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KREMP Louis

Fondateur des Sœurs de la Divine Providence de Ribeauvillé, (C) (★ Molsheim 23.8.1749 † Sélestat 2.1.1817).

Fils de Jean-Michel Kremp, serrurier, et de Madeleine Schutz. Il fréquenta l’école populaire, où l’enseignement se pratiquait en allemand par l’excellent maître d’école Ambroise Liebermann, de Siegolsheim. À 14 ans, il entra au collège des Jésuites, et y suivit, même après leur départ, la « ratio studiorum » en latin et en français. Il fut admis, en novembre 1769, au Grand Séminaire de Strasbourg, dirigé par le supérieur Antoine Jeanjean ©. Ordonné prêtre en 1774, il fut nommé vicaire dans sa ville natale. Il retrouva à Molsheim ses amis du séminaire : Moser, Liebermann et Hurstel, professeurs au collège devenu épiscopal. C’est avec eux qu’il réfléchit et pria, quand il s’agit de transformer l’humble entreprise de catéchèse et de formation féminine de la couturière Madeleine Ehrhard, en faveur de quelques petites filles démunies, en association de maîtresses d’école. Ils vinrent aussi pécuniairement à son secours, surtout son cousin François-Xavier Hurstel ©, qui mérite bien le nom de cofondateur. Le 22 février 1783, Madeleine Ehrhard et six de ses amies s’engagèrent pour une année scolaire dans l’association de l’abbé Kremp, par une promesse de fidélité, renouvelable chaque année. La future congrégation était née. Un bâtiment, style Renaissance, dans l’actuelle rue de l’École, fut mis par la municipalité à la disposition du fondateur comme première école pour les fillettes de Molsheim. Les débuts s’avérèrent très durs, et le départ de l’abbé Hurstel, en 1784, pour Stephansfeld, fut péniblement ressenti. Il emmena quelques « sœurs » pour s’occuper de l’Œuvre des enfants trouvés de laquelle le cardinal Rohan-Guéméné le chargeait en même temps que de la cure royale. En 1789, l’abbé Kremp fut envoyé lui-même à Stephansfeld comme aide-procureur. Il abandonna le « noviciat » de formation des maîtresses à Madeleine Ehrhard. C’est de Stephansfeld que partirent, en 1790, trois maîtresses pour Colmar. Le premier règlement pour les sœurs fut exigé par le prince-évêque de Bâle, Joseph Sigismond de Roggenbach, qui le signa en août 1790. La Constitution civile du clergé avait déjà été promulguée, le 12 juillet. L’abbé Kremp refusa le serment et tomba, en 1791, sous la menace de déportation. Arrêté et interné au Grand Séminaire, il fut libéré après plusieurs mois. La grande Terreur fit de lui le « vagabond de Dieu » traqué, chassé, caché dans les fermes et les forêts. Ayant également refusé le serment, les maîtresses durent fuir en Suisse ou en Bade. En 1794, cependant, l’abbé Kremp put déposer à l’évêché de Strasbourg son « projet de vie » pour les maîtresses d’école de l’Association. Il s’était largement inspiré du « projet » que Jean-Martin Moye avait composé pour ses sœurs lorraines de la Divine Providence. L’organisation des écoles était l’invention personnelle du fondateur alsacien. Mais Kremp dut reprendre, en 1795, le chemin de la forêt protectrice et se fit bûcheron à Wangenbourg, hôte clandestin de la famille Muller. « En 1800, l’abbé Kremp rentra en France », écrira Ignace Mertian. Sans doute était-il allé rejoindre à Renchen, Bade, Françoise Felber ©, exilée. La fondatrice, M. Ehrhard, étant décédée en 1794, c’est F. Felber qui entreprit avec l’abbé Kremp la reconstitution de l’institut. Nommé curé de Bindernheim, l’abbé transforma son presbytère en nouveau « noviciat » pour les maîtresses d’école. Il en fut le pasteur spirituel et le pédagogue. Les écoles se multiplièrent à travers l’Alsace, et les « sœurs » s’en allèrent jusqu’à Ferrette et Altkirch « à pied et avec six sous en poche ». Napoléon avait exigé l’élaboration de statuts, que Kremp rédigea avec F. Felber. Présentés en 1806 à l’empereur par l’entremise de Mgr Saurine, ils furent provisoirement autorisés par décret impérial du 17 octobre 1806, daté du palais de Berlin, adressé à « l’Association des Sœurs de la Doctrine Chrétienne de Strasbourg, connue autrefois sous le nom de Sœurs Vatelottes ou plutôt Sœurs de la Providence ». Cet embrouillement des dénominations est attribuable à l’évêque. L’autorisation définitive fut accordée le 10 mars 1807, du camp d’Osterode. L’évêque Saurine voulait à tout prix faire fusionner la fondation de l’abbé Kremp avec l’Institut des Sœurs de la Charité fondé par le cardinal de Rohan. Ce fut l’origine de longues discussions sur l’attribution d’une somme, allouée en 1802 en secours annuel et qui, suivant une lettre du ministre Portalis, datée du 18 avril 1810, devait enfin revenir sans objection à l’Association des Sœurs de la Divine Providence. Et l’on cessa de parler de fusion. Suivant les statuts de 1807, l’évêque, auquel était subordonnée l’Association, nomma l’abbé Kremp directeur général de l’institut. Il se fit assister par quatre directeurs-adjoints, dont l’abbé Munschina ©, à Sélestat. Après la promulgation de nouveaux statuts en 1812, le directeur général n’était plus que le conseiller spirituel. Napoléon avait transformé l’Association pieuse, séculière, en congrégation de personnes consacrées à l’œuvre de Dieu. L’abbé Kremp y contribua par le choix de la formule de vœux, émis la première fois le 1er janvier 1813. En 1815 seulement, l’abbé Kremp quitta sa cure de Bindernheim pour s’installer auprès de « ses filles » à Sélestat. Le préfet Lezay-Marnésia et le sous-préfet de Sélestat, Cunier ©, appréciaient et soutenaient son œuvre.

Archives de la maison-mère, Ribeauvillé ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 73-74 ; P. Lorson, Les sœurs de Ribeauvillé, Paris, 1948, p. 18 et s. ; Dictionnaire de spiritualité VIII, Paris, 1974, c. 1778-1779 ; M.-A. Schwach, Louis Kremp 1749-1817 : Un Inconnu au pays d’Alsace, Colmar, 1975 ; L’Alsace des 21.1. et 13.10.1988 : Encyclopédie de l’Alsace, VIII, 1984, p. 4571 ; Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, L’Alsace, sous la dir. de B. Vogler, Paris, 1987, p. 247-249; Dictionnaire de biographie française, XVIII, 1993, c. 1272-1273.

Sœur Lucie Kittel (1994)