décor récurrent de la banalité quotidienne, singularisé par l’absence de lignes obliques, avec une juxtaposition de plans successifs, l’absence du sol, avec de temps en temps le détail d’un élément figé ».

Sans jamais cesser de peindre, Michel Krieger fait passer pendant plus d’une dizaine d’années une action politique militante au même plan que ses recherches plastiques. En effet, élu de 1989 à 2001 conseiller municipal et communautaire de Strasbourg, sur la liste de Catherine Trautmann, il se préoccupe de la place de l’art dans la cité, et plus précisément de l’implantation d’œuvres d’art contemporain dans l’espace public. De 1991 à 2001, il accepte d’être en charge, auprès du maire de Strasbourg, de la « commande publique » période pendant laquelle il initie une méthode de réflexion originale sur l’art et la ville en présidant aux travaux des comités d’experts déterminant les choix artistiques mis en œuvre dans le cadre de la création du tram à Strasbourg. Alors qu’il est conseiller municipal, il imagine un projet littéraire et artistique, en 1999, à l’occasion du 50ème anniversaire du Conseil de l’Europe, intitulé « Écrire les frontières, le Pont de l’Europe » (40 auteurs, provenant des différents pays d’Europe, ont été invités à écrire leur vision de la frontière ; les textes dans leur langue d’origine ont été intégrés dans un dispositif lumineux de quarante bornes en aluminium brossé, créé par le designer allemand Andreas Brandolini, et qui jalonnent la traversée du pont de l’Europe reliant la France à l’Allemagne). Michel Krieger est également l’initiateur du « Jardin des deux rives », vaste jardin transfrontalier qui s’est développé autour du Rhin (un seul et même jardin commun aux deux villes voisines, Strasbourg et Kehl, formant un trait d’union entre France et Allemagne). Ce « Jardin des deux Rives », relié par la passerelle emblématique de l’architecte Marc Mimram, a été inauguré en 2004.

Chr. Bernard, Éloge de la platitude : H. Brandenburg, Vor verschlossenen Türen : M. de Brugerolle, Exosmose ; Fr. Ducros, Sans titre ; Siegmar Gassert, Lust und List der Wahnehmung ; Margarita Jonietz, Die Indifferenz der Räume ; G. Lascaut, Accès, obstacles, limites ; N. Lehni, Préface catalogue Exposition Musée d’Art Moderne de Strasbourg ; M. Lequenne, Le silencieux langage des choses ; A. A. Moles, Une peinture phénoménologique ; Michel Krieger, Un réalisme chargé de sens ; Cl. Rossignol, Du sensible à l’intelligible ; E. Schmitt, Attention, voie sans issue : M. Zerkout, La tempérance des modèles ; Th. Zeldin, Michel Krieger.

Nadine Lehni (2007)